La tension s’aggrave

L’Égypte, au seuil d’une guerre civile ?

4 juillet 2013, par Céline Tabou

En dépit de l’ultimatum de l’armée, le président Mohammed Morsi s’est dit prêt au « martyre », alors que l’état-major a annoncé sa détermination à défendre « le peuple égyptien ». À la télévision, le président a défié l’armée indiquant qu’elle n’avait pas le droit de se substituer à l’ordre légitime.

« Le prix de la préservation de la légitimité, c’est ma vie », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était « le premier président librement élu de l’histoire de l’Égypte » . Pour Mohammed Morsi, seule la « légitimité » était « la seule garantie contre l’effusion de sang » . Utilisant les réseaux sociaux, les autorités égyptiennes ont appelé « les forces armées à retirer leur mise en garde » , suite à l’ultimatum du ministre de la Défense, Abdel Fattah al-Sissi.

Tension et incertitude

En réponse, le Conseil suprême des forces armées a publié à son tour sur les réseaux sociaux, un communiqué menacé, indiquant que l’état-major était prêt à verser son sang contre « les terroristes, les fous et les radicaux » . « C’est de notre devoir de mourir plutôt que de laisser quiconque terroriser ou menacer le peuple égyptien » , a ajouté l’armée.

Dans les rues, de violents incidents ont éclaté au Caire, notamment sur le campus de l’université où s’étaient rassemblés des milliers de manifestants pro-Morsi dénonçant l’ultimatum de l’armée. Ces derniers auraient été attaqués par des groupes d’opposants. Seize personnes auraient perdu la vie et 200 autres sont blessées parmi les partisans de Mohammed Morsi, d’ailleurs sept autres personnes ont été tuées dans des incidents à Gizeh, près des pyramides.

Pour le Front de salut national (FSN), l’opposition libérale, laïque et de gauche du président, le discours de ce dernier est un « appel à la guerre civile » . De son côté, le mouvement Tamarod (rébellion), à l’origine de la mobilisation de dimanche, a demandé que « le président contesté soit arrêté par la garde républicaine et déféré devant un tribunal » , a indiqué l’Agence France Presse.

Vers une nouvelle transition politique ?

La feuille de route de l’armée, intitulée “Aujourd’hui, le licenciement ou la démission”, met en avant une série de propositions visant à un retour à la stabilité. Publiée dans le quotidien gouvernemental “Al-Ahram”, cette feuille de route prévoit l’application de la revendication de l’opposition de nommer un conseil présidentiel de trois membres. Mais aussi la suspension de la Constitution lors de la transition sous la supervision de l’armée. Des experts devront rédiger une nouvelle loi fondamentale « tenant compte des exigences des différentes composantes du peuple avant d’être soumise à référendum » , a expliqué le quotidien “Al-Ahram”.

« Un gouvernement intérimaire sans appartenance politique » devrait être formé pour « la période de transition » sous « la direction d’un des chefs de l’armée » . Ces autorités de transition devront alors « préparer des élections présidentielles et législatives dans l’ordre qui sera déterminé par la nouvelle Constitution » .

« L’armée, durant toute la période de transition, supervisera ces procédures (...) afin d’assurer leur mise en œuvre en toute impartialité » , a indiqué le journal, cité par RTL.fr. l’armée a d’ailleurs indiqué que les Frères Musulmans seraient placés « sous contrôle » , dont est issu Mohammed Morsi, évoquant des « résidences surveillées » , des « avoirs bloqués » et des interdictions de quitter le pays à l’encontre de certaines membres des Frères musulmans et de leur vitrine politique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ).

Céline Tabou

Accélération des événements

Hier soir, après l’expiration de l’ultimatum lancé par l’armée au président de la République, les choses s’accélèrent.

Plusieurs sources sécuritaires égyptiennes ont affirmé que le président, ainsi que plusieurs hauts responsables des Frères musulmans ne pouvaient plus quitter le territoire. L’information a été confirmée à l’AFP par des responsables de l’aéroport du Caire. Les avions de l’armée égyptienne continuaient à survoler à basse altitude la place Tahrir, signe de leur soutien aux manifestants anti-Morsi.
Turquie : Le gouvernement désavoué par la justice

C’était la décision qui a fait descendre dans la rue des milliers de partisans du maintien d’un État laïc en Turquie : la construction d’une mosquée dans un parc très fréquenté d’Istanbul.

Hier, la justice a décidé de stopper le projet. Elle le considère contraire aux règles de l’urbanisme.

Ce jugement est un revers considérable pour le pouvoir, qui avait mis tous les moyens pour évacuer par la force les manifestants opposés à sa politique.
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