L’Empire américain vit à crédit sur le dos du reste de l’Humanité

Chaque nouveau dollar vaut moins que le précédent

23 juillet 2007

[...] Lundi (dernier), le dollar a chuté au plus bas depuis 26 ans face à la livre sterling. Face à l’euro, il est tombé encore en dessous. Le pourquoi de ces chutes peut être expliqué [...]. En général, les billets verts [les dollars] perdent de leur attrait parce qu’il y en a trop. L’une des grandes lois de l’économie, c’est que la qualité et la quantité varient en fonction l’une de l’autre dans tous les domaines, et singulièrement quand il s’agit d’argent. Chaque dollar-papier représente une reconnaissance de dette pour les États-Unis. Quand les États-Unis produisent beaucoup de dollars, la qualité de leur crédit est remise en question. Conséquence logique : chaque nouveau dollar vaut moins que le précédent.
[...] Ce qui rend le dollar encore plus suspect, c’est l’empressement soutenu avec lequel les États-uniens tentent de s’en débarrasser. À l’étranger, on en fait des piles, des montagnes, des Himalaya. La Chine détiendrait près de 1.000 milliards de dollars en réserve dans ses caisses. Les réserves de change en Russie - des dollars principalement - augmentent de 63% par an. Au rythme actuel, fin 2007, la Russie aura accumulé plus de 200 milliards de réserves additionnelles en dollars.
Ces montagnes de billets verts, véritables reconnaissances de dettes, s’entassent hors des frontières américaines parce que les États-uniens ne peuvent pas les garder. Chaque jour, en effet, les consommateurs états-uniens dépensent, en produits importés, 2 milliards de plus que ce qu’ils gagnent sur les produits exportés - 730 milliards de dollars par an. Cela laisse évidemment le foyer états-unien moyen toujours plus à sec. Il faut donc emprunter pour combler le fossé entre les capitaux entrants et les capitaux sortants. Puisqu’ils ne peuvent pas économiser, les États-uniens comptent sur les économies des pays étrangers.
L’an passé, pour la première fois depuis 1915, l’équilibre du revenu d’investissement - la différence entre ce que les investisseurs États-uniens reçoivent de l’étranger et ce que les États-Unis paient en intérêts et en dividendes à ces mêmes pays étrangers - était également dans le rouge.
« Les pays étrangers gagnent désormais plus grâce à leurs investissements aux États-Unis que nous ne gagnons avec nos investissements à l’étranger », explique Warren Buffet (1) . « En réalité, nous avons épuisé notre compte en banque, nous nous sommes donc tournés vers le crédit. Et comme tous ceux qui s’endettent, les États-Unis sont contraints de recourir à des commodités financières ruineuses qui les conduisent à payer de plus en plus d’intérêts sur les intérêts ».
De nombreux livres ont été écrits sur ce sujet (2) . Tous racontent la même histoire : il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent s’offrir le luxueux train de vie états-unien... pas même les États-uniens !
Les dettes et la dépendance qu’elles induisent guettent autant les jeunes que les vieux. Vers la fin des années 1970, le montant des frais d’université a commencé à grimper en flèche. Les organismes de prêts se sont précipités pour prêter l’argent nécessaire aux familles afin qu’elles paient leurs frais de scolarité. L’endettement de l’Éducation a explosé... dans les années 1990, cet endettement a grimpé plus vite qu’au cours des 30 dernières années. Trois fois plus vite que le montant des frais d’université ! En 2007, l’étudiant états-unien moyen termine ses études en ayant accru la dette de l’éducation de 19.000 dollars, et la sienne propre de 2.000 dollars.
Ainsi, avant même la fin de leurs études, ils sont ligotés à leur dette [...]. Entre 1985 et 2005, les dettes personnelles ont quasiment triplé. Aujourd’hui, une famille moyenne doit environ 9.000 dollars à ses créanciers. Mais l’augmentation la plus importante est sans aucun doute celle des dettes de prêts immobiliers. Elle augmente de 500 milliards de dollars chaque année. Jamais les propriétaires n’ont été aussi peu propriétaires de leur maison.
Pendant ce temps, la dette du gouvernement états-unien a elle aussi augmenté à un rythme affolant. Chaque foyer états-unien porte sur son dos un demi million de dette supplémentaire — sa part du "trou de financement" américain. Ce montant comprend non seulement la dette officielle, mais également la valeur actuelle des engagements futurs, moins les revenus anticipés.
Tout cela pour dire que, 4 juillet après 4 juillet (3) , les États-uniens sont plus dépendants que jamais. Ils comptent sur les Arabes pour l’énergie. Et ils dépendent des Asiatiques pour la payer. Vient le temps où ils ne pourront plus bouger le petit doigt sans l’accord de leurs créanciers chinois.

Par Bill Bonner*

* Bill Bonner est auteur à succès dans l’investissement et fondateur et Président d’“Agora Publishing”, l’une des compagnies d’information du consommateur les plus prospères du monde.

(1) - Warren Buffet, investisseur américain (2ème fortune mondiale après Bill Gates). Maître de l’ investissement boursier, il dirige le fonds d’investissement “Berkshire Hathaway”.
(2) “L’Empire des dettes” par William Bonner et Addison Wiggin - “L’inéluctable faillite de l’économie américaine” par William Bonner.
(3) Le 4 juillet, les Etats-Unis fêtent l’“Independance Day”.


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