Palestine

40.000 Bédouins face à la colonisation

7 août 2013

Depuis la Nakba, nombreux sont les plans qui visent les gens du Néguev. Leurs noms changent, mais leur but reste le même ; ce n’est que récemment que ces projets ont pris corps sous la forme du plan Prawer qui menace d’expulser près de 40.000 Bédouins et de confisquer leurs terres.

En 2003, lors d’une réunion du "comité ministériel israélien sur les questions juives", Ariel Sharon frappant de son poing la table avait déclaré avec insistance : « Nous sommes en train de perdre les terres que nous n’occupons pas ». Suite à cela, le comité a commencé l’application des ordres de démolition des « constructions sans permis », et cette campagne s’est concentrée sur 3 régions : la Galilée, le Triangle et le Néguev. Une année plus tard, Israël a annoncé le lancement du projet "développement du Néguev" qui a pris récemment la forme du Plan Prawer-Begi, ratifié par le gouvernement israélien en 2011.
Au sud de la Palestine, se trouve une région désertique abandonnée et oubliée des Arabes, elle constitue près de 50% des terres palestiniennes historiques et 60% de la surface de l’état de l’occupation. Près de 300.000 Palestiniens rescapés de la Nakba peuplent cette région, ils constituent le tiers de la population palestinienne à l’intérieur de la ligne verte.
Le Néguev, une région importante sur le plan stratégique et des ressources naturelles, fait face aujourd’hui au plus grand plan de colonisation pour expulser ses habitants enracinés dans cette région depuis le Vème siècle avant Jésus-Christ.
Il n’est pas exagéré de considérer le plan Prawer comme le plus grand danger qu’affrontent les Palestiniens face à l’occupant depuis la Nakba de 1948. En 2005, Israël a commencé par instaurer le plan sous le nom séducteur et trompeur de "plan de développement du Néguev", en y consacrant environ 2 milliards de dollars.
Il s’agit de placer le plus grand nombre de ces Palestiniens dans des zones urbaines d’urgence, hybrides, sur une surface des plus réduites. En contrepartie, un petit nombre de colons sera placé dans des surfaces géographiques plus grandes, en prévision de la militarisation du Néguev.
Le plan de colonisation consiste en la réalisation d’une série de lois et de programmes israéliens visant les habitants du Néguev après la Nakba, à commencer par la loi du "présent absent" (1951) et en passant par la loi de l’urbanisme et de la construction (1965), pour aboutir à la "loi d’expulsion des occupants" (2004). Il s’agit de la loi la plus extrême de l’occupation israélienne puisqu’elle considère les Bédouins du Néguev comme des « occupants » à expulser alors qu’ils se trouvent sur leurs propres terres et ce, depuis bien avant la création de l’État israélien.
Le danger du plan Prawer ne concerne pas uniquement le problème du transfert des populations par la force. Il cache une très grave volonté de déformation et de destruction d’une civilisation que nous pouvons discerner déjà dans les propos de Moshé Dayan : « il faut faire des Bédouins des travailleurs dans l’industrie, les services et la construction ; 88% des habitants d’Israël ne sont pas agriculteurs, et les Bédouins en feront partie. Ce changement ne sera pas facile, il signifie que le Bédouin ne vivra plus sur sa terre ni avec ses troupeaux, il se transformera en un citadin qui rentrera chez lui le soir, ses enfants s’habitueront à un père qui mettra le pantalon et ne portera plus le poignard traditionnel et qui ne s’épouillera pas publiquement. Ce sera une révolution pour laquelle, il faudra 2 générations, alors le mode de vie bédouin disparaîtra ».
La plus grande centrale nucléaire du Moyen-Orient se trouve dans le Néguev, et sous son sable se cache une incroyable richesse naturelle que ne révèle pas Israël. Mais sous ce même sable sont plantés les piquets et les piliers des tentes de l’homme bédouin, qui fatigué de voyager a choisi le désert pour patrie éternelle.
En parallèle, les villes nouvelles construites par Israël pour « moderniser » le Bédouin n’ont rien de comparable avec les villes israéliennes voisines. Ce sont les villes les plus marginalisées et les plus pauvres au sein de « l’unique démocratie du Moyen-Orient ».
Il n’y a presque rien de ce qui fait l’ordinaire des villes telles que les bibliothèques municipales, les services de la poste, les banques. Le plus grave est que les structures économiques qui permettent aux habitants d’améliorer leur qualité de vie et d’atteindre une espèce d’autonomie n’existent pas. Imane Asana qui habite la ville de Rahat, le plus grand groupement urbain des villages reconnus, s’appuie sur les statistiques pour nous expliquer la situation. Selon elle : « dans la ville de Rahat où le nombre d’habitants atteint 60.000 personnes, 60% d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté, 50% sont mineurs, il n’existe pas de marché de l’emploi pour les jeunes en âge de travailler ». Elle ajoute en parlant de la « paix sociale et économique » qui permet à Israël d’évaluer les différentes zones de résidence selon un plan raciste : « Rahat a été évaluée à 2 sur 10 pour la première fois alors qu’elle obtenait toujours 1 sur 10 ; en parallèle, la colonie de Lehavim ou encore la localité d’Omer plus proche de Rahat a obtenu 10 sur 10 bien qu’elle ne soit habitée que par un millier de personnes ».


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