Irak

George W. Bush prêt à déclencher une guerre aux répercussions mondiales

Malgré la mobilisation des peuples et de la majorité de leurs dirigeants

18 mars 2003

Hier, la France, la Chine, la Russie et l’Allemagne ont répété leur opposition au vote d’un texte favorable à la guerre, défendu par George Bush, Tony Blair et José Maria Aznar. Ce projet de résolution a été retiré, laissant craindre une agression américaine malgré la position de la plupart des dirigeants du monde. « La position de la Chine est que la question irakienne doit être résolue dans le cadre des Nations Unies et qu’une solution politique doit être trouvée à travers le dialogue », a déclaré le ministre chinois Li Zhaoxing. Entre-temps, le président russe a rappelé à George Bush que la guerre est une erreur lourde de conséquence. De son côté, Dominique de Villepin a indiqué qu’« il n’y a pas de blocage » au travail des inspecteurs en désarmement et que « cette guerre aujourd’hui n’est pas nécessaire ». Pour le chef des experts de l’ONU en désarmement, l’attitude du président américain est stupéfiante.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Espagne ont retiré hier leur projet de résolution sur l’Irak et renoncent ainsi à obtenir un soutien de l’ONU à une guerre en Irak, a annoncé l’ambassadeur britannique aux Nations Unies.
L’ambassadeur de Grande-Bretagne à l’ONU, Jeremy Greenstock, a justifié le retrait du projet de résolution américano-britannique par l’absence de majorité pour la guerre au sein du Conseil de sécurité de l’ONU et par la menace du veto d’au moins deux membres permanents de cette instance de régulation mondiale : la France et la Chine.
Peu après cette annonce, l’ambassadeur de France à l’ONU Jean-Marc de la Sablière a indiqué que des consultations bilatérales s’étaient tenues au siège des Nations Unies au cours des heures précédentes et que « la majorité du Conseil ont confirmé qu’ils ne veulent pas d’un recours à la force ».
Il a confirmé les propos du ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin qui a souligné hier qu’« il n’y a pas aujourd’hui de majorité pour voter la guerre au Conseil de sécurité ». « Cette guerre aujourd’hui n’est pas nécessaire », a insisté le chef de la diplomatie française sur les ondes d’Europe 1, en répétant que « la France ne peut accepter la résolution qui pose un ultimatum et qui envisage le recours automatique à la force, et qui fait donc le jeu de la guerre ». « Je ne vois pas comment cette résolution peut être envisagée compte tenu de l’affirmation par les uns et par les autres d’un choix qui est celui d’avancer par le désarmement pacifique de l’Irak », a rappelé Dominique de Villepin.
« Cette guerre aujourd’hui n’est pas nécessaire », a-t-il répété. « On peut faire autrement », a poursuivi le ministre, rappelant que, pour la France, « il n’y a pas de blocage » au travail des inspecteurs en désarmement. « On voit bien aujourd’hui qu’on passe de la pression à la guerre », a ajouté Dominique de Villepin, qui regrette qu’une intervention armée puisse être décidée « sur une base unilatérale » : « c’est un choix qui ne nous paraît pas refléter les exigences de ce qui se passe ». « Nous pensons que les Nations Unies sont incontournables » pour « construire la paix » a-t-il précisé.
Plus tard dans le journée, Dominique de Villepin a estimé que l’heure était aux choix dans le dossier irakien. Il a estimé que « la communauté internationale était confrontée à un choix, à une responsabilité. Faut-il avancer dans la voie de la guerre alors même que les inspecteurs nous disent clairement qu’il y a la possibilité de continuer et d’avancer dans la voie d’un désarmement pacifique de l’Irak ? Nous pensons que non, qu’il y a une alternative et que nous devons l’explorer jusqu’au fond. Ce choix est devant nous ».
Au sujet des dirigeants des pays favorables à la guerre, le ministre a déclaré qu’ils doivent « prendre leurs responsabilités et le dire au monde ». Revenant sur le terme de « partie de poker » que le président américain George W. Bush a utilisée dimanche lors du conseil de guerre des Açores, qui réunissait le président américain et deux de ses rares soutiens pour ses projets actuels - Tony Blair et José Maria Aznar, le ministre français a rappelé que la guerre n’était « pas un jeu ». « Comparer la situation actuelle à une partie de poker ne permet pas de rendre compte de la situation actuelle », a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine : la guerre, « une erreur lourde des plus graves conséquences »
