Contre-manifestations et implication de Washington dans une éventuelle transition

Égypte : la situation se complique

5 février 2011, par Céline Tabou

Après deux semaines de manifestations pacifiques, les partisans du raïs ont décidé d’accéder à la place Tahrir et de la contrôler. Venus en nombre, armés de bâtons, de fouets, de couteaux, ils ont détruit les campements, frappé hommes, femmes et enfants qui se trouvaient sur leur passage, a témoigné l’envoyé spécial du “Monde”.

La bataille entre les opposants et les partisans de Mohamed Hosni Moubarak a déjà fait sept morts, et s’est intensifiée après le discours du chef de l’État, annonçant qu’il ne briguerait pas un sixième mandat.

La lutte continue

Face à la violence des sympathisants du régime, l’opposition et les manifestants continuent d’exiger le départ de Mohamed Hosni Moubarak. L’opposition a appelé à une grande manifestation vendredi 4 février, après la grande prière hebdomadaire, aux environs de 11h20 à Paris. Appelé « le jour du départ » en début de semaine, plus de deux millions de manifestants se sont réunis sur la place Tahrir, selon “Al Jazeera”.
Mohamed El Baradei, devenu l’un des porte-parole demandant le départ du président, a dénoncé au “Monde” ces « actes criminels, commis par un régime criminel ». Les violences orchestrées par les pro-Moubarak ont été accompagnées d’une campagne de propagande, avec des slogans — « Moubarak, tu es le héros de la guerre et de la paix », « 10 millions d’Égyptiens sont peut être contre toi, mais nous qui t’aimons sommes 75 millions », des affiches à l’identique de celle de la dernière élection présidentielle de 2005 du Parti national démocrate (PND). Celui-ci est connu pour passer à tabac tous les électeurs devant les bureaux de vote.

La Maison-Blanche s’implique

La révolte populaire a ébranlé la diplomatie américaine, qui n’est pas parvenue à contrôler la situation, ni même à l’anticiper. Voyant sa position faiblir au Proche et au Moyen-Orient, Hillary Clinton a réagi vivement aux affrontements dans la nuit de mercredi 2 février, tout en restant évasive sur les responsables. Souhaitant rester en bon terme avec l’Égypte, qui reste un lieu stratégique dans la région. Le canal de Suez a un rôle essentiel dans les approvisionnements de pétrole. Le gouvernement américain souhaite donc être à l’écoute des aspirations de la jeunesse égyptienne.

Après l’annonce du FMI d’aider économiquement le pays à se reconstruire, l’Administration Obama est parvenue à négocier avec Mohamed Hosni Moubarak la transition du pouvoir. “Le New York Times”, cité par “Le Point”, a annoncé jeudi 3 février que « l’Administration Obama négociait avec des responsables égyptiens une proposition pour une démission immédiate de Moubarak ». En effet, depuis la « marche du million », les États-Unis avaient envoyé Franck Wisner, proche du président égyptien, pour lui annoncer que son temps était compté à la présidence.

Cette démission, si elle a lieu, permettra à l’Administration Obama de mettre en place une politique étrangère dans la région. D’autant plus que les responsables américains savent que leurs alliés arabes et Israël scrutent la façon dont Hosni Moubarak, fervent allié des États-Unis depuis une trentaine d’années, sera traité.

Céline Tabou

Egypte

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