Irak

Le monde condamne George W. Bush

La guerre des dirigeants américains a commencé

21 mars 2003

Aux côtés de plusieurs grandes puissances de la planète, de très nombreux pays ont condamné hier le déclenchement d’une nouvelle guerre par le président américain. Nous citons ci-après quelques exemples de réaction.

L’Inde a exprimé une « profonde angoisse » après le déclenchement par Washington d’une opération militaire en Irak. Cette action manque de justification, a estimé un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères.
Le Vietnam a « condamné avec véhémence » la guerre en Irak considérant qu’il s’agissait d’une « violation grossière » de la charte des Nations Unies qui rend l’organisation mondiale « inefficace ».
L’Indonésie, premier pays musulman au monde, a fermement condamné l’offensive lancée par les États-Unis contre l’Irak, qui constitue une « agression contraire au droit international ». Le gouvernement, réuni en session spéciale, a également demandé une réunion d’urgence des Nations Unies pour mettre fin à la guerre.
L’Iran condamne le déclenchement de la guerre lancée par les dirigeants américains, la qualifiant « d’injustifiable et illégitime ».
Le gouvernement allemand a exprimé sa « grande inquiétude » et manifesté sa « consternation » à la suite du « début de la guerre contre l’Irak ». Dans un communiqué, il rappelle « qu’avec la France, la Russie et d’autres partenaires », il avait entrepris « de grands efforts pour rendre possible un désarmement pacifique de l’Irak et ainsi empêcher la guerre ». Selon Berlin, « maintenant tout doit être fait pour éviter au peuple irakien une catastrophe humanitaire ».
Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt a déploré le lancement par les États-Unis des opérations de guerre en Irak et a condamné « la renonciation à l’ordre juridique international ».
« La Finlande déplore que les USA et ses alliés aient entamé une action militaire contre l’Irak », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. « L’utilisation de la force militaire sans l’autorisation spécifique du Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas acceptable », a-t-il ajouté.

Les Sud-Africains protestent massivement contre la guerre
La tension est vive en Afrique du Sud où la population s’est réveillée hier matin en apprenant les premiers bombardements américains sur le peuple irakien. Des milliers de personnes devaient marcher jusqu’au Parlement dans le courant de la journée de ce jeudi pour exprimer leur opposition à la guerre. La Coalition contre la guerre a également prévu des piquets de manifestants devant les consulats américains de Johannesburg, du Cap et de Durban, ainsi que devant l’ambassade des États-Unis à Pretoria.
Le piquet devant le consulat de Johannesburg a commencé peu après que la première bombe soit tombée, à la périphérie de Bagdad. « Nous pensons que les États-Unis et leurs alliés dans ce massacre n’ont absolument aucune bonne raison de lancer une attaque massive contre l’Irak. Au cours des 48 prochaines heures, la coalition conduite par les États-Unis envisage de larguer 800 missiles de croisière et 3.000 missiles téléguidés sur l’Irak », a déclaré Salim Na’eem, porte-parole de la Coalition contre la guerre. « D’après un certain nombre d’études, près de 500.000 Irakiens pourraient être tués dans cette guerre et un million d’autres blessés. Nous n’avons pas atteint l’objectif d’éviter que cette guerre ait lieu dans le cadre de notre campagne. Toutefois, nous exigeons l’arrêt immédiat de ce massacre, et nous demandons à tous les Sud-Africains de protester dès aujourd’hui et jusqu’à la fin de la guerre », a encore dit Salim Na’eem.
La radio du Cap, Bush Radio - la radio du Bush, rien à voir avec le président américain -, a pour sa part suspendu tous ses programmes pour exprimer sa préoccupation au sujet de cette guerre. « Nous devons nous mobiliser, avec nos amis du monde entier, et œuvrer pour une solution pacifique », a déclaré la station dans un communiqué. Ronnie Mamoepa, porte-parole du ministère des Affaires étrangères a affirmé que le gouvernement sud-africain regrette le déclenchement de cette guerre qui constitue « un malheureux précédent » dans la prise en charge des affaires du monde. « Nous devons plus que jamais nous servir du système multilatéral pour nos réponses aux défis internationaux et nous demandons aux nations d’affirmer leur autorité en vue d’assurer que toute action militaire est menée dans le cadre des règles du droit international humanitaire ».
Le porte-parole a rappelé qu’au moment où la guerre éclate, des progrès étaient faits dans le cadre de l’élimination des armes de destruction massive de l’Irak par l’équipe des inspecteurs en désarmement des Nations Unies. « Il est également regrettable que la guerre survienne en dehors d’un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
La Russie exige la fin de la guerre
Le président russe Vladimir Poutine a exigé hier qu’il soit mis rapidement un terme à la guerre en Irak, affirmant qu’elle n’était en aucun cas justifiée et qu’elle était une « grosse erreur politique ».

