Après un gel de trois années

Israël/Palestine : Réouverture des négociations de paix

30 juillet 2013, par Céline Tabou

Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens ont repris lundi 29 juillet à Washington, après trois années de gel. Ces négociations se font au moment où Israël a décidé de libérer des prisonniers palestiniens provoquant une vive réaction des Israéliens. 

Pour le président israélien Shimon Pérès, il s’agit d’un «  jour très spécial  », car « le Moyen-Orient se trouve dans une situation orageuse. Nous espérons que le Moyen-Orient va surmonter sa tempête et parviendra à la paix ».

 

Washington médiateur

 

Le gouvernement américain a annoncé dimanche 28 juillet, la reprise des réunions entre Israéliens et Palestiniens dont les premières auraient lieu « lundi soir 29 juillet et mardi 30 juillet » pour « reprendre formellement les négociations directes » . Il s’agit de « développer un plan de travail qui déterminera comment les parties procèderont dans ces négociations au cours des prochains mois », selon le département d’Etat, cité par l’Agence France Presse.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry est parvenu la semaine dernière, après son sixième voyage dans la région, à trouver un accord pour cette reprise, gelée depuis septembre 2010. Ce dernier a convié le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à envoyer leurs négociateurs à Washington. Les négociations seront dirigées côté israélien par la ministre de la Justice Tzipi Livni et côté palestinien par le négociateur en chef Saëb Erakat, tandis que des responsables américains seront présents.

 

Des négociations fragiles

 

La décision du gouvernement israélien d’approuver la libération de 104 prisonniers palestiniens, arrêtés avant les accords d’Oslo en 1993 a été saluée par l’Autorité palestinienne, mais a provoqué des critiques de la part des Israéliens. Mais «  il s’agit d’une étape importante et (nous) espérons pouvoir saisir l’opportunité fournie par les efforts de l’administration américaine pour parvenir à un accord de paix durable et juste  », a indiqué le négociateur palestinien, Saëb Erakat. L’Autorité palestinienne a fait de cette libération une condition sine qua non pour reprendre un processus de paix.

Du côté israélien, les médias sont unanimes : « le gouvernement a choisi la pire des solutions », a indiqué le quotidien Maariv. Pour le quotidien Yediot Aharonot, « les assassins vont être libérés » , une opinion partagée par le Jérusalem Post, qui ajoute que « ces assassins vont être accueillis en héros à Hébron, Ramallah et Jénine » . Ce vent de contestation pourrait peser sur les négociations, mais pour Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, « il y a des moments où on doit prendre des décisions difficiles pour le bien du pays et c’est un de ces moments ».

Céline Tabou

Trois ans de gel des pourparlers

Les négociations de paix directes entre Israéliens et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été initiées à Oslo en 1993, année à laquelle une déclaration de principes sur une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans a été signée. En 1994, un accord sur l’autonomie de Gaza et Jéricho (Cisjordanie) est acté au Caire. Un an plus tard, les accords Oslo II sont signés, pour le retrait des Israéliens en territoire cisjordanien. En 1998, un accord intérimaire acte les modalités d’un retrait israélien de 13% de Cisjordanie.

L’an 2000 est un tournant. Lors de cette année, les Palestiniens et Israéliens débattent du problème de Jérusalem et des réfugiés de 1948. Deux mois après éclate la seconde Intifada (soulèvement palestinien). L’année suivante, des discussions sont engagées à Taba (Egypte) sur la base du plan du président américain Bill Clinton. Une feuille de route est élaborée par le Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) en 2003, prévoyant la création d’un Etat palestinien d’ici 2005 après la fin des violences palestiniennes et un gel de la colonisation israélienne.

Décembre 2008, une opération militaire israélienne se met en place dans la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne se retire des négociations en signe de protestation. Deux ans plus tard, les négociations reprennent, mais s’interrompent après la reprise par Israël de la colonisation dans les territoires occupés. Après une période de tension et de négociations, l’Autorité palestinienne appelle Israël à reprendre les négociations sur la base des lignes d’avant juin 1967, avec des « échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés » et du gel de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est annexée, dans une lettre à Benjamin Netanyahou.

En avril 2013, la Ligue arabe réitère sa proposition de paix de 2002, imposant le principe d’un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens, sous l’égide des Etats-Unis. Le 28 juillet 2013, le gouvernement israélien approuve la libération de prisonniers palestiniens permettant la relance des négociations.

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