Les civils au cœur de la guerre

Deux grandes villes assiégées par les armées d’occupation

20 avril 2004

Najaf, la ville chiite, et Falloujah, la ville sunnite, bénéficiaient hier d’un calme relatif. Des négociations se poursuivaient mais des dizaines de milliers de civils irakiens sont toujours assiégés par l’armée américaine. Par ailleurs, le Premier ministre espagnol a respecté sa parole et a annoncé le retour au pays dans les plus brefs délais des soldats envoyés en Irak par son prédécesseur.

Chiites radicaux et américains semblaient jouer la carte de la détente, hier à Najaf, dans le centre de l’Irak, les premiers en raison de l’anniversaire du prophète Mahomet, les seconds officiellement parce qu’ils contrôlaient la situation. À la faveur de cette accalmie, une médiation entre la coalition et les partisans du chef radical chiite Moqtada al-Sadr s’est poursuivie pendant la journée.
Moqtada al-Sadr a décrété dimanche un cessez-le-feu de deux jours dans et aux abords de Najaf à l’occasion, hier et aujourd’hui, de l’anniversaire de la naissance du prophète. L’imam chiite a également appelé ses partisans à cesser les attaques contre les Espagnols en voie de quitter le pays (voir encadré). La tête du dirigeant religieux est toujours mise à prix par les forces d’occupation. Les soldats américains ont pour ordre de le capturer "mort ou vif".
En attendant, la ville est toujours assiégée par l’armée américaine.
À Falloujah, à l’Ouest de Bagdad, des médiateurs irakiens se sont rendus hier, pour une nouvelle rencontre entre dirigeants locaux et les commandants des forces d’occupation. Ils cherchent à consolider la trêve dans la ville sunnite assiégée par les Marines depuis 15 jours. Les discussions se sont conclues, d’après l’armée d’occupation, sur un accord avec des responsables locaux pour réduire la tension dans cette ville. Des patrouilles communes avec les forces de sécurité irakiennes sont notamment prévues.
Le porte-parole des militaires américains a affirmé que l’accord prévoyait également une amnistie pour les personnes qui remettent des armes lourdes, l’accès aux hôpitaux et des dispositions pour l’enterrement des morts. Mais pour le moment, comme à Najaf, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont assiégés par des militaires aux ordres de George Bush.


Retrait des soldats espagnols "dans les plus brefs délais"

Le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a annoncé dimanche à Madrid son intention de retirer les troupes espagnoles d’Irak "dans les plus brefs délais possibles", estimant que les conditions qu’il avait posées pour leur maintien, la prise en main de la situation par l’ONU, ne seraient pas remplies d’ici le 30 juin.
Dans une annonce quelques heures après l’investiture du nouveau gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré qu’il avait demandé à son ministre de la Défense de "faire ce qui est nécessaire pour que les troupes stationnées en Irak rentrent au pays dans les plus brefs délais possibles".
"Selon les informations dont nous disposons, que nous avons recueillies au cours des dernières semaines, on ne peut pas s’attendre à l’adoption d’une résolution des Nations unies" qui remplissent les conditions posées par l’Espagne pour le maintien de ses troupes, a expliqué le nouveau chef du gouvernement espagnol.
"Ces circonstances m’ont amené à prendre la décision d’ordonner le retour de nos troupes avec le maximum de sécurité et dès lors dans le plus bref délai possible".
"Plus que jamais", a-t-il poursuivi, "cette décision reflète mon souhait de respecter l’engagement que j’ai pris devant le peuple espagnol il y a plus d’un an", faire rentrer les 1.300 soldats espagnols déployés en Irak avant le 30 juin, à moins que l’ONU ne prenne le commandement des opérations civiles et militaires en Irak.
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de Belgique, d’Allemagne et de France ont appelé à la fin de l’occupation de l’Irak, "le plus vite possible, mais sans créer un vide de sécurité".


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