« La Russie exige la fin la plus rapide possible de l’action militaire », a déclaré le président russe au début d’une réunion avec de hauts dirigeants de son pays à Moscou. « L’action militaire contre l’Irak est une grosse erreur politique ».
« L’action militaire en Irak est conduite en dépit de l’opinion mondiale, en dépit des principes et des normes de la législation internationale et de la charte de l’ONU », a affirmé Vladimir Poutine, en ajoutant que la question de l’Irak devait être traitée dans le cadre des résolutions de l’ONU. « L’action militaire ne peut pas être justifiée ». « L’action militaire n’était pas nécessaire pour répondre à la principale question qui se pose à la communauté internationale : l’Irak a-t-il ou non des armes de destruction massive, et s’il en a, alors que faut-il faire, et en combien de temps, pour les liquider ? », a-t-il rappelé.
« Si nous permettons que la loi internationale soit remplacée par le droit de la force, qui donne toujours raison au fort et qui lui donne le droit de choisir les moyens de parvenir à ses fins sans limites, alors un des principes fondamentaux de la loi internationale, le principe de l’inviolabilité de la souveraineté des États, sera remis en question », a-t-il estimé.

La Chine accuse les États-Unis de « violer les normes de la conduite internationale » La Chine a accusé hier les États-Unis de « violer les normes de la conduite internationale » après le début des bombardements sur Bagdad et demandé l’arrêt de la guerre.
« Nous demandons aux pays concernés de cesser d’utiliser la force, de cesser l’action militaire », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Kong Quan. « La question irakienne doit revenir sur la voie du réglement politique dans le cadre des Nations Unies », a-t-il insisté en soulignant que le début de l’offensive militaire en Irak était mené « en dépit de l’opposition de la communauté internationale ». « Nous exprimons nos regrets et notre déception », a-t-il ajouté lors d’un point de presse, en notant que la Chine continue de maintenir que « la question irakienne peut être résolue de façon pacifique ».
« Je crois qu’au sein du Conseil de sécurité, la plupart des membres étaient opposés à une fin rapide des inspections et préconisent une solution politique », a-t-il ajouté, « tant qu’il y aura de l’espoir, nous continuerons à travailler pour la paix ».
Des civils déjà visés
Peu avant le lever du jour hier matin, l’armée américaine a bombardé l’Irak. Le président américain George W. Bush a aussitôt annoncé l’entré en guerre des militaires américains. Saddam Hussein a de son côté promis la victoire à son peuple et à la nation arabe.
L’armée irakienne a riposté. Dans un premier temps, deux missiles irakiens se sont abattus dans la matinée sur le nord du pays sans faire de victimes, mais provoquant un mouvement de panique chez les soldats koweitiens et américains, qui ont enfilé leur masque à gaz et leur combinaison NBC dès qu’ils ont entendu les deux très fortes déflagrations.
Les sirènes d’alerte ont ensuite retenti, en début d’après-midi à Koweit-City. Les habitants ont commencé à mettre des masques à gaz. Le décompte du ministère koweitien de la Défense à 12 heures 25, heure française, a fait état d’un total de six missiles tirés par l’Irak et de l’interception de deux missiles par des missiles américains Patriot. Les premiers bombardements sur Bagdad ont commencé hier vers 5 heures 30 locales locales. Immédiatement, les sirènes d’alarme ont retenti et les batteries de DCA se sont mises à tirer. Des missiles auraient été tirés à partir de bombardiers et de navires de guerre. Un porte-parole de la marine américaine a annoncé que six bâtiments de guerre américains, dont deux sous-marins, avaient en effet tiré plusieurs dizaines missiles de croisière Tomahawk.
Le ministère irakien de l’Information a affirmé à la mi-journée que les bombardements avaient tué un civil et blessé plusieurs autres, touché des bâtiments des douanes et de la radio-télévision.

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus