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Le Hezbollah - 5 -
30 août 2006
Nous publions aujourd’hui la dernière partie, et suite du chapitre diffusé hier, de l’article consacré au Hezbollah écrit par Michel Hajji Georgiou et Michel Touma, journaliste du quotidien “L’Orient le Jour”.
Espace ou territoire ?
S’il est une question, une problématique qui se dégage d’elle-même, à la lumière du parcours politique du Hezbollah tel que nous avons tenté de le retracer, c’est bien celle de l’appartenance de cette formation à un ensemble déterminé, - que cet ensemble soit de nature territoriale et nationale, ou bien plus vaste, reposant sur des liens qui dépassent le simple cadre territorial, et qui sont plutôt de nature “spatiale”. C’est là chose courante dans le monde islamique, dans la mesure où la référence absolue des croyants est la “oumma”, ensemble bien plus vaste que celui du territoire national. Il est effectivement légitime de se poser cette question, éminemment “politologique”, compte tenu des conséquences qu’elle entraîne actuellement sur le débat politique - et politicien - à l’échelle nationale, en l’occurrence sur l’opportunité pour le Hezbollah de remettre ses armes à l’État (conformément au principe du monopole de la violence légitime) et de renoncer à la poursuite de la Résistance en tant que groupe “extra étatique” ou “a-étatique”, hors du cadre de l’armée.
Le Hezbollah est, à l’origine, comme on l’a vu, un parti islamiste. L’apport iranien - celui des Pasdaran - est consubstantiel à sa formation. Son apparition sur la scène libanaise est directement liée à un facteur qui dépasse le contexte du territoire libanais, celui de la Révolution iranienne. À sa formation, le parti a recruté - et recrute - exclusivement dans les milieux chiites, de préférence islamistes, ce qui en soi ne sort pas particulièrement de l’ordinaire, puisque tous les partis-milices à l’époque de la guerre étaient fondés sur une “açabiyya” communautaire (l’esprit de corps, tel que défini par le sociologue maghrébin du 14ème siècle Ibn Khaldoun), ces milices mobilisant à travers une “da’wa” (prédication) de nature plus ou moins religieuse.
Tout tend à prouver, à première vue, que le Hezbollah évolue donc, à ses débuts, comme une communauté politique peu sensible à toute culture territoriale, voire même qui se développe en marge de cette culture, privilégiant une culture de l’espace. La base de cette culture non-territorialisée tiendrait du fait historique selon lequel la communauté chiite a toujours été marginalisée par rapport aux autres communautés libanaises dans le cadre de la construction de l’État. De même, aussi bien la Békaa que le Liban Sud, fort représentatifs de la périphérie libanaise, ont été marginalisés dans l’édification de l’État par rapport au centre sur le plan du développement. Il en découlerait, dès lors, une propension naturelle de la part de cette communauté à s’organiser, sous la forme du Hezbollah, en “açabiyya” (communautaire) en révolte contre le centre politique et économique (et aussi contre ses propres féodaux), et à rejeter, dès lors, toute assimilation avec une culture territoriale et stato-nationale qui n’a jusqu’à présent fait que très peu cas d’elle.
De par sa création même, dans un espace politiquement abandonné par l’État, le Hezbollah se situerait d’entrée de jeu dans une perspective para-étatique, sinon anti-étatique. On pourrait donc lui attribuer, d’emblée, une volonté naturelle de s’émanciper de tout ordre territorial imposé par d’autres. Ce n’est guère surprenant à une époque où l’État a, de surcroît, quasiment cessé d’exister, du fait de la guerre.
La Résistance islamique au Liban... devient progressivement “nationale”
Cependant, le problème du point de vue de l’analyse se complique dès lors qu’il est question, pour le Hezbollah, de mener, à partir de 1982, une résistance contre l’occupation israélienne, résistance motivée par l’occupation de Beyrouth et du Liban Sud. Si elle se donne d’abord pour nom “al-Mouqawamma al-islamiya fi Loubnan” - la Résistance islamique au Liban, nom qui renvoie immanquablement à une culture de l’espace -, cette Résistance devient progressivement “nationale” durant la période de l’après-guerre. Fort du soutien de la Syrie et de l’État libanais, à l’époque sous le contrôle direct de Damas, elle bénéficie aussi d’un vaste soutien politique consensuel qui lui donne une légitimité nationale indéniable. La résistance face à Israël inclut ainsi progressivement le Hezbollah dans une logique de culture territoriale - du moins en apparence.
C’est dans la guérilla que le parti établit toute une infrastructure de confrontation au Liban Sud, selon le modèle guévariste du “foco guerillero”, le foyer révolutionnaire. Il s’agit principalement de favoriser les conditions de la confrontation en transformant l’espace rural sur lequel la guérilla doit progressivement s’enraciner, prendre corps. La théorie est élaborée par Ernesto Guevara dans son ouvrage “La Guerre de guérilla”.
