Alors que le ministre américain de la Défense se trouvait en Irak, et à la veille d’une déclaration de George Bush estimant que les combats pour la conquête de ce pays sont terminés, pour la deuxième fois cette semaine, les soldats américains ont tiré sur des manifestants mercredi à Falloujah, à 50 kilomètres à l’Ouest de Bagdad, faisant deux morts et 14 blessés. Cette attaque a eu lieu moins de 48 heures après la répression qui aurait fait 13 morts et 75 blessés dans la même ville.
Un millier de personnes étaient descendues mercredi dans la rue pour protester contre la fusillade de lundi soir, s’arrêtant devant le siège de la 82ème division aéroportée américaine.

Le maire de Falloujah, Taha Bedaiwi al-Alwani, a fait état de deux morts et de 14 blessés, et a demandé l’ouverture d’une enquête et l’indemnisation des victimes. Il a précisé qu’il avait été demandé aux soldats américains de se tenir à l’écart des mosquées, zones d’habitations et d’autres lieux sensibles. « Beaucoup de gens pensent que ce sont des forces d’occupation », a-t-il souligné.
Les responsables de cette ville sunnite ont déclaré n’avoir vu ou entendu aucun tir provenant de la foule des manifestants. Les militaires américains se sont entretenus avec le maire de Falloujah et des religieux locaux pour tenter de prévenir de nouvelles violences. Plusieurs dizaines de manifestants en colère se sont massés devant l’hôtel de ville où se déroulaient les discussions.

Mercredi, une manifestation en faveur de Saddam Hussein, dans une ville proche de Bagdad avait tourné au drame. Les troupes d’occupation avaient tiré dans la foule.
« Treize Irakiens qui manifestaient en faveur de Saddam Hussein ont été tués, et 45 autres blessés suite à des tirs de troupes américaines » lundi soir ont affirmé des personnes présentes à un photographe de l’AFP sur place. « Les tirs se sont produits lorsque 500 manifestants brandissant des portraits de Saddam Hussein et des drapeaux irakiens se sont rapprochés d’un école occupée par des soldats américains », a indiqué un témoin, Mohammed Hamid.
La version est très différente du côté des troupes US. Un officier américain a précisé que les soldats ont tiré pour « se défendre ». Selon lui, « des manifestants ont tiré dans notre direction et nous avons riposté ». Un autre témoin, qui n’a pas voulu être identifié, affirme lui, que les soldats américains n’ont pas été « menacés par les manifestants qui célébraient le 66ème anniversaire » du président déchu. Sur les 13 tués, six sont des enfants âgés entre 7 et 8 ans, a affirmé ce témoin.

Les obsèques des victimes, enveloppées dans un linceul blanc, avaient lieu mardi matin à Falloujah. Des manifestants brandissaient le drapeau irakien alors que le cortège était survolé par un hélicoptère de l’armée américaine.