Pas de répit pour le peuple irakien

Exode et bombardements à Falloujah

10 avril 2004

Les habitants de Falloujah ont commencé à quitter la ville. Hier dans la matinée, un journaliste de l’Agence France Presse rapportait que de nombreuses familles, avec femmes et enfants, quittaient à pied la ville par des sentiers, emportant de petites valises, de la nourriture et des médicaments, en prenant d’énormes risques car les échanges de tirs sont permanents. Elles se dirigeaient surtout vers le village d’Al-Naémiya, au Sud de Falloujah, et les soldats américains les laissent passer.
Depuis jeudi soir, les avions américains survolaient Falloujah et les affrontements d’une extrême violence se déroulaient dans plusieurs quartiers de la ville. Des cadavres jonchent les rues car personne n’ose sortir pour les retirer. Jeudi, les forces américaines avaient tenté de pénétrer dans les quartiers d’al-Dhoubbat et al-Nazal, mais un grand nombre d’insurgés ont réussi à les faire reculer. Entre-temps, de violents accrochages opposaient des membres de la guérilla à l’armée américaine dans la ville à majorité sunnite d’Abou Gharib, à 10 kilomètres à l’Ouest de Bagdad, sur la route de Falloujah.
À l’entrée même d’Abou Gharib, des chars américains sont positionnés alors que des membres de la guérilla portant des roquettes antichars et des kalachnikovs, la tête recouverte de keffiehs, circulent dans les rues, selon un correspondant de l’Agence France Presse. Un convoi qui emportait de la nourriture vers la ville assiégée de Falloujah, a rebroussé chemin, alors que des colonnes de fumée noire montaient vers le ciel. L’agence Reuters rapporte que neuf Américains auraient été tués dans cette attaque contre un camion citerne et plusieurs véhicules d’escorte. Les rebelles contrôlent désormais l’autoroute reliant Abou Gharib et Falloujah.
Au Sud, l’armée américaine a confirmé hier avoir repris, avec des soldats ukrainiens qui avaient dû se replier dans un premier temps, le contrôle de la ville de Kout aux miliciens du chef radical chiite Moqtada Sadr. Toutefois, des accrochages ont opposé des miliciens chiites et les forces d’occupation entre Najaf et Koufa, sans faire de victime.
Face à la dégradation de la situation en Irak, la Thaïlande étudie un éventuel retrait de ses soldats et les fera quitter ce pays s’ils ne peuvent plus exercer leur mission humanitaire. La situation actuelle en Irak est "la plus sérieuse à laquelle nous ayons été confrontés", a déclaré hier le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw à la BBC.


Appel au départ des soldats américains

"Je m’adresse à mon ennemi Bush. Tu combats maintenant toute une nation, du Sud au Nord, d’Est en Ouest, et nous te conseillons de retirer (les troupes) d’Irak", a déclaré Moqtada Sadr. Il a adressé cette menace dans le prêche lu par l’un de ses représentants lors de la prière à la mosquée de Koufa au centre du pays.
"J’appelle l’Amérique à ne pas faire face à la révolution irakienne", selon le texte lu par cheikh Jaber al-Khafagi. Moqtada Sadr, qui avait fait de Koufa son QG, n’était pas présent ce vendredi. Le chef chiite s’est en effet retiré dans la ville sainte voisine de Najaf depuis qu’il a été déclaré hors-la-loi par la coalition qui a lancé un mandat d’arrêt.


Des morts qui pèsent sur l’opinion publique américaine

Aux États-Unis, les journaux et les télévisions ne cessent de le répéter : quelque 40 soldats américains sont morts au combat en Irak entre le 31 mars et le 6 avril. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a lui-même reconnu que les violences constituaient un "sérieux problème". D’après lui, cela nécessitera sans doute de prolonger la mission de certains soldats américains déployés en Irak. Selon les experts, il est encore trop tôt pour savoir si cette spirale de violence et le nombre de plus en plus élevé de victimes américaines pourrait affecter l’opinion publique qui, depuis le début de la guerre, est profondément divisée en deux camps antagonistes.
Toutefois, un sondage publié lundi indiquait qu’une majorité d’Américains (53%) désapprouve la manière dont le président américain George W. Bush gère la situation en Irak contre 37% en janvier.


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