Au moment où des discussions commencent entre les Libyens

Le gouvernement va-t-il récupérer les 415 millions de dollars prêtés aux rebelles ?

1er août 2011, par Manuel Marchal

Au lendemain de l’assassinat du chef d’état-major des rebelles, le gouvernement libyen annonce qu’il est en contact avec la Direction de l’insurrection à Benghazi. De telles discussions n’entrent manifestement pas dans les plans de Paris, ce qui amène à de se demander ce que deviendront les 415 millions de dollars que les rebelles doivent incessamment recevoir sous forme de prêt. La France reverra-t-elle cet argent ? Qui paiera cette gabegie ?

À l’heure où le gouvernement ne cesse d’accentuer la rigueur, il est une nouvelle qui va faire parler d’elle. Selon une dépêche de l’AFP datée de samedi, plusieurs pays ont décidé d’aide massive pour soutenir les rebelles en Libye. Ali Tarhuni, chargé des Affaires économiques des insurgés, a annoncé que la Turquie vient de faire un prêt de 200 millions d’euros. « Le prêt turc vient s’ajouter à un prêt de 180 millions de dollars de la part du Koweït, tandis qu’un autre prêt de 415 millions de dollars de la France était attendu "dans les prochains jours", a précisé M. Tarhuni », écrit l’Agence France Presse.
Contrairement à la Corne de l’Afrique, où la France apparaît en 17ème position des donateurs, le gouvernement UMP lui fait faire la course en tête. Mais depuis vendredi, la situation est en train de basculer en Libye. Si Alain Juppé avait annoncé que la guerre serait courte, c’est la seule chose pour laquelle l’UMP pouvait avoir raison. Pour le reste, plus les heures passent et plus la stratégie de Paris prend l’eau.
En effet, vendredi, les rebelles ont annoncé l’assassinat de leur chef d’état-major. Ce fait s’est déroulé dans la ville de Benghazi, leur quartier général. Les rebelles attribuent cet assassinat à une bande armée dont ils disent ignorer pour qui elle travaillait.

Les discussions n’arrangent pas l’UMP

Vendredi soir, le gouvernement libyen a accusé Al-Qaïda d’avoir perpétré le crime. Aucun des deux belligérants n’accuse l’autre d’avoir agi. Cela laisse donc la porte ouverte au dialogue.
C’est d’ailleurs cette ouverture qu’a confirmée Tripoli, selon l’AFP : « le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que le régime du colonel Kadhafi était en contact avec des membres du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion ». Et de citer ces propos : « "Il y a des contacts avec Mahmoud Jebril (numéro deux du CNT), avec (Ali) Al-Issaoui (responsables des relations extérieures), (le dignitaire religieux) Ali Sallabi et d’autres", a déclaré M. Kaaim au cours d’une conférence de presse ».
C’est dans ce contexte que doit être apprécié le combat qui s’est déroulé à Benghazi entre les rebelles et des partisans du gouvernement libyen. Avant l’ouverture officielle des négociations et le cessez-le-feu, cette offensive des loyalistes contribue à dessiner le rapport de forces qui fixera les termes du débat.

Paris discrédité

Tout cela ne fait pas le jeu du gouvernement. L’UMP a tout misé sur le renversement du régime en Libye, mais pas sur le règlement de la question par un dialogue inter-libyen. Chacun a d’ailleurs bien noté les prises de position très claires de Nicolas Sarkozy vis-à-vis du gouvernement libyen. Le président de la République a été le premier à reconnaître les rebelles comme seuls représentants de la Libye, il a été à l’initiative de la guerre et il a même fait voter sa majorité parlementaire dans le sens de la poursuite de la guerre.
Si rien ne vient plomber les discussions entre les Libyens, alors il y a fort à parier que Paris ne reverra pas l’argent prêté aux rebelles. Car qui pourrait obliger le gouvernement libyen à rembourser ?
Se posera alors la question de la coupable légèreté de l’UMP dans cette affaire. Le procès en responsabilité ne fera alors que commencer, et gageons qu’il ne concernera pas seulement 415 millions de dollars prêtés sans garantie au moment où l’UMP accentue son plan d’austérité.

Manuel Marchal

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