Une lettre accuse les États-Unis de complicité dans l’assassinat de journalistes par Israël

113 journalistes demandent aux États-Unis d’imposer un embargo sur les armes à Israël

20 août 2024

Plus de 100 journalistes ont envoyé une lettre au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, pour demander à l’administration Joe Biden d’imposer un embargo sur les armes à Israël, suite à la poursuite des attaques contre les reporters palestiniens à Gaza.

La lettre a été signée par 113 journalistes, 7 organisations de défense de la liberté de la presse et 20 organes de presse. Elle accuse les États-Unis de se rendre complices des actions d’Israël en raison de leur soutien indéfectible à Tel-Aviv.

"Depuis le 7 octobre 2023, Israël a tué plus de 160 journalistes palestiniens. Il s’agit du plus grand nombre de journalistes tués dans une guerre". "Alors que les bombardements indiscriminés d’Israël sur la zone densément peuplée de Gaza signifient qu’aucun civil n’est à l’abri, Israël a également (...) documenté à plusieurs reprises le ciblage délibéré de journalistes" ont écrit ces journalistes.

"Les actions militaires d’Israël ne sont pas possibles sans les armes, l’aide militaire et le soutien diplomatique des États-Unis. En fournissant les armes utilisées pour tuer délibérément des journalistes, vous vous rendez complice de l’un des plus graves affronts à la liberté de la presse aujourd’hui", ont ils souligné.

La lettre a aussi accusé Tel-Aviv de supprimer la couverture médiatique de ses actions à Gaza. Cela comprend des coupures d’Internet, une censure militaire imposée aux journalistes nationaux et internationaux, l’interdiction pour les reporters étrangers d’entrer à Gaza et l’interdiction d’Al Jazeera dans le pays sous le prétexte de la sécurité nationale.

"Le ciblage délibéré des journalistes par Israël s’inscrit dans une tendance de longue date du gouvernement israélien à supprimer les informations véridiques sur la façon dont il traite les Palestiniens et sur la guerre qu’il mène à Gaza", peut-on lire dans la lettre.

L’appel souligne la gravité des actions d’Israël à l’encontre des journalistes, qui ont été largement documentées bien avant le début du conflit actuel, le 7 octobre.

169 journalistes tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023

"Le nombre de journalistes tués s’est élevé à 169 journalistes, hommes et femmes, depuis le début de la guerre génocidaire contre Gaza, après le meurtre de notre collègue Ibrahim Marwan Mouhareb", a indiqué ce 19 août le bureau des médias du gouvernement dans la bande de Gaza.

Reporters sans frontières (RSF) a aussi dénoncé le ciblage des journalistes et réitère son appel urgent à la protection des journalistes à Gaza. Un journaliste indépendant a été tué et une autre blessée le 18 août par les tirs d’un char israélien qui a visé un groupe de journalistes identifiables, selon des témoins et des images vidéo recueillis par RSF.

Ibrahim Muhareb (26 ans) et Salma al-Qaddoumi faisaient partie d’un groupe de journalistes qui se rendaient à Khan Younès le 18 août pour couvrir le retrait des forces israéliennes du village situé au centre de Gaza.

"Ibrahim Muhareb est le dernier journaliste en date à avoir été tué pour avoir voulu exercer son métier à Gaza. Des vidéos et des témoignages indiquent que le groupe de reporters dont il faisait partie était isolé et identifiable lorsqu’un char israélien a ouvert le feu. Ces informations indiquent que la presse a été prise pour cible. RSF dénonce ces attaques récurrentes de l’armée israélienne contre les journalistes. La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour que cesse ce carnage et il est également primordial de mettre un terme à l’impunité de ces crimes. RSF déposera une nouvelle plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis contre des journalistes", a déclaré Jonathan Dagher, Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF.

Ibrahim Muhareb, était un journaliste indépendant de Gaza pour le site d’information en ligne palestinien PDN. Dans un communiqué, la rédaction a indiqué que "tous ses employés ont pleuré ce lundi matin (19 août) son collègue journaliste martyr Ibrahim Muhareb, tombé en martyr hier après que l’artillerie de l’occupation israélienne a tiré un obus sur lui et sur un certain nombre de collègues journalistes, ce qui a conduit à son martyre et la blessure d’autrui".

S’en prendre à des journalistes constitue un crime de guerre

L’appel souligne que le fait de s’en prendre à des journalistes constitue un crime de guerre au regard du droit international. Il note également que la législation américaine interdit d’aider les forces étrangères impliquées dans des violations des droits de l’homme.

De plus, le bilan d’Israël en matière d’exécutions extrajudiciaires de journalistes constitue une violation manifeste de cette interdiction. Cet appel est le dernier d’une série d’appels à l’action largement ignorés.

En avril, plus de deux douzaines de journalistes palestiniens ont exhorté les journalistes américains à boycotter le dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche.

Trois mois plus tard, plus de 60 organisations ont demandé aux autorités israéliennes d’autoriser l’accès libre et sans restriction des médias à Gaza, en invoquant la "charge déraisonnable et insoutenable" imposée aux journalistes locaux pour documenter les événements.

Cette lettre coïncide avec un rapport de la Fédération internationale des journalistes révélant que les reporters qui couvrent le conflit meurent à un rythme nettement plus élevé que les autres professions. Le rapport indique que plus de 12 pour cent des journalistes de Gaza ont été tués, suggérant que le taux de mortalité “anormalement élevé” indique que les travailleurs des médias sont délibérément ciblés par l’armée israélienne.


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