La justice américaine condamne les autorités palestiniennes

La justice des Etats-Unis instrumentalisée pour satisfaire des objectifs politiques

25 février 2015, par Céline Tabou

Le 24 février, la justice américaine a condamné l’Autorité palestinienne (AP) et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à payer 192 millions d’euros aux familles de victimes américaines d’attentats commis en Israël en 2002 et 2004.

L’adhésion de l’État palestinien à la CPI doit permettre de juger les Israéliens responsables de crimes de guerre en Palestine. Les Etats-Unis ont donc choisi de contre-attaquer en utilisant leur justice.

Opposés à la reconnaissance d’un Etat palestinien, les Etats-Unis ont durant ces dernières années mené la charge contre les organisations palestiniennes, en soutien aux dirigeants israéliens. Un jury populaire de l’État de New York a condamné, lundi 23 février, l’OLP à verser 218 millions de dollars (192 millions d’euros) d’indemnités aux familles de victimes d’attentats commis en Israël pendant la seconde Intifada, entre 2002 et 2004.

Près de 400 millions d’euros demandés

Les familles des 11 victimes israélo-américaines décédés à Jérusalem ont saisi la justice américaine, suite aux six attentats attribués aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa et au Hamas, qui ont fait 33 morts et plus de 450 blessés. Elles avaient réclamé 350 millions de dollars d’indemnités, mais après six semaines de procès, la somme a été fixée à 218 millions de dollars. Une enveloppe qui pourrait tripler en vertu de la loi antiterroriste américaine.

Pour Nitsana Darshan-Leitner, un des avocats des familles des victimes, « l’OLP et l’AP savent désormais que le soutien au terrorisme a un coût ». Selon les familles des victimes, l’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat et son entourage « faisaient en sorte que les employés de l’OLP qui voulaient commettre des attentats soient payés et que les familles de ceux qui y laissaient la vie soient dédommagées », a cité l’agence de presse Reuters.

Ce procès à forte dimension politique s’est déroulé après l’adhésion de l’Autorité palestinienne à la Cour pénale internationale (CPI), qui lui permet de poursuivre des responsables israéliens, mais aussi palestiniens, pour crimes de guerre. Le ministre des affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, a estimé que la décision du jury américain était « avant tout une victoire morale pour l’Etat d’Israël et pour les victimes du terrorisme ».

Qualifiée de « décision historique » Nitsana Darshan-Leitner, l’une des avocates des plaignants, cette dernière a ajouté que cela « ne va pas ramener les membres de ces familles ni panser leurs blessures physiques et morales, mais c’est véritablement un acte de justice qui va leur permettre de tourner la page après des années de souffrance tragique ».

L’AP fera appel de la décision

De leurs côtés, les avocats de l’OLP et de l’Autorité palestinienne ont plaidé le fait que les deux entités avaient condamné les attentats et que ceux-ci avaient été le fait de fonctionnaires subalternes n’obéissant pas à leur hiérarchie.
L’avocat de l’Autorité palestinienne Mark Rochon a affirmé que les organisations ne devaient pas être tenues pour responsables de ces attaques « folles et terribles ». D’autant qu’il « n’y a pas de preuve concluante que les dirigeants de l’Autorité palestinienne ou de l’OLP aient été impliqués dans la préparation de certains actes de violence spécifiques ou qu’ils les aient approuvés ».

Pour le gouvernement, cette décision est la dernière tentative en date des actions « des radicaux anti-paix en Israël d’utiliser le système légal américain pour faire avancer leurs objectifs politiques et idéologiques étriqués ».

Ajoutant que la décision du jury sert « le blocage de la solution des deux Etats, l’expansion des colonies illégales sur nos terres, la poursuite des attaques et du détournement des ressources limitées de l’OLP et de l’Autorité destinées aux services vitaux pour notre peuple, et la volonté de détourner l’attention du public des inégalités et des injustices que subissent les Palestiniens au quotidien et que nous essayons de combattre dans le strict cadre légal ».

L’Autorité palestinienne a annoncé son intention de faire appel. « Les charges retenues contre nous n’ont aucun fondement. De plus, le tribunal de New York ignore les précédents jugements rendus par d’autres tribunaux américains […] Nous ferons appel et nous savons que nous gagnerons », a affirmé un communiqué du gouvernement de l’Autorité palestinienne à son siège à Ramallah en Cisjordanie occupée.

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