« Le statu quo est intenable »

L’Assemblée nationale pour la reconnaissance de l’Etat palestinien

4 décembre 2014, par Céline Tabou

Le 2 décembre, les députés français ont adopté à 339 voix pour et 151 contre, la résolution socialiste sur la reconnaissance de l’Etat palestinien. Un texte non contraignant pour le gouvernement, mais qui a une portée hautement symbolique. Un mois avant les députés, le groupe CRC du Sénat avait déposé une résolution demandant la reconnaissance de la Palestine par la France, un texte signé par Paul Vergès. L’Assemblée nationale et le Sénat parlent donc d’une même voix.

Le texte adopté mardi par les députés affirme que « le statu quo est intenable » et « invite le gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit ». Voté sans l’opposition, les plus farouches comme Pierre Lellouche, les très pro-israéliens tels que Claude Goasguen, Christian Estrosi, Hervé Mariton et, pour l’UDI, Meyer Habib, ont rejeté en bloc la résolution.
A gauche, les communistes, historiquement militants de la cause palestinienne, ont vivement participé aux débats, ainsi que les socialistes à l’initiative du texte : Benoît Hamon, François Loncle, Gwenegan Bui.

Une tension palpable tout de même

Un mouvement européen de reconnaissance s’est mit en place ces derniers mois, qui a été suivi par les socialistes français. En effet, en octobre, la Suède a voté la reconnaissance, par la suite les Parlements britannique et espagnol sont allés dans le même sens. La résolution française réaffirme une position constante de la politique étrangère française, tracée par Charles De Gaulle et François Mitterrand avec son discours devant la Knesset en 1982, a indiqué l’agence de presse.
Durant un long moment, les avis divergeaient, car certains socialistes étaient d’accord pour un Etat palestinien, mais à l’issue des accords de paix. Pour les partisans de la résolution, le texte permettra de relancer les pourparlers, mais pour ses détracteurs, elle pourrait braquer l’Etat hébreu.
« Vous adressez un message négatif à un ami de toujours, Israël, et un encouragement à un mouvement terroriste », a ainsi fustigé Christian Estrosi (UMP). Pour masquer son opposition, la Droite a accusé le gouvernement « d’arrière-pensée politicienne ». Une position dénoncée par les députés PS, dont Bruno Le Roux, qui a assuré qu’ « on ne doit pas confondre ce conflit avec les difficultés de notre République ».
Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a rappelé que l’exécutif est « seul juge de l’opportunité politique » de reconnaître l’Etat palestinien, nullement engagé par l’initiative parlementaire. « La France reconnaîtra la Palestine, ce n’est pas une faveur, pas un passe-droit, c’est un droit », a-t-il réitéré.

Les Palestiniens saluent cette décision

Les Palestiniens ont salué le vote des députés français. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, a remercié, via l’Agence France Presse, le Parlement et le peuple français. Hanane Achraoui, une dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a de son côté appelé dans un communiqué le gouvernement français à traduire le vote de son Parlement en acte.
Etat observateur à l’Organisation des Nations Unies depuis 2012, la Palestine mène une vaste campagne internationale destinée à obtenir toutes les reconnaissances internationales qu’il lui est possible d’avoir. Celle campagne commence à porter ses fruits, après le vote de la France, de la Suède, du Royaume Uni et de l’Espagne.
Pour Riyad al-Malki, « cette décision française va sans aucun doute encourager à la reconnaissance de la Palestine en Europe ». « Malgré les pressions américaines et israéliennes, et celles du lobby juif, le Parlement français a exprimé la volonté du peuple français qui soutient la liberté et dénonce l’occupation », a-t-il ajouté.
La présidence palestinienne a de son côté salué « une décision courageuse (…) qui relance l’avenir de la paix en Palestine et dans la région, dans l’intérêt de la solution à deux Etats avec l’instauration d’un Etat indépendant de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale ». Lee Hamas a estimé que « ce texte reflète les appels à travers le monde à donner aux Palestiniens leurs droits », selon Sami Abou Zouhri, son porte-parole à Gaza.

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