Le Hezbollah reconnaît s’être inspiré de la théorie guévariste, et de l’expérience cubaine en particulier (mais aussi de l’expérience vietnamienne) pour mettre en place sa propre expérience révolutionnaire. À ce niveau, le “foco guerillero” établi par le Hezbollah, qui s’étend, dans ses limites maximales, de la banlieue Sud (QG idéologique) aux frontières des zones occupées, se trouve être un modèle d’organisation, avec l’établissement de plusieurs associations sociales et caritatives orientées sur les objectifs révolutionnaires, pour maintenir un climat favorable à la mobilisation permanente, une interaction perpétuelle entre le milieu et la résistance - et c’est dans ce cadre aussi que la notion de “martyr” joue un rôle au niveau de l’organisation sociale. De ce fait, l’environnement se retrouve embrigadé, idéologisé sur le plan socio-religieux, pour créer les conditions les plus favorables à la déroute de l’ennemi.
Le retrait de l’armée israélienne et la libération des territoires occupés au Liban Sud en mai 2000 viennent couronner les efforts du Hezbollah dans sa guerre d’usure contre Israël. Le parti venait ainsi, à ce moment clé de son histoire, de libérer une parcelle du territoire national, et se retrouvait désormais lié organiquement à la souveraineté territoriale du pays. Si la “culture du territoire”, en d’autres termes la culture stato-nationale, au Liban a été fondée par apports cumulatifs de la part de chaque communauté, le Hezbollah venait d’apporter sa pierre à l’édifice. Voilà qui, en principe, devrait définitivement le “territorialiser” et mettre fin à cette tension entre la “culture de l’espace” (celle qui le lie à l’Iran - et à la Syrie, la fameuse alliance entre les minorités oblige ? - pour des raisons communautaires, religieuses et politiques), et la “culture du territoire”.
Une confrontation sunnito-chiite...
Pourtant, la trajectoire “territoriale” du Hezbollah au lendemain de la libération du Liban Sud n’est pas suffisamment limpide pour permettre de clore aussi rapidement le sujet. On a au contraire l’impression, au gré des événements, d’une certaine duplicité, qui permet au parti de jouer, au gré des occasions, tantôt sur la culture territoriale et stato-nationale, tantôt sur la vision communautaire et religieuse de l’espace. Parfois même, les deux cultures s’interpénètrent dans le discours et la logique politiques, si bien qu’il est bien difficile d’empêcher une certaine confusion de s’installer en définitive. Confusion qui ouvre d’ailleurs la voie à toutes sortes d’attaques politiques, notamment de la part du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, au sujet de “l’allégeance réelle” du Hezbollah...
Culture du territoire et soutien politique à la Syrie sur le territoire libanais peuvent-ils faire bon ménage ? Comment concilier, entre les réalités libanaises et l’allégeance (notamment dans les affaires politiques internes, qui relèvent directement de la souveraineté) à une autorité religieuse étrangère, en l’occurrence le “fakih”, le Guide suprême iranien ? Quelles sont les limites de la résistance ? Cette dernière est-elle confinée au territoire des hameaux de Chébaa, aux collines de Kfarchouba et au village de Nkhailé, ou repose-t-elle sur un autre critère qui devrait conduire à la libération des “sept villages”, du Golan, voire même de Jérusalem, dans un soutien éminemment spatial (politique et logistique ?) aux autres mouvements islamistes de résistance que sont, dans les territoires occupés, le Hamas et le Jihad islamique ?
Que penser de cette volonté de maintenir à tout prix son arsenal hors de tout consensus inter-libanais, de refuser de se soumettre au monopole de la violence légitime que constitue l’État ? La guérilla n’est-elle pas de toute façon, par définition, impossible à concilier avec l’armée régulière ? Comment interpréter cette volonté de ne pas intégrer complètement l’État, en maintenant une aile militaire ou bien encore en soustrayant à l’État sa souveraineté (son contrôle sécuritaire) sur le Liban Sud ou sur ce qui fut le “mourabaa el-amni”, le “quadrilatère sécuritaire” de la banlieue Sud ? Cela n’est-il pas pour le moins révélateur d’une conception de l’espace qui reste fondamentalement communautaire et rebelle à l’hypothèse d’une construction politique d’un territoire capable de transcender les identités particulières ? Cela n’est-il pas révélateur du maintien d’une “açabiyya” communautaire qui, ayant intégré les institutions de l’État, refuse toutefois de se départir de ses moyens de défense propre ? Dans ce cadre, la “da’wa” du Hezbollah, la résistance, ne serait plus aujourd’hui, dans l’optique khaldounienne, qu’un moyen pour la communauté de maintenir sa “açabiyya”, de lui permettre de conserver sa place prépondérante, de l’empêcher de décliner au profit de la fondation de l’État.
À moins que la grille de lecture proposée par Ibn Khaldoun ne soit mal adaptée, et que le problème, à défaut de ne concerner exclusivement qu’une açabiyya communautaire, soit celui d’une confrontation potentielle, en puissance, entre des açabiyyas communautaires sur l’espace territorial libanais. Une confrontation sunnito-chiite qui, malgré son existence dans l’ensemble de la région, continue fort heureusement - tant tout le monde fait preuve d’éveil et de conscience sur ce plan - à refuser de dire son nom au Liban.
Fin
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