Israël doit accepter un cessez-le-feu au Liban

2 août 2006

Au lendemain du bombardement meurtrier de Cana par Israël, les pressions se font vives en faveur d’un cessez-le-feu immédiat au Liban. Mais si Israël a réaffirmé son intention de poursuivre son offensive, l’État hébreu paraît de plus en plus isolé sur la scène internationale, à côté des États-Unis montrés du doigt comme complice. Aucune circonstance atténuante ne peut justifier le comportement des responsables israéliens.

Si les Nations Unies ont reporté sine die la tenue d’une réunion convoquée lundi après-midi par Kofi Annan et que le Conseil de Sécurité paraît toujours divisé, le projet de résolution discuté mardi à Bruxelles par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne appelle à "un cessez-le-feu immédiat" entre Israël et le Hezbollah libanais, selon des sources diplomatiques.
Dans le texte, "le Conseil appelle à un cessez-le-feu immédiat". Tous les ministres doivent encore se mettre d’accord sur ce document avant sa publication, selon un responsable européen. Le chef de la diplomatie finlandaise Erkki Tuomioja, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a exhorté ses homologues européens à signer une déclaration appelant à l’arrêt urgent des hostilités. La Grande-Bretagne se montre encore réticente. Mais le chef de la diplomatie allemande, Walter Steinmeier, aurait déclaré que Berlin était prêt à appeler à un cessez-le-feu immédiat.
Sur le terrain, les affrontements se sont poursuivis et Tsahal a annoncé que des unités avaient effectué une nouvelle incursion au Sud Liban, dans le secteur d’Aïta al Chaab, où elles opéraient pour la première fois.
Le Hezbollah a fait savoir de son côté que ses combattants résistaient farouchement à cette intrusion.
Des chasseurs israéliens ont largué deux bombes pour soutenir leurs troupes au sol et des tirs d’artillerie ont touché deux villages du Sud Liban. Un autre raid israélien a fait un mort et trois blessés parmi des militaires libanais dont il a détruit le véhicule.
Le Hezbollah a affirmé avoir tiré des roquettes contre un navire de guerre israélien et l’avoir atteint, au large du port libanais de Tyr. De source militaire israélienne, on dément qu’un bâtiment de la Marine ait été touché au large du Liban.
Quatre députés arabes israéliens ont été expulsés de l’assemblée pour avoir poussé des cris, l’un d’entre eux ayant traité Peretz de meurtrier.
Le bilan est d’au moins 577 morts au Liban, mais le ministre de la Santé a dit qu’en comptant les corps encore enfouis sous les décombres, il devrait atteindre 750.
Côté israélien, on déplore 51 morts.


En Israël, on s’interroge

A priori, la stratégie d’Ehud Olmert après la capture de deux soldats le 12 juillet en territoire israélien paraissait claire : récupérer les otages, nettoyer le Sud Liban et décourager les deux parrains du Hezbollah, la Syrie et l’Iran.
Mais les deux soldats capturés par le Hezbollah n’ont pas été récupérés, le Hezbollah continue à faire pleuvoir ses roquettes sur Israël et le bilan des pertes civiles libanaises monte en flèche. Aussi les doutes commencent-ils à s’insinuer dans l’opinion israélienne au sujet de la stratégie d’Olmert.
Mais le massacre de Cana, où 54 civils libanais ont été tués dimanche lors d’un raid israélien, semble avoir changé la donne.


Une offensive vouée à l’échec ?

La présidence de l’Union européenne a averti mardi que l’offensive israélienne dans le Sud du Liban a "peu de chances d’aboutir à un succès militaire" contre le Hezbollah et risque au contraire de déboucher sur un plus grand soutien au sein de la population libanaise de l’organisation chiite pro-iranienne.
Le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a estimé que l’offensive israélienne a "peu de chances d’aboutir à un succès militaire". Ce conflit, a-t-il souligné, va "à coup sûr renforcer le soutien au Hezbollah parmi la population de la région".


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