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré hier qu’une guerre en Irak serait « une erreur » qui mettrait en péril la sécurité internationale. « Nous sommes pour la résolution du problème exclusivement par des moyens pacifiques », a déclaré Vladimir Poutine, selon une dépêche de l’agence de presse russe Interfax. « Tout autre développement serait une erreur - lourde des plus graves conséquences, conduisant à des victimes et à la destabilisation de la situation internationale dans son ensemble », a-t-il rappelé. La Russie a participé activement aux efforts engagés par la France et l’Allemagne pour contrer les efforts menés par Washington pour faire adopter par le Conseil de sécurité un projet de résolution ouvrant la voie à la guerre. « Comme avant, ce projet n’a aucune chance d’être adopté au Conseil de sécurité », a souligné lundi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Iouri Fedotov, cité par Interfax.
Le chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU stupéfait par l’attitude de George W. Bush
Jugeant la situation autour de l’Irak « très menaçante », le chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU Hans Blix a déclaré dimanche suivre "heure par heure" le déroulement des événements. Il a également annoncé qu’il prévoyait toujours de présenter une liste d’obligations concernant le désarmement de Bagdad auxquelles Saddam Hussein devrait se soumettre dans les prochains mois. Après avoir écouté les déclarations des partisans de la guerre réunis dans une base militaire aux Açores, le responsable de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’ONU (COCOVINU) s’est dit stupéfait par « les propos (de George W. Bush - NDLR) sur la libération de l’Irak », alors que le Britannique Tony Blair et l’Espagnol Jose Maria Aznar tentaient encore de trouver un consensus au Conseil de sécurité de l’ONU.
Hans Blix a par ailleurs fait savoir qu’il avait accéléré la préparation de son rapport sur le désarmement de l’Irak à la demande de certains membres du Conseil de sécurité. Il devait être présenté hier. Il a assuré avoir reçu « beaucoup de documents de la part des Irakiens » ces deux dernières semaines. « Ils sont très enclin à la coopération, en conformité avec ce que demande la résolution », a-t-il ajouté. Le chef de la COCOVINU a précisé qu’il n’avait pas encore préparé l’évacuation des quelque 140 à 150 inspecteurs en désarmement opérant actuellement en Irak. Ceux-ci devraient poursuivre le travail sur le terrain hier « à moins qu’on les rappelle ». Il a enfin annoncé avoir discuté avec Mohammed El-Baradeï, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), d’une nouvelle visite à Bagdad. « Nous avons besoins d’une clarification des choses concernant ce que nous pourrions faire à Bagdad », a-t-il déclaré. De son côté, Mohammed El-Baradeï a annoncé hier que Washington avait recommandé aux responsables des inspections d’entamer le retrait des experts en désarmement.
Selon lui, cette recommandation a été faite dimanche soir à l’AIEA ainsi qu’à la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies (COCOVINU), qui s’occupe des volets chimique et biologique.
Il a ajouté que le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et le Conseil de sécurité avaient été informés et que le Conseil se saisirait de la question dans la journée de lundi.
Washington pousse le monde dans la guerre
La Maison Blanche a déclaré hier au sujet de ses projets de guerre que « la fenêtre diplomatique s’est refermée » pour le désarmement de l’Irak et a annoncé que le président américain George W. Bush ferait une déclaration télévisée dans la nuit. Son but est de faire porter à Saddam Hussein la responsabilité d’un conflit qui risque d’embraser le monde. Lors de cette intervention, le président Bush veut fixer un dernier ultimatum au président irakien, a précisé la Maison Blanche. « Il dira que, pour éviter un conflit militaire, Saddam Hussein doit quitter le pays », a déclaré son porte-parole Ari Fleischer. « La fenêtre diplomatique s’est refermée à la suite de l’incapacité de l’ONU à appliquer ses propres résolutions pour que Saddam désarme », a estimé Ari Fleischer.
9 Palestiniens tués par l’armée israélienne d’occupation
Pendant que George Bush ne cesse de menacer la paix dans le monde, son allié israélien Ariel Sharon profite de la situation pour intensifier la guerre menée contre le peuple palestinien. Neuf Palestiniens ont été tués hier matin durant des raids de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Deux d’entre eux, âgés d’une vingtaine d’années, ont été tués dans des circonstances indéterminées à Beit Lahia. Les sept autres, dont un bébé et un adolescent de 13 ans, ont perdu la vie dans le cas de réfugiés de Nousséirat. Certains d’entre eux ont été tués dans l’écroulement de leur maison.

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