L’armée israélienne continue de bombarder une zone densément peuplée

Escalade de la violence à Gaza

16 juillet 2014, par Céline Tabou

Plus de 180 Palestiniens sont morts sous l’offensive aérienne d’Israël, au cours de ces sept derniers jours. Une situation record, comparé au bilan des pertes humaines de la dernière offensive de 2012, qui avait fait 177 morts. La situation devient incontrôlable, et la proposition de cessez-le-feu de l’Egypte ne devrait pas atténuer les tensions.

75% des Palestiniens tués par les bombardements israéliens depuis une semaine sont des civils. Plus de 25% sont des enfants. Ce massacre n’est pas condamné par la "communauté internationale". (Photo Basel Yazouri)

Du côté du Hamas, la fin des hostilités sera établie lorsqu’un accord complet sera signé avec la partie israélienne sur le conflit dans sa globalité et non sur la fin des violences actuelles. Face à l’escalade, de nombreuses voix s’élèvent pour l’arrêt des attaques, dont la Ligue arabe qui exhorte la communauté internationale à protéger les Palestiniens, les principales victimes.

Plus de 186 morts

Selon un dernier bilan des services de secours, daté du 14 juillet, les raids aériens israéliens dans la bande de Gaza ont fait 184 morts et plus de 1.300 blessés en sept jours, ce qui dépasse celui enregistré lors de l’offensive de novembre 2012, qui avait causé la mort de 177 Palestiniens en une semaine.
Le Centre palestinien pour les droits de l’Homme (PCHR), basé à Gaza, a annoncé dimanche 13, que plus des trois-quarts des victimes étaient des civils. Parmi lesquelles une « forte proportion de mineurs », d’après l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Son commissaire général, Pierre Krahenbuhl, a expliqué à la presse que « toutes les indications montrent, et je trouve cela particulièrement dramatique, que les femmes et les enfants représentent un nombre assez considérable des victimes des frappes actuelles. Actuellement, plus d’un quart des morts sont des enfants ».
Selon l’UNWRA, près de 17.000 personnes ont trouvé refuge dans les écoles gérées par l’organisation, qui peine à les accueillir. Pour la première fois, un jeune Palestinien de 20 ans a été tué par l’armée israélienne dans des heurts lundi au sud de Hébron, en Cisjordanie occupée. Mounir Ahmed Badarin a été atteint par des tirs lors d’affrontements à Al-Samoua et est décédé plus tard à l’hôpital. Au même moment, onze députés du Hamas Conseil législatif palestinien (CLP, le Parlement) ont été au même moment arrêtés, a indiqué le Club des prisonniers palestiniens à Ramallah.

Un cessez-le-feu refusé

L’Egypte a proposé un cessez-le-feu au moment où s’ouvrait la réunion les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, convoquée en urgence au Caire pour évoquer l’offensive israélienne. Une offensive qui a causé la mort de plus de 180 personnes en sept jours dans la bande de Gaza. Cette proposition prévoit un « arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres » et l’ouverture de négociations sur l’entrée des biens et des personnes dans l’enclave palestinienne sous blocus.
Après plusieurs heures, le Hamas refusé ce cessez-le-feu souhaitant un accord complet sur le conflit qui l’oppose à Israël. L’un des porte-paroles du Hamas, Fawzi Barhoum, a indiqué l’Agence France Presse à Gaza, qu’un « cessez-le-feu sans parvenir à un accord est exclu. En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuite négocier ». Plus tard, la branche armée du Hamas, les « Brigades Ezzedine al-Qassam », a aussi rejeté la proposition égyptienne, la qualifiant de « reddition ». Ces dernières ont menacé d’"intensifier » sa lutte contre Israël.
Le Hamas a rappelé ses exigences : l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l’Egypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l’accord d’échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011.
De son côté, le cabinet de sécurité israélien, présidé par le Premier ministre Benjamin Nétanyahou, a accepté mardi 15 juillet, la proposition de trêve pour Gaza, d’après le correspondant diplomatique du quotidien Haaretz, Baral Ravid.

 Céline Tabou  

Vers une troisième Intifada ?


