Vélo é filo i marsh ansanm

15 février 2008, par Roger Orlu

L’usage du vélo pour se déplacer est aussi une bonne occasion pour philosopher. C’est un moment propice pour réfléchir, se poser des questions sur le sens de ce que l’on vit et que l’on voit. En pédalant, on a tout le temps qu’il faut pour imaginer des solutions aux problèmes qui nous tracassent et pour trouver les voies de la sagesse. À condition de toujours rester prudent et de garder un œil sur son rétro, car à vélo, le danger - si danger il y a - vient le plus souvent de l’arrière.
Serait-ce parce que les déplacements à vélo favorisent la réflexion qu’ils ne sont pas encouragés par les maîtres du système capitaliste et leurs médias ? Ce système, en effet, n’aime pas trop que les humains pensent ; pour augmenter les profits des possédants, il a besoin que les citoyens consomment toujours plus et n’importe quoi, en réfléchissant le moins possible.

« 0 litre aux 100 »

Pou sa mèm, mi di a zot : vélo é filo i marsh ansanm. Cela est tellement clair et net que sur internet, il existe un site vélo-philo réunissant ces deux outils, qui peuvent contribuer à changer le monde (1).
On y trouve plein de belles réflexions et images, comme celle du grand savant et penseur Albert Einstein (1879 -1955) en train de faire du vélo. Une photo accompagnée de cette pensée de l’inventeur de la théorie de la relativité : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ».
Et la personne qui gère ce site ajoute : « pour se régaler sur un vélo, il n’est pas indispensable d’avoir une grosse tête. (...) Rien de tel qu’un vélo pour s’aventurer en dehors des sentiers battus, tout en restant mobile ! Connaissez-vous un autre moyen de transport, aussi propre et économe (0 litre aux 100), vous mettant en forme et de bonne humeur !!?? ».

“Zorèyland”

Bonne humeur ? Ce n’était pas trop le cas, l’autre jour, lors d’une balade à vélo avec des amis dans l’Ouest, un endroit que des Réunionnais appellent “Zorèyland”.
Je suis frappé, choqué, par le nombre toujours plus grand de 4x4 qui nous doublent et nous croisent sur la route, en nous projetant dans les narines leur nuage de fumée puante et cancérigène. À quoi servent ces chars d’assaut de luxe ? À rassurer leurs propriétaires argentés, intoxiqués par la propagande médiatique sur l’augmentation présumée de l’insécurité ?
La volonté de se protéger contre la délinquance est également l’obsession croissante qui amène de plus en plus de personnes à habiter dans des résidences qui ressemblent à des châteaux forts, armés de murailles, de barbelés et de codes secrets pour ouvrir le “baro”. Ce genre de construction se voit de plus en plus sur le bord des routes, comme les 4x4.
Mais quel sens cela a-t-il ? Est-ce ainsi que l’on construit une cohésion sociale, un vivre ensemble harmonieux et solidaire ?
Il faudra encore pédaler beaucoup ensemble pour diminuer les multiples replis sur soi. Et pédaler encore plus pour s’attaquer aux causes et trouver les bonnes solutions. Alors, allons philosopher à bicyclette...!

Roger Orlu

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(1) voir le site : http://khayyami.free.fr/francais/philo/velo_philo.htm


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