Guerre en Irak, Washington sous pression

Wikileaks dénonce le gouvernement américain

26 octobre 2010, par Céline Tabou

Site de ressource et d’analyse politique et sociétale, et spécialiste de la publication de documents confidentiels, Wikileaks a de nouveau publié des rapports sur la guerre en Irak.

Les documents révèlent, preuves à l’appui, un nombre élevé de morts civils à la suite de tirs d’hélicoptères de l’armée américaine, d’embuscades ou d’incidents lors de passages à des postes de contrôle.

Trois mois après la mise en ligne de 77.000 documents secrets sur la guerre en Afghanistan, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, a de nouveau publié 391.832 rapports sur cette guerre. Examinés par le “New York Times”, “Le Monde”, le quotidien allemand “Der Spiegel” ou le “Guardian”, les documents détaillent au jour le jour les actions des services secrets de l’armée, et indiquent qu’il y aurait eu 109.032 morts, dont 60% sont des civils, entre janvier 2004 et décembre 2009.

Les documents dévoilent que les forces de la sécurité irakienne et les forces de la coalition auraient également torturé des prisonniers (près de 300 cas répertoriés), que l’armée américaine aurait utilisé des sociétés de sécurité privées et que l’Iran aurait soutenu les milices chiites pendant toute la durée du conflit.

Déstabiliser l’Irak

Du côté du gouvernement irakien, le doute persiste sur les intentions de Julian Assange. Les partisans du Premier ministre Nouri al-Maliki sont convaincus que la publication par Wikileaks de documents secrets américains vise à déstabiliser l’actuel chef du gouvernement. Celui-ci tente de se maintenir au pouvoir pour un second mandat, et pointe du doigt à travers le journal “Al-Bayane”, proche du pouvoir, « le moment choisi pour leur diffusion (qui) reflète des motivations politiques ».

« Il s’agit d’une campagne médiatique contre l’État et le processus politique mené par plusieurs groupes comme les baassistes, des forces régionales, et certains qui ont été lésés par la nouvelle donne politique » depuis 2003, a affirmé à l’AFP le député Hassan al-Sinaïd, un proche du Premier ministre.

Washington sous pression

Face au peu de réactions de l’Administration américaine, Manfred Nowak, le rapporteur spécial de l’ONU, a déploré sur la chaîne BBC que les États-Unis n’aient pas lancé d’enquêtes sur les allégations de tortures. Suivi par des organisations humanitaires comme Human Rights Watch et Amnesty International, celles-ci ont également réclamé l’ouverture d’enquêtes. A quelques jours des élections de mi-mandat, le gouvernement Obama doit faire face à une crise, que son prédécesseur a tenté durant ces deux mandats de minimiser, voir cacher.

Deux jours après les révélations, le Conseil de coopération du Golfe (CCG, qui regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït) a appelé Washington, lundi 25 octobre, à enquêter sur d’éventuels « crimes contre l’humanité » en Irak. « Les États-Unis sont appelés à ouvrir une enquête sérieuse et en toute transparence sur les informations contenues dans ces documents publiés sur des crimes contre l’humanité », a souligné Abdel Rahmane ben Hamad Al-Attiya, secrétaire général du groupement régional.

Ce dernier a affirmé, dans un communiqué cité par les médias du Golfe, que les États-Unis étaient « responsables des abus et des crimes commis par leurs troupes en Irak », selon la loi internationale.

Céline Tabou


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