Des dizaines de morts dans des affrontements

Bain de sang en Égypte

29 juillet 2013

Vendredi, l’armée avait lancé un ultimatum aux manifestants demandant le retour au pouvoir du Président Morsi : 48 heures pour rejoindre les rangs de la nation. Depuis vendredi, la menace de répression a été mise à exécution, des affrontements meurtriers ont plongé l’Égypte dans un bain de sang.

Au moins 75 personnes ont été tuées depuis vendredi dans les heurts entre forces de l’ordre et les partisans du président déchu Mohamed Morsi à travers l’Égypte, a annoncé samedi le Ministère de la Santé.

Selon les rapports officiels, vendredi et samedi, 81 personnes ont été tuées et environ 800 autres blessées lors d’affrontements entre les partisans de l’ancien président affilié à l’organisation des Frères musulmans et les forces de police au Caire, à Alexandrie, à Fayoum et dans d’autres gouvernorats.

Cependant, les rapports médicaux de l’hôpital de campagne installé près de la place Rabaa al-Adawiya au Caire, où les partisans de M. Morsi ont installé un sit-in massif depuis le 28 juin, ont démontré qu’au moins 200 manifestants pro-Morsi ont été tués et près de 4.500 autres blessés dans les confrontations de samedi avec les forces de sécurité.

Appels à manifester

Des milliers d’Égyptiens se sont rassemblés vendredi au Caire et dans d’autres régions du pays pour répondre à l’appel du chef de l’armée Abdel-Fattah al-Sissi qui avait demandé à la population de descendre dans les rues pour apporter leur soutien à l’armée dans sa lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Les partisans de Morsi ont manifesté également à travers le pays pour réclamer le retour du Président.

Le Ministère de l’Intérieur a démenti l’usage de balles réelles par les forces de sécurité contre les partisans de Morsi, mais les Frères musulmans ont tenu les forces de l’ordre responsables de la tragédie.

Pour sa part, le guide suprême des Frères musulmans (MB) d’Égypte, Mohamed Badie, a accusé les « détracteurs de l’islam » et l’armée pour les récentes effusions de sang ayant eu lieu dans le pays, a rapporté dimanche le site internet du journal d’État “Al-Ahram”.

Les Frères musulmans accusent

« Ceux qui ont été tués sont des martyrs pour la cause de la liberté », a déclaré M. Badie, exhortant les organisations de défense des droits de l’homme à tenir une position claire sur de tels incidents.

M. Badie a tenu pour responsables le ministre de la Défense, Abdel-Fattah al-Sissi, et les partisans de ce dernier pour les récents affrontements et meurtres, et a condamné l’éviction du président islamiste Mohamed Morsi comme un « coup d’État ». Plus tôt dimanche, un membre des Frères musulmans, âgé de 30 ans, a été tué lors des affrontements entre les partisans de M. Morsi et certains résidents de la ville de Kafr el-Zayyat dans le gouvernorat de Gharbiya.

« Les États-Unis appellent à une enquête indépendante et impartiale »

John Kerry, ministre des Affaires étrangères des États-Unis, s’est entretenu samedi par téléphone avec le vice-président intérimaire égyptien, Mohamed El Baradei, le ministre par intérim des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, et la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, pour parler des affrontements meurtriers qui se sont déroulés en Égypte ces derniers jours.

« Dans cet environnement extrêmement instable, les autorités égyptiennes ont une obligation morale et juridique de respecter le droit de rassemblement pacifique et la liberté d’expression », a déclaré John Kerry dans un communiqué.

« Les États-Unis appellent à une enquête indépendante et impartiale sur les événements d’hier (samedi - NDLR), et invitent tous les dirigeants d’un bord à l’autre du spectre politique égyptien à agir immédiatement pour aider leur pays à reculer d’un pas au bord du gouffre », a-t-il ajouté.

Les Frères musulmans, qui ont fait pression pour la réintégration de l’ancien Président Mohamed Morsi, évincé par l’armée le 3 juillet, et d’autres groupes liés aux islamistes ont attribué la responsabilité de ces morts aux forces de sécurité.

Dès vendredi, des millions d’Égyptiens au Caire et dans d’autres régions se sont rassemblés pour soutenir le ministre de la Défense, Abdel-Fattah al-Sissi. En réaction à cela, des foules de partisans de Morsi ont organisé leurs propres manifestations à travers le pays pour réclamer le retour de M. Morsi en qualifiant sa destitution de « coup d’État militaire contre la légitimité ».

« La violence entrave non seulement le processus de réconciliation et de démocratisation en Égypte, mais elle aura également un impact négatif sur la stabilité régionale », a déclaré John Kerry.

« A ce moment critique, il est essentiel que les forces de sécurité et le gouvernement intérimaire respectent le droit de manifester de façon pacifique, ce qui inclut les sit-in en cours », a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain a décidé de ne pas qualifier de coup d’État le renversement de Morsi, ce qui lui permet de continuer de fournir près de 1,5 milliard de dollars d’aide annuelle à l’Égypte, mais la livraison de quatre chasseurs F-16 a été annulée pour montrer son mécontentement sur la façon dont l’armée égyptienne gère la crise.
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