Athlétisme

Yohan Diniz rattrapé par l’enjeu

23 août 2008

Enorme chance de médaille voire de titre olympique sur le 50 km marche, Yohann Diniz a abandonné aux deux tiers de la course. Officiellement sur blessure. Officieusement en raison d’un état de stress qui a finalement eu raison de son corps et de sa tête.

Nouvelle désillusion pour le camp tricolore après l’abandon de Yohann Diniz, postulant à l’or olympique sur le 50 km marche. Bien calé jusqu’au 5e km dans le sillage de celui qui allait devenir quelques heures plus tard champion olympique, à savoir l’Italien Alex Schwazer, le Rémois a très vite lâché prise. Longtemps cinquième en embuscade derrière un groupe de quatre échappés, Diniz jetait finalement l’éponge vers le 33e kilomètre. Raison officielle : mal de ventre et pointe de contracture au niveau des ischio-jambiers de la jambe gauche
« J’ai souffert de la chaleur, mentalement et physiquement », expliquait le vice-champion du monde de la distance. « Jusqu’au 27e km, j’ai contrôlé même si le rythme de tête était un peu fou et que j’avais mal au ventre depuis le 10e kilomètre. Je pensais pouvoir récupérer les hommes partis devant. Mais d’un coup, j’ai au mal aux ischios. Ça, plus le coup de chaud que je prends, ça a été de trop. Un mauvais enchaînement de choses négatives. Dans la tête et dans le corps, j’ai craqué. J’avais mal partout. Je suis déçu car je n’ai pas répondu présent même si j’ai tout donné. J’étais pourtant prêt. Je n’ai rien à me reprocher au niveau de ma préparation. Je n’ai pas l’impression d’avoir commis d’erreurs. C’est un jour sans. Je reviendrai. »
« La pathologie du stress »
Mais très vite, Denis Langlois, entraîneur national de la marche tricolore, avançait d’autres arguments. « Même s’il a certainement de vrais maux, quand la douleur surpasse la tête alors que le mental est sa grande force, c’est qu’il y a un problème. Ce mal de ventre, c’est la pathologie même du stress. Depuis trois jours, la pression l’avait rattrapé et le doute s’était installé peu à peu. Les Jeux Olympiques, c’est hors normes. On est impuissant face à ça. Et quand on est sur le fil du rasoir, on chope inconsciemment toutes les merdes, comme ce mal de ventre. »
A y regarder de plus près, les résultats médiocres de l’équipe de France d’athlétisme y seraient en partie pour quelque chose. « Je pense qu’au village olympique, il avait les oreilles un peu trop ouvertes sur l’équipe de France. Il a suffi qu’il entende trop de choses négatives pour laisser partir sa motivation et être emporté par les doutes. Il n’a certainement pas dû être suffisamment hermétique. D’ordinaire, il est capable de surmonter tout ça et de rebondir. Là, il y a eu comme une espèce de relâchement. Nous, entraîneurs, n’avons certainement pas dû être suffisamment vigilants. »
Avec une seule médaille glanée par l’inattendu Mahiedine Mekhissi-Benabbad sur 3000 m steeple, le compteur de l’athlétisme français devrait rester bloqué à une seule breloque à l’issue de ces Jeux. Un bien maigre butin, à moins que Romain Barras au décathlon, Jérôme Clavier à la perche, les relayeurs du 4x400 m ou Simon Munyutu sur le marathon ne réussissent l’improbable exploit de se hisser sur le podium.

Pékin 2008

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus