Handicap International s’alarme du risque d’épidémie imminente de polio à Gaza et au-delà

23 août 2024, par Rédaction Témoignages

Le ministère de la santé a confirmé le premier cas de polio chez un enfant de 10 mois à Gaza le 16 août 2024, et l’Organisation mondiale de la santé a trouvé des traces de polio dans les eaux usées. Si toute personne non vaccinée peut contracter et propager la maladie, la polio touche principalement les enfants de moins de cinq ans.

Handicap International est particulièrement inquiète de la situation des enfants gazaouis : en effet, les risques d’épidémie sur place sont considérables en raison de la destruction et du manque d’eau et d’installations sanitaires, des eaux usées à l’air libre, de la surpopulation, des déplacements, de la destruction et du manque d’accès aux soins de santé.

Risque d’épidémie de polio imminent à Gaza

La polio touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Cependant, toute personne non vaccinée, quel que soit son âge, peut contracter et propager la maladie. Il n’y a pas de remède, on ne peut que prévenir la maladie.

La polio envahit le système nerveux et peut provoquer une paralysie totale en quelques heures. Les risques d’épidémie à Gaza sont considérables en raison de la destruction et du manque d’eau et d’installations sanitaires, des eaux usées à l’air libre, de la surpopulation, des déplacements, de la destruction et du manque d’accès aux soins de santé.

Un risque que les enfants de Gaza ne peuvent pas se permettre

  • Au moins 50 000 enfants sont nés à Gaza depuis l’escalade du conflit et il est probable qu’ils n’aient reçu aucune vaccination.
  • Un enfant non vacciné sur 200 qui est infecté souffrira d’une paralysie irréversible et nécessitera des soins à vie. Pour certains, les muscles qu’ils utilisent pour respirer seront paralysés et ils mourront.
  • La réapparition de la poliomyélite à Gaza est le résultat de la paralysie du secteur de la santé, de la destruction systématique par Israël des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, aggravée par les restrictions imposées aux réparations et à l’accès aux approvisionnements, et de la présence de munitions non explosées à l’intérieur et autour d’infrastructures clés.

Nous nous attendons à ce que les enfants de Gaza soient plus sensibles à l’infection par le poliovirus en raison des niveaux élevés de malnutrition, de la destruction du système de soins de santé, de la destruction des systèmes de lavage et d’assainissement, des multiples déplacements et du stress toxique. Pour les enfants, le stress de cette épidémie, qui s’ajoute à tout ce qu’ils ont déjà vécu, ne manquera pas d’exacerber les troubles mentaux existants.

La polio : une menace pour les enfants du monde entier

La polio était sur le point d’être éradiquée dans le monde entier et avait été éradiquée à Gaza il y a deux décennies. Les épidémies de polio sont très difficiles à contenir, car les personnes vaccinées (enfants et adultes) peuvent toujours être infectées et propager la maladie sans présenter de symptômes. Si aucune mesure rapide n’est prise, le virus risque fort de se propager dans toute la région et au-delà. En Israël, en particulier, la couverture vaccinale est faible dans de nombreuses communautés.

Le système de santé de Gaza n’est pas en mesure de répondre à une épidémie de polio car il est déjà "épuisé". Il n’y a que 1400 lits d’hôpitaux pour 2,1 millions de personnes. Les systèmes de santé encore en place seront probablement débordés, ce qui les empêchera de répondre à tous les autres besoins en matière de soins de santé, y compris ceux créés par la violence actuelle. La morbidité et la mortalité augmenteront pour toutes les autres blessures et maladies, les rares ressources médicales étant consacrées à l’aide aux enfants touchés par ce virus. Les mouvements de population seront affectés et risquent de ralentir un système d’accès humanitaire qui refuse déjà délibérément aux civils l’assistance nécessaire pour répondre à leurs besoins humains fondamentaux.

Les besoins des humanitaires face à l’épidémie :

  • Garantir et faciliter l’accès sûr et sans entrave de tous les vaccins, du matériel associé (y compris le stockage avec chaîne du froid) et du personnel spécialisé à tous les points de passage vers et dans la bande de Gaza, ainsi que l’accès sûr et sans entrave des enfants et des familles aux points de santé dans l’ensemble de la bande de Gaza. Outre les vaccins, il est essentiel que l’accès humanitaire à la bande de Gaza soit total et sans entrave. Tous les blocages doivent cesser maintenant pour que l’ensemble de l’assistance nécessaire à la satisfaction des besoins humains fondamentaux des civils puisse être fournie.
  • Outre la pause humanitaire demandée par les Nations unies, le seul moyen de répondre de manière globale aux besoins humanitaires et de protection est d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable. Des milliers d’enfants n’ont pas le temps d’attendre un processus de négociation qui ne cesse de s’éterniser. Au minimum, une cessation immédiate des hostilités dans l’ensemble de la bande de Gaza doit être instaurée pour faciliter la campagne de vaccination en août et en septembre.

- Il doit s’agir de journées entières et consécutives, définies par la cessation des hostilités pendant au moins une semaine pour chaque phase, afin de permettre la mise en place et la réalisation de la campagne de vaccination, bien que le temps nécessaire puisse augmenter en raison des défis posés par le fonctionnement d’un environnement aussi complexe. Le vaccin antipoliomyélitique doit être administré en deux fois et atteindre chacun au moins 95 % de la population infantile visée.

- Ce calendrier repose sur l’hypothèse qu’il n’y aura pas d’entraves à l’accès ni d’incidents violents du type de ceux dont les civils et les humanitaires sont témoins chaque jour à Gaza, et que toutes les attaques contre les travailleurs humanitaires et le personnel médical doivent cesser immédiatement et de manière permanente.

- Il est essentiel que les conditions géographiques, temporelles, d’accès et de protection soient respectées par toutes les parties et que les termes soient décrits par écrit, y compris la manière dont le respect sera contrôlé et les manquements traités. Ces conditions doivent également être communiquées de manière transparente et en temps opportun aux communautés touchées et aux acteurs humanitaires afin de leur laisser le temps de se préparer.


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