La montée de la violence entre Israéliens et Palestiniens laisse présager une troisième Intifada par de nombreux médias occidentaux, parmi lesquels Le Monde, qui revient sur cette possibilité lancée par Moussa Abou Marzouk, n°2 du Hamas. Cette éventualité mise en avant par les médias français a été réfutée par Jean-François Legrain, historien rattaché à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman. Ce dernier a expliqué à « Le Monde » qu’il « n’y a pas eu de soulèvement en décembre 2008 (opération « Plomb durci ») ni en novembre 2012 (opération « Pilier de défense ») ».
« Les récents heurts étaient très limités géographiquement et dans le reste des territoires, il y a eu très peu de mobilisation. De ce point de vue, le sort de la bande de Gaza paraît bien déconnecté de celui du reste de la Palestine y compris dans les opinions publiques, qui apparaissent de plus en plus prisonnières des localismes », a-t-il expliqué.
Pour rappel, la dernière Intifada, qui signifie en arabe « soulèvement », a débuté en septembre 2000 pour prendre fin en février 2001. Le soulèvement a démarré lors de la visite du chef du Likoud (droite), Ariel Sharon, sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem. Vu comme une provocation faite envers les Palestiniens, les violences prennent la forme d’attentats à la bombe et d’attaques ciblées contre des Israéliens. Ces derniers construisent alors un mur en Cisjordanie afin de protéger leurs colons.
Ariel Sharon, devenu premier ministre en février 2001, il exige la fin des attentats et les Palestiniens demandent le retrait des colons israéliens établis dans les territoires occupés. Les violences baissent d’intensité après le décès de Yasser Arafat en novembre 2004, un certain apaisement entre l’Autorité palestinienne et Israël et le démantèlement de colonies israéliennes, en 2005.

La Ligue arabe exhorte la communauté internationale


Le conflit israélo-palestinien s’étend. Selon l’armée israélienne, deux roquettes ont tirées depuis la Syrie et une depuis le Liban et sont tombées lundi 14 juillet en Israël, dont deux sur le Golan, région occupée par Israël, sans faire de victime. A l’extrême-sud d’Israël, trois roquettes lancées de Gaza se sont abattues mardi 15 juillet sur le port d’Eilat et aux alentours, près de la frontière avec l’Egypte et la Jordanie, toujours selon l’armée israélienne.
La Ligue arabe a appelé dans la nuit de lundi à mardi, Israéliens et Palestiniens à accepter la proposition égyptienne. Pour sa part, le président palestinien Mahmoud Abbas s’est également félicité de l’initiative égyptienne et a appelé les parties à respecter le cessez-le-feu. L’émissaire du Quartette pour le Moyen-Orient (4 états et d’organisations nationales et internationales, médiateurs dans le processus de paix israélo-palestinien), Tony Blair, a salué l’offre du Caire qui pourrait « arrêter la perte tragique de vie humaine, les roquettes sur Israël ».
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a estimé que « trop de civils palestiniens » avaient été tués, redoutant qu’une éventuelle offensive terrestre ne vienne alourdir ce bilan. Pour l’heure, l’offensive israélienne est aérienne, mais les autorités ont plusieurs menacées de lancée une offensive terrestre qui viendrait aggraver le nombre de mort, côté Palestiniens, dont plus de 186 ont perdu la vie en sept jours.
De son côté, la Ligue arabe a exhorté la communauté internationale à agir par le biais de ses institutions légales et humanitaires pour protéger le peuple palestinien, faisant écho à la demande dimanche 13 juillet du président Mahmoud Abbas de « placer officiellement l’Etat de Palestine sous le régime de protection internationale de l’ONU ».
Le chef de l’institution panarabe, Nabil al-Arabi, a accusé Israël de perpétrer des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité à Gaza. Ajoutant qu’"Israël bénéficie d’une immunité politique, il commet des crimes sans en être tenu responsable ».
Pour sa part, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riad al-Malki a affirmé que « l’offensive aérienne sur Gaza n’était pas une guerre entre deux armées, ou contre le Hamas, mais une guerre contre le peuple palestinien tout entier et contre ses droits ».

Tuer plusieurs civils pour un militant du Hamas


Mi-juin, trois adolescents israéliens sont enlevés et tués en Cisjordanie, par des militants du Hamas, entraînant une vive émotion et conduisant à l’enlèvement d’un jeune Palestinien à Jérusalem-Est, assassiné par des extrémistes juifs israéliens. Face à cette situation, l’engrenage s’est mis en place, avec d’un côté, le Hamas qui reste sur ses positions et revendique entre autres, l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza et la libération des prisonniers, et de l’autre, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, qui a assuré que « nous ferons payer un prix extrêmement lourd au Hamas ».
Face à cette volonté d’abattre le Hamas, Israél élimine des familles entières pour tuer un membre du Hamas. Samedi 12 juillet, Taysir Al-Batsh, commandant de la police du Hamas, a été la cible de l’armée israélienne. Pour le tuer, des missiles de F16 ont pulvérisé la maison du clan Al-Batsh, faisant 18 morts, tous issus d’une même famille, et 50 blessés, d’après l’agence de presse, Reuters. Des bâtiments entiers sont détruits pour tenter de supprimer des militants du Hamas, dernièrement un missile a détruit le mauvais bâtiment tuant plusieurs dizaines de personnes et non la personne ciblée par l’armée israélienne.

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