Bush vaincu, ce sont les partisans de la paix qui ont gagné

10 novembre 2006

“Témoignage chrétien” titrait hier : « Bush, le désaveu ». Avec cette victoire des Démocrates qui remportent la majorité à la Chambre des Représentants, au Sénat, mais aussi parmi les gouverneurs des Etats, il s’agit bien en effet de la condamnation d’une politique qui a mené les Etats-Unis dans une guerre dont il sera difficile de sortir et qui rappelle à beaucoup la guerre du Vietnam... La condamnation d’une politique économique qui a appauvri une grande partie de la population et a permis l’enrichissement de certains... Car ce qui est en question, c’est bien une stratégie économique qui a privilégié les riches au détriment du reste du pays, ce qui est en cause, c’est une répartition des richesses au profit d’une minorité. C’est l’inégalité sociale prônée comme moteur de la société.

Contre le mensonge d’État... La Réunion

Il est probable que chaque électeur ait pensé à la guerre en Irak au moment de voter. Ce lourd problème a fini par cristalliser l’hostilité d’une grande partie de l’opinion envers la façon dont le parti républicain et le président Bush ont mené le pays depuis cinq ans. La guerre a même fini par éroder la crédibilité dont disposait le président en matière de sécurité intérieure.

Il faut se souvenir que les raisons invoquées pour envahir l’Irak sont un vaste tissu de mensonges fabriqués de toutes pièces par les services secrets américains. Et on a beaucoup menti au peuple américain. Les attentats du 11 septembre ont servi à réduire les libertés individuelles du citoyen américain, alors que ce pays se réclame de cette même liberté et voudrait en imposer au monde sa conception particulière.

Se souvenir également, qu’ici à La Réunion, un vaste mouvement de protestation contre la guerre en Irak a rassemblé les Réunionnais au-delà des sensibilités religieuses, politiques ou citoyennes. Des dizaines de milliers de Réunionnais étaient descendus dans la rue pour manifester. C’est tout à l’honneur des habitants de cette île d’avoir été parmi les premiers à faire la démonstration de leur résolution pour la paix. Et malheureusement, ce combat est à continuer...

Un homme contre un pays

George W. Bush, qui est selon la Constitution le chef des armées, n’est pas homme à céder devant des opinions contraires. Il croit à la menace du terrorisme islamiste et juge que les États-Unis affrontent là un ennemi redoutable. C’est une véritable fuite en avant. La majorité parlementaire démocrate peut-elle arrêter ou freiner les ambitions hégémoniques du Président des Etats-Unis ? Celui-ci est doté, par la Constitution américaine, de vastes pouvoirs qui lui permettent de tenir tête aux Représentants et aux Sénateurs. Épiphénomène, il a fait sauter un fusible en démissionnant son Secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, mais va-t-il tirer toutes les conséquences de cet échec électoral ?

Pourtant les Démocrates, conscients du retard pris par le gouvernement américain, doivent très rapidement prendre des mesures sociales. La Chambre des représentants devrait ainsi entériner la hausse du salaire minimum au niveau fédéral - 5,15 dollars (4 euros) de l’heure -, la révision de la sécurité sociale américaine pour permettre à l’État de négocier directement avec les grandes entreprises pharmaceutiques ou encore la baisse des taux d’intérêt pour les prêts étudiants. Les représentants devraient également se pencher sur les questions énergétiques et sur la promotion de technologies alternatives au pétrole, thèmes de la campagne des démocrates.

« Les Américains ont voté pour que le pays prenne une autre direction, et c’est bien ce que nous entendons faire » Nancy Pelosi, leader démocrate.

Il ne faut pas limiter la victoire électorale à une addition de sièges, mais souligner un commencement réel de prise de conscience des Américains qui refusent aujourd’hui les dérives des extrémistes religieux qui pensaient imposer leur loi au pays. Les électeurs du Dakota du Sud ont ainsi rejeté mardi par référendum, avec environ 55% des votants dans cet Etat pourtant très conservateur du nord du pays, une interdiction totale de l’avortement, qui participait d’une nouvelle stratégie radicale des opposants américains à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Nous sommes donc devant le début un mouvement de société important. Il faut être prudent dans les prédictions, mais le peuple américain a montré que, dans les grandes occasions, il savait réagir.

A.I.C.


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