Elargissement de la guerre entre Israël et le Hamas
Montée des tensions au Moyen-Orient
7 août
Dans un discours, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réagi aux assassinats du chef politique du Hamas et du responsable militaire du Hezbollah. Dans le même temps, les échanges de tirs entre le groupe chiite et Tsahal se poursuivent. Tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas assure qu’Israël veut "prolonger la guerre et en étendre la portée".
Le chef du Hezbollah au Liban a affirmé le 6 août que sa formation pro-iranienne et l’Iran étaient "obligés de riposter" à Israël, "quelles qu’en soient les conséquences", après les assassinats du chef politique du Hamas et du responsable militaire du Hezbollah.
Dans un discours retransmis en direct, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé que son groupe riposterait "seul ou dans le cadre d’une réponse unifiée de tout l’axe" de la résistance, dirigé par Téhéran et qui regroupe ses alliés dans la région.
Quelques heures avant sa prise de parole, l’aviation israélienne a survolé à basse altitude Beyrouth et franchi le mur du son, les bangs supersoniques ont semé la panique, ont constaté des journalistes de l’Agence France Presse. "L’aviation israélienne a franchi le mur du son au-dessus de la capitale et de plusieurs régions à deux reprises", a indiqué l’Agence nationale d’information.
Plus tôt dans journée du 6 août, une source de sécurité libanaise a indiqué que six combattants du Hezbollah avaient été tués dans deux frappes israéliennes : cinq combattants ont été tués dans une frappe israélienne sur une maison Mayfadoun, dans le sud du Liban. Un sixième a été tué dans une autre frappe sur Adaïssé, un autre village du sud du Liban. Le ministère libanais de la Santé a aussi fait état de six morts dans ces frappes.
Le parti chiite échange quotidiennement depuis près de 10 mois des tirs transfrontaliers avec l’armée israélienne, en soutien au mouvement islamiste palestinien, Hamas, à Gaza. Le parti a confirmé la mort de quatre de ses combattants.
L’armée israélienne a annoncé avoir "frappé une structure militaire du Hezbollah dans la région de Nabatieh", où se trouve Mayfadoun, "utilisée par plusieurs terroristes" qui préparaient selon elle des attaques contre Israël.
Le Hezbollah a de son côté annoncé avoir pris pour cible une caserne de l’armée israélienne située "au nord de la ville d’Acre", avec des drones. Selon le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, deux personnes ont été blessées à la suite d’une série de roquettes sur la Haute Galilée, dans le nord d’Israël. Le Hezbollah a indiqué dans un communiqué que cette opération était une riposte "à l’attaque et l’assassinat mené par l’ennemi dans le village de Abba" le 5 août.
Selon l’armée israélienne, "un commandant de la force Al-Radwan", l’unité d’élite du Hezbollah, a été tué dans une frappe sur ce village du sud du Liban lundi. La communauté internationale est engagée dans une course contre la montre pour éviter une escalade militaire, Téhéran et ses alliés ayant promis de riposter aux assassinats du chef du Hamas en Iran et du responsable militaire du Hezbollah la semaine dernière au Liban. Le premier a été imputé à Israël qui a revendiqué le second.
Les violences à la frontière israélo-libanaise ont fait au moins 556 morts, en majorité des combattants du Hezbollah mais également 116 civils, au Liban depuis octobre, selon un décompte réalisé par l’Agence France Presse. En Israël et sur le plateau du Golan occupé, 22 militaires et 25 civils ont été tués, selon les autorités.
L’assassinat du chef du Hamas vise à « prolonger la guerre » et à l’« étendre »
Dans un entretien accordé à RIA, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé son intention de discuter avec le président russe Vladimir Poutine, lors d’une visite à Moscou, du risque d’embrasement au Moyen-Orient.
Dans une interview à l’agence de presse russe RIA, le président palestinien Mahmoud Abbas a condamné l’assassinat du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans une explosion lors d’un déplacement en Iran le 31 juillet. "Un acte lâche et une évolution dangereuse de la politique israélienne".
Cet assassinat ciblé, non revendiqué mais que l’Iran attribue à Israël, a suscité des menaces de vengeance de la part de Téhéran et du Hezbollah à l’encontre du gouvernement israélien, laissant craindre que le conflit à Gaza ne s’élargisse au Moyen-Orient.
Pour le président palestinien, "il ne fait aucun doute que l’objectif de l’assassinat de M. Haniyeh est de prolonger la guerre et d’en étendre la portée", a-t-il estimé. "Il aura un impact négatif sur les négociations en cours visant à mettre fin à l’agression et à retirer les troupes israéliennes de Gaza", a ajouté ce dernier.
Le président palestinien a également affirmé que la bande de Gaza devait être transférée sous le contrôle des autorités palestiniennes légitimes. "Nous nous opposons fermement aux plans israéliens qui prévoient des solutions temporaires", a-t-il déclaré. Il a dénoncé à plusieurs reprises l’Occident pour avoir ignoré la nécessité d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967.
Washington se dit préparé à "toutes les éventualités" en cas de montée des tensions
Un responsable américain a déclaré, le 4 août, que les États-Unis se préparaient à"toutes les éventualités" face aux craintes d’une escalade militaire entre l’Iran et Israël, répétant qu’il était "urgent" de trouver un accord de cessez-le-feu à Gaza.
"Nous nous préparons à toutes les éventualités", a déclaré Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale, deux jours après l’annonce du renforcement de la présence militaire américaine au Proche-Orient. Cette situation pourrait surtout permettre à Washington de replacer ses pions dans une région où elle a perdu en influence face à la Chine et à la Russie.
"Le Pentagone déploie d’importants moyens dans la région pour se préparer à une possible nécessité renouvelée de défendre Israël d’une attaque", a ajouté le conseiller sur la chaîne américaine ABC. "Simultanément, nous nous efforçons de désamorcer la situation diplomatiquement, car nous ne pensons pas qu’une guerre régionale soit dans l’intérêt de qui que ce soit à l’heure actuelle".
Les États-Unis ont mobilisé davantage de navires de guerre et d’avions de combat pour protéger leurs troupes et l’allié israélien face aux menaces de l’Iran et des groupes, tels que le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.
Ils craignent un embrasement régional après l’assassinat du chef du Hamas et du commandant du Hezbollah, imputé par l’Iran et le Hamas à Israël. "Je ne sais pas ce qu’ils vont faire ni quand ils vont le faire, mais nous devons nous assurer que nous sommes prêts", a indiqué le 4 août sur Fox News John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
"Forte préoccupation" du G7
Alors que le Liban risque d’être en première ligne d’une escalade des tensions, la Suède, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays. Paris a aussi demandé aux Français résidant en Iran de le "quitter temporairement" le pays.
Le Canada a pour sa part appelé ses ressortissants – déjà priés depuis fin juin de quitter le Liban – à "éviter" de se rendre en Israël. De son côté, l’ambassade de Grande-Bretagne a annoncé dimanche retirer temporairement les familles de son personnel à Beyrouth.
Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, dont le pays est un partenaire clé de Washington, s’est pour sa part entretenu à Téhéran avec son homologue et le président, Massoud Pezeshkian.
Réunis en visioconférence, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont exprimé leur "forte préoccupation" face à la situation au Moyen-Orient, selon la diplomatie italienne. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a lui souligné dans un entretien téléphonique avec le premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani "l’importance pour toutes les parties de prendre des mesures" d’apaisement, selon son porte-parole.