Bagdad sous le menace des jihadistes

L’armée irakienne maintient la pression

16 juin 2014, par Céline Tabou

En Irak, la progression des rebelles sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a été ralentie par l’armée irakienne. Se dirigeant vers la capitale, Bagdad, l’armée est parvenue par des contre-offensives à freiner les jihadistes.

Entre le 10 et le 12 juin, les jihadistes se sont emparés de la deuxième ville d’Irak, Mossoul, sa province Ninive (nord), Tikrit et d’autres régions de la province de Salaheddine, et d’importantes villes dans les provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). L’objectif de l’EIIL est de créer un Etat islamique dans une zone frontalière entre l’Irak et la Syrie Cette progression rapide serait due à l’inertie de la communauté internationale en Syrie, pour l’ex-médiateur des Nations Unies, Lakhdar Brahimi.

Protéger Bagdad des rebelles

Selon les informations récoltées par l’Agence France Presse, des photos diffusées sur internet, non authentifiées, montrent des exécutions des dizaines de membres des forces de sécurité irakiennes par les jihadistes, dans la province de Salaheddine.
De leur côté, les forces de sécurité irakiennes auraient tué 279 terroristes au cours des dernières 24 heures, a annoncé dimanche 15 juin, à la télévision le porte-parole chargé de la sécurité auprès du Premier ministre Nouri al-Maliki, le lieutenant-général Qassem Atta.
Un plan de sécurité a également été annoncé pour protéger la capitale, d’ailleurs, des milliers de citoyens se sont portés volontaires pour prendre les armes, suite à l’appel lancé par le gouvernement et le grand ayatollah, Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak.
Dans le nord de Baqouba, l’un de ces centres de recrutement a été visé dimanche 15 juin par des tirs d’obus de mortier, faisant six morts dont trois soldats. A 150 km au nord-est de Bagdad, à Khanaqine, six combattants des forces kurdes (Peshmergas) ont été tués dans un raid aérien de l’armée irakienne contre un convoi, a révélé l’AFP.

Le conflit syrien mis en avant

L’ancien émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a estimé dans un entretien avec l’AFP, que l’offensive jihadiste et la confusion en Irak avaient pour cause l’inertie de la communauté internationale face au conflit en Syrie. Un conflit qui dure depuis 2011 et n’a pas trouvé de solution, alors qu’en Lybie, la situation avait entrainé l’intervention quasi immédiate des forces étrangères dans le pays.
Pour Lakhdar Brahimi, « un conflit de ce genre ne peut pas rester enfermé dans les frontières d’un seul pays. Malheureusement on a négligé le problème syrien et on n’a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat ». Pointant du doigt la responsabilité des Américains, ce dernier a assuré que « l’Irak ne s’est jamais vraiment remis de l’invasion américaine de 2003 et cette grosse blessure s’est infectée avec le conflit syrien ».
Ce dernier a expliqué qu’en arrière plan se situait un conflit entre sunnite et chiite, les sunnites, au pouvoir sous Saddam Hussein, s’estimaient marginalisés par les autorités à majorité chiites. Ainsi, « des sunnites vont soutenir les jihadistes, non pas parce qu’ils sont jihadistes mais parce que l’ennemi de mon ennemi est mon ami », a indiqué Lakhdar Brahimi.

Réactions étrangères en cascade

Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, les pays voisins de l’Irak doit se présager d’une guerre par « procuration entre les différentes puissances régionales ». De son côté, les Etats-Unis ont déployé dans le Golfe un porte-avions, pour permettre à leurs forces armées de « disposer de plus de flexibilité si une opération militaire américaine devait être déclenchée pour protéger des vies américaines, des citoyens ou nos intérêts en Irak », selon le Pentagone.
Cette annonce a entrainé une réaction vive de l’Iran, voisin de l’Irak. Le pays s’est dit hostile à toute intervention militaire étrangère, ce qui « compliquerait encore davantage la situation ». Pour le pays, l’Iran s’est dit prêt à aider Bagdad pour lutter contre l’offensive jihadiste sans pour autant intervenir sur son sol. Le président iranien Hassan Rohani a assuré qu’une « intervention des forces iraniennes n’est pas à l’ordre du jour », précisant « qu’il était possible qu’on nous demande des conseils pour combattre le terrorisme ».
Pour l’heure, la situation humanitaire en Irak se dégrade de jour en jour, l’insécurité se généralise, plus d’un demi-million de personne a fui les villes prises par les jihadistes, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). « Nous prévoyons une crise humanitaire prolongée », a affirmé le coordinateur des urgences de l’OIM à Bagdad, Mandie Alexander.

Céline Tabou

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