Irak

Des centaines de milliers de personnes pour un retrait immédiat des armées d’invasion

Nouvelles marches pour la paix dans différents pays

14 avril 2003

La prise de Bagdad et la chute du pouvoir irakien n’ont pas empêché les partisans de la paix de descendre samedi dans la rue dans plusieurs pays. Car s’il s’avère que les combats cessent un jour, le peuple irakien est dès maintenant confronté à la présence d’une armée d’occupation.

Les personnes éprises de paix ont à nouveau marché samedi dans différents pays pour réclamer la fin de l’occupation américano-britannique en Irak, trois jours après la chute de Bagdad et de l’État irakien. Plus de 100.000 pacifistes, selon les organisateurs, ont manifesté à Londres.
À Rome, environ 100.000 personnes ont défilé à l’appel du comité "Arrêtons la guerre", qui regroupe une centaine d’associations, partis, syndicats ou organisations non gouvernementales, selon les organisateurs. À Berlin, quelque 4.000 personnes, selon la police, ont manifesté pour la fin de l’occupation en Irak, à l’appel du collectif d’associations pacifistes "Axe pour la paix".
Plus d’un demi-million de personnes ont marché samedi à travers l’Espagne, les rassemblements de Madrid et Barcelone regroupant chacun des centaines de milliers de manifestants. A Madrid, la manifestation a réuni 200.000 personnes selon les organisateurs alors que le gouvernement de José Maria Aznar est favorable à la guerre en Irak.
Aux États-Unis, deux manifestations à San Francisco et à Washington ont réuni quelques milliers de participants.
En Asie, près de 50.000 personnes dont de nombreux écoliers ont défilé à Dacca au Bangladesh, en accusant les États-Unis et la Grande-Bretagne d’avoir perpétré des crimes contre l’humanité en attaquant l’Irak. Nombre de manifestants brandissaient des pistolets en plastique ou des reproductions de chars.
À Séoul, 4.000 personnes se sont rassemblées pour dénoncer la décision du gouvernement sud-coréen d’envoyer des militaires pour aider les puissances occupantes.
À Hong Kong, une centaine de manifestants ont scandé des slogans contre la guerre devant le consulat américain. Deux militants connus, Lau San-ching et Leung Kwok-hung, ont escaladé une barrière pour déployer une banderole proclamant "Bush, Blair, criminels de guerre".

La lutte pour la paix rapproche les religions au Moyen-Orient
Une information capitale pour l’avenir des communautés religieuses du Moyen-Orient est passée quasiment inaperçue.
Annie Laurent, journaliste de l’hebdomadaire "Famille chrétienne" a révélé avec pertinence le changement très positif des rapports entre les chrétiens et l’Islam (chiites et sunnites) au Liban depuis le début de la guerre. Un changement qui pourrait avoir des répercussions sur toute cette région.

En effet, les responsables religieux libanais ont été très sensibles à l’attitude du Vatican et aux efforts du Saint-Siège, relayés par l’Église locale, pour éviter la guerre. Les dignitaires civils et religieux ont même participé aux côtés des chrétiens, à la prière pour la paix convoquée par Mgr Sfeir (patriarche maronite libanais) à Notre-Dame du Liban, le 5 mars dernier.

Mais l’événement le plus remarqué ces derniers jours, a été le sermon prononcé devant 150.000 chiites lors de la fête de l’Achoura (commémoration du martyre de Hussein, l’un des fils d’Ali, père du chiisme), le 13 mars, par Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. Ce dernier a en effet invité les musulmans « à apprécier et à respecter l’Église dans le monde, en Orient comme en Occident » pour sa dénonciation de la guerre. « Cette position ôte tout caractère religieux à la guerre de Bush. Elle lui indique que sa guerre est immorale, illégale et contraire à l’Évangile. Il s’agit d’une position historique dont nous devons saisir la portée réelle ».

Cette attitude est d’autant plus remarquable qu’elle émane d’un responsable chiite qui aspire à l’élimination d’un Saddam Hussein détesté pour avoir opprimé ses propres citoyens chiites. Elle exprime le rejet viscéral de l’impérialisme américain par un monde arabo-musulman qui n’en peut plus d’être bafoué dans ses droits, en particulier par l’injustice faite aux Palestiniens. Et elle reconnaît à Jean-Paul II de l’avoir compris.


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