Elias Sanbar. Palestine-Israël : le piège du diktat américain - 3 -

« La seule revendication légitime, c’est celle de l’unification du peuple de Palestine »

15 janvier 2009

Dans la dernière partie de son entretien paru dans ’l’Humanité’ (voir ’Témoignages’ des 13 et 14 janvier 2009), Elias Sambar, représentant de la Palestine à l’UNESCO, fait part de l’inquiétude de la presse israélienne suite à l’élection de Barack Obama.

N’êtes-vous pas inquiet des déclarations de Tzipi Livni qui veut un État palestinien pour y déverser tous les Arabes israéliens ?
- Elias Sanbar. Si bien sûr, et encore plus de Netanyahou qui, avec les pires extrémistes au sein du Likoud, risque de gagner les élections. Ce qu’il faut dire, c’est qu’une illusion fantastique a été entretenue pendant quinze ans à coups de sondage. On demandait aux Israéliens : « Êtes-vous pour un État palestinien ? », et selon les moments, 60 à 80% répondaient oui. « Formidable ! », s’écriait-on, les Israéliens sont pour la paix ! Mais jamais on n’est rentré dans le détail de ce que signifiait pour eux un État palestinien. Quand on demande aux gens : « Voulez- vous la paix ? », il n’y a que les malades mentaux pour dire non. Si on ne donne pas un contenu à cette paix, ça ne veut rien dire.

Y a-t-il un risque de voir la main mise du Hamas sur Gaza s’étendre à la Cisjordanie ?
- Il existe, mais atténué par le fait que le gouvernement est plus présent, la police plus entraînée, mieux déployée et parce que le terrain est différent. En Cisjordanie, les zones israéliennes et palestiniennes sont totalement enchevêtrées. C’est difficile pour le Hamas de faire la jonction. Mais il faut reconnaître leurs points forts. Par exemple, ils ont la meilleure chaîne de télévision, qui fonctionne sur le modèle de celle du Hezbollah libanais, “Al Manar”.

Pensez-vous une union nationale encore possible entre le Hamas et le Fatah ?
- Oui, mais le problème n’est pas là. La seule revendication légitime, c’est celle de l’unification du peuple de Palestine. C’est cela qui est fondamental et qu’il faut à tout prix restaurer.
(...)

Qu’attendez-vous de l’élection de Barak Obama ?
- Son élection m’a beaucoup ému au plan humain et politique. Il est jeune, brillant, il est issu d’une minorité. Mais beaucoup de gens ont oublié l’essentiel : il est Américain et il va continuer à travailler dans le sens de la suprématie de son pays. Là où j’ai un peu d’espérance, c’est qu’il veut désamorcer certains conflits, se retirer d’Irak, parler avec l’Iran. Or, toute décompression dans la région ne peut qu’être favorable à la Palestine. Si on veut enlever de la tension au Moyen-Orient, on ne peut pas continuer à en accumuler dans ce qui en est l’épicentre. D’ailleurs, il y a une chose qui ne trompe pas : Israël n’est pas tranquille. On sent une inquiétude dans la presse.

Jérusalem sera en 2009 “Capitale culturelle du monde arabe”. Comment cela se prépare-t-il et est-ce qu’Israël va l’admettre ?
- Israël ne l’admet pas, mais cela va se faire. Célébrer Jérusalem à Jérusalem et dans tout le monde arabe, c’est important. On prépare des célébrations partout. Par exemple, la grande cérémonie d’ouverture n’aura pas lieu à Jérusalem, mais à Bethléem, le 22 janvier. Il y aura toute une série de manifestations culturelles, mais elles seront aussi politiques dans la mesure où l’intitulé même : “Jérusalem, capitale culturelle du monde arabe”, est politique.

(Fin)


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