Trois ans après le Printemps arabe, vers une nouvelle Constitution

53 millions d’Égyptiens appelés aux urnes

16 janvier 2014

Les Égyptiens ont été appelés, mardi 14 et mercredi 15 janvier, à voter pour ou contre la nouvelle Constitution, écrite par une cinquantaine de personnalités. Ce référendum sera un test pour l’armée et son chef, Abdelfattah al-Sissi, qui a destitué le président Mohamed Morsi.

Le Caire, 15 millions d’habitants, est la plus grande ville d’Afrique et du Moyen Orient. Etant donné l’importance de la population de l’Egypte, son avenir influera sur toute cette région.

Six mois après la destitution par l’armée du président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, le pays est confronté à une violente contestation des milieux islamistes. La nouvelle Constitution a été rédigé par une cinquantaine de personnalités sensées représenter la société égyptienne. C’est la différence avec la Constitution actuelle, élaborée sous la présidence des Frères musulmans par une assemblée constituante principalement composée d’islamistes.

L’armée, toute puissante

Le texte possède quelques avancées libérales par rapport au précédent, notamment avec l’égalité entre les hommes et les femmes inscrite clairement dans la Constitution. De plus, pour la première fois, il est fait mention certaines conventions internationales en matière de droits de l’Homme. Conséquence, la torture y est désormais criminalisée.

En dépit de ces changements, la charia (loi islamique) reste la principale source du droit dans le pays. Cependant, le texte interdit les partis politiques fondés sur des « bases religieuses », une mesure contre les Frères musulmans. Selon l’Agence France Presse, le budget de l’armée est opaque et géré indépendamment. Le budget est alors hors du contrôle du Parlement, donnant au Conseil suprême des forces armées tous les pouvoirs pour nommer le ministre de la Défense au cours des deux prochains mandats présidentiels. Les tribunaux militaires pourront juger des civils.

Abdelfattah al-Sissi est considéré comme un sauveur par ses partisans, qui le voient comme la seule personne capable de stabiliser le pays. Interrogé par l’AFP, le 11 janvier sur la présidentielle, Abdelfattah al-Sissi a expliqué que « l’Égypte est au seuil d’une étape décisive de son histoire, dont le résultat est attendu par le monde entier. Si je suis candidat, il faut que ça soit à la demande du peuple et avec un mandat de l’armée. Nous sommes en démocratie. » D’après les observateurs cités par l’AFP, le chef de l’armée ne se présentera qu’en cas de haut score pour le « oui » au référendum.

« Oui » visible, « non » invisible

Depuis le mois de décembre, des affiches vertes pour le « oui » sont collées dans l’ensemble des villes du pays et notamment sur la place Tahrir du Caire. Tandis que la campagne du « non » est « quasiment invisible », a constaté l’AFP. Campagne menée par les Frères musulmans, ces derniers sont très critiques vis-à-vis du texte rédigé par le nouveau pouvoir.

La confrérie est toujours muselée, après avoir remporté massivement les deux premiers scrutins libres de l’histoire de l’Égypte, lors des législatives de 2012, puis la présidentielle de 2013. La confrérie des Frères Musulmans a été interdite et placée sur la liste des organisations terroristes par le pouvoir, fin décembre 2013.

Selon Roland Lombardi, doctorant à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) de l’université Aix-Marseille, sur 20minutes, la situation des Frères Musulmans est une « purge (qui, ndlr) va continuer, entraînant un risque de radicalisation de certains membres des Frères musulmans, mais qui devraient vite être marginalisés. Il n’y aura pas de soulèvement généralisé. S’il y a des attentats, ce sera sporadique ».

La tension reste intense dans le pays. Une bombe « de faible puissance », selon un général de la police cité par l’AFP, a endommagé la façade d’un tribunal où se tenait un bureau de vote, dans un quartier populaire du sud-ouest du Caire. Devant un bureau de vote installé dans une école du centre du Caire, soldats et policiers étaient déployés. Ils sont 160.000 soldats et 200.000 policiers à assurer la sécurité du scrutin. Certaines organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé « un scrutin organisé dans un climat de peur et de répression de toute opposition ».

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