Irak

George Bush transforme un dictateur en un héros mythique

Conséquence de la guerre déclenchée par la Maison Blanche

1er avril 2003

Ancien président du CSA, Hervé Bourges préside l’Année de l’Algérie en France. Dans un entretien paru dans ’le Parisien’ d’hier, il montre que loin de provoquer des soulèvements en Irak, l’attaque lancée par George Bush ne fait qu’augmenter la renommée internationale d’un dictateur : Saddam Hussein.

Jusqu’où va aller l’anti-américanisme des opinions publiques arabes ?
Hervé Bourges - Ce sentiment va aller grandissant. D’autant que Saddam, qui était à la tête d’un parti laïque, a récupéré toute la gestuelle islamiste. Les opinions publiques arabes, quoi qu’elles pensent du régime de Bagdad, seront donc de plus en plus favorables au président irakien. Car elles le perçoivent comme le défenseur du monde arabe. Après Ben Laden, Saddam devient, hélas, un mythe.

Les Américains attendaient un soulèvement de la population...

- Nul ne peut aujourd’hui apprécier la situation intérieure exacte de l’Irak, pays dominé depuis des années par un pouvoir dictatorial. Les Américains espéraient, en arrivant, être accueillis à bras ouverts. Force est de constater qu’ils sont considérés comme des agresseurs. L’expédition anglo-américaine passe même pour une nouvelle guerre coloniale. Grave erreur d’appréciation.

Les chaînes d’information en langue arabe, comme Al-Jazeera, ont-elles un rôle positif ?

- J’étais président de France 2-France 3 lors de la première guerre du Golfe, en 1991. Comme les autres chaînes, nous avions envoyé des équipes de reportage sur le terrain. Nous n’avions, en retour, que des images et des informations fournies par la chaîne unique mondiale : CNN, elle-même soumise au Pentagone.
Aujourd’hui, il y a un changement de fond : il existe, à côté de CNN et de l’excellente BBC World, d’autres télévisions, dont Al-Jazeera. Ces chaînes arabes donnent parfois des infos orientées, mais cela donne un équilibre, et d’abord une plus grande abondance. Quant aux chaînes françaises, elles ont tiré les leçons de 1991 : leur traitement est satisfaisant. Mais on se rend compte qu’il manque une chaîne française internationale qui, à côté de CNN et des chaînes arabes, donnerait une information d’autant plus objective que la France n’est pas partie prenante dans le conflit.

En France, les incidents anti-juifs se multiplient...

- De petits groupes tentent effectivement d’assimiler la situation en Palestine et celle qui prévaut en Irak. Au-delà du refus du sort injuste fait au peuple palestinien, les manifestations risquent de faire émerger dans le monde entier une vague très grave d’antisémitisme. Ces dérives doivent être condamnées, même si on ne doit pas oublier les dérives anti-arabes et anti-musulmanes.

La société française entre-t-elle dans une période de tensions ?

- Oui. Il faut donc se féliciter que les responsables religieux des mondes musulman, juif et chrétien fassent tout pour que ce qui se passe en Irak ou en Israël n’ait pas des répercussions en France. Mais il sera difficile de le faire comprendre à des jeunes sensibles à la situation internationales et qui font souvent des amalgames.

An plis ke sa

Le ministère de l’Information irakien pour cible

Un violent incendie se déroulait tôt hier à Bagdad dans un centre commercial près du ministère irakien de l’Information, une nouvelle fois bombardé à l’occasion d’une sortie menée par des bombardiers américains.
Une énorme explosion était entendue, suivie de tirs intensifs de la DCA irakienne au-dessus de la capitale. Une autre, frappant le voisinage du ministère, faisait trembler les immeubles de la ville vers 2 heures du matin. Enfin, une nouvelle vague d’explosions était entendue vers 5 heures.
Rapidement, des pompiers étaient à l’oeuvre pour éteindre le sinistre ravageant le Centre commercial du 28-Avril, ainsi baptisé en référence à la date de naissance de Saddam Hussein.
Le Commandement central américain au Qatar a confirmé que des missiles Tomahawk avaient frappé délibérément le ministère de l’Information afin de « réduire les capacités de commandement du régime de Hussein ». Le quartier général des envahisseur s’est également félicité de ce qu’une combinaison « historique » de bombardiers ait frappé la capitale irakienne.

Démenti d’une capture annoncée

Le commandant Will MacKinlay, porte-parole de l’armée britannique, a démenti dimanche l’annonce faite auparavant concernant la capture d’un général irakien à Bassora. « Nous pensons que ce n’est plus le cas », a-t-il dit à la BBC.
Il a attribué la fausse nouvelle au « brouillard de la guerre ». « Nous n’avons pas de prisonnier de guerre ayant le rang de général », a renchéri le ministère britannique de la Défense. Le capitaine Al Lockwood, porte-parole des forces britanniques dans le Golfe, avait déclaré lors d’un point presse dans la journée de dimanche qu’un commando avait capturé un général irakien appartenant à la Garde républicaine.

Menace de ripostes suicide

Selon un bilan révisé à la baisse par le commandement américain, quatre soldats de la 3ème division d’infanterie ont été tués samedi matin par un kamikaze qui s’est fait exploser dans une voiture piégée à un barrage routier installé par l’armée au Nord de la ville de Nadjaf. La télévision d’État irakienne a identifié l’auteur de l’attentat comme un officier irakien qui a voulu donner « une leçon » aux troupes américaines.
Deux des plus hautes distinctions militaires irakiennes ont été décernées à titre posthume au kamikaze par le président Saddam Hussein. Le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a annoncé que l’Irak lancerait de nouvelles ripostes suicide contre les forces anglo-américaines. Il a également affirmé que des volontaires arabes affluaient par milliers pour combattre les Anglo-américains. « Nous aurons recours à toute méthode visant à stopper ou à tuer l’ennemi. Que font-ils dans notre pays ? Il faut qu’ils plient bagage et s’en aillent ! », a précisé le vice-président irakien lors d’une conférence de presse.


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