Famine dans la Corne de l’Afrique

La solidarité peine à s’organiser

6 août 2011

La Corne de l’Afrique (péninsule de l’Afrique de l’Est) subit actuellement une forte sécheresse. Elle a déjà tué des dizaines de milliers d’Africains. Elle menace des millions d’autres personnes. Les associations d’aides humanitaires appellent à la générosité de tous. Mais à La Réunion, comme en France, la solidarité peine à s’organiser. Pourquoi ? Chacun y va de son explication, mais personne ne semble avoir de véritable solution.

« La famine en Afrique ne mobilise pas les Réunionnais ». C’est un constat dressé par plusieurs associations humanitaires de l’île. Depuis le début de la crise qui touche la Corne de l’Afrique, la Croix-Rouge a ainsi collecté une centaine d’euros en un mois. Si elle n’a pas encore de données chiffrées, le constat est le même pour Marie-Louise Ferdinand, directrice du Secours catholique à La Réunion.



« Pourquoi les Réunionnais ne donnent-ils pas pour l’Afrique alors qu’ils sont nombreux à se réclamer des origines africaines ? », s’interroge Samuel Mouen, président de l’Amicale des Amis de l’Afrique. « Je ne sais pas », répond Henri Claude Robert, directeur de la Croix-Rouge à La Réunion. « Ce que nous savons, c’est que la tendance est la même en Métropole », signale-t-il. 



A force d’insistance, les responsables d’associations humanitaires acceptent finalement de livrer leur analyse sur cette situation. « Les gens sont peut-être fatalistes face à la famine. Ils voient que l’Afrique est toujours touchée par ce type de catastrophe. C’est peut-être entré dans les habitudes », suppose Henri Claude Robert.


Marie-Louise Ferdinand partage cette analyse. « La famine est un processus lent. Ce n’est pas un cataclysme qui survient soudainement et qui fait immédiatement d’énormes dégâts comme un tsunami ou un tremblement de terre », commente-t-elle. « Ces événements frappent davantage les gens. Ils sont alors plus enclins à donner », ajoute-t-elle.



Ce fut le cas lors du tsunami en Indonésie en 2004 ou encore lors du tremblement de terre à Haïti en 2010. « Les Réunionnais avaient été très généreux lors de ces moments », indique Marie-Louise Ferdinand. 100.000 euros avaient par exemple été collectés par le Secours catholique à La Réunion pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre à Haïti. « Les Réunionnais sont généralement généreux. Surtout lorsqu’il s’agit d’aider Madagascar. Mais là, c’est vrai que nous ne comprenons pas cette inertie », affirme le directeur de la Croix-Rouge.



Samuel Mouen avance une autre explication. Les médias ne joueraient pas le jeu de la médiatisation de la catastrophe qui touche la Corne d’Afrique, selon lui. « Lorsqu’il s’agit de parler de Coupe du monde de football, tous les regards sont tournés vers l’Afrique. Mais quand le continent est touché par une grave famine, il n’y a plus personne », s’insurge-t-il. « Si les gens ne savent pas la réalité de ce qui se passe là-bas, c’est normal qu’ils ne bougent pas », explique-t-il. Henri Claude Robert acquiesce : « Il est vrai que les médias sont plutôt silencieux à propos de ce désastre ».

C’est pour tenter de médiatiser « la détresse de la Corne de l’Afrique » que l’Amicale des Amis de l’Afrique souhaite lancer une vaste campagne de communication. Télévision, radio, presse écrite, affichage, manifestation de soutien humanitaire, toutes les voies seront utilisées dans les prochaines semaines pour mobiliser les Réunionnais. Une première réunion d’organisation est prévue aujourd’hui à l’espace Afrique (11 allée des Pierres de Lunes à Saint-Denis). « Toutes les bonnes volontés sont la bienvenue ». La Croix-Rouge prévoit également de lancer une campagne de collecte de fonds dans les prochaines semaines.



Un concert de solidarité pour la Corne de l’Afrique est également en préparation pour la fin du mois d’août. Le projet est porté par l’association DKR et son directeur, Jeremy Lako. « Le projet est bien avancé. Nous avons obtenu une sono gratuitement, des artistes ont été contactés et ont tout de suite dit oui. Si d’autres artistes veulent participer à l’événement, on leur souhaite la bienvenue. Il ne nous manque plus que le lieu où se déroulera le concert », détaille-t-il. 



L’entrée devrait être fixée à 5 ou 8 euros. « Les fonds collectés seront versés à des associations d’aide humanitaire. Il faut que tout le monde participe. Même si des gens ne veulent pas venir au concert, qu’ils achètent au moins le billet en signe de solidarité », insiste Lako.



Pour rappel, l’ONU estime que 2 milliards d’euros sont nécessaires pour venir en aide « efficacement » à la Corne de l’Afrique. Pour l’heure, 1 milliard d’euros ont été collectés (dont 30 millions pour la France). A titre de comparaison, 150 milliards d’euros ont été débloqués par l’Union européenne pour éviter la faillite de la Grèce.

Emeutes de la faim

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus