Crise internationale

Les conséquences désastreuses d’une guerre dans l’océan Indien

Unir les Réunionnais contre les désordres de la guerre

7 mars 2003

La situation internationale est depuis plusieurs mois sous la menace contenue d’une guerre annoncée et fébrilement préparée par l’administration Bush, tandis qu’une part importante des peuples et de nombreux gouvernements se mobilisent chaque jour pour faire valoir un règlement pacifique au Moyen Orient. Combien de temps encore le monde pourra-t-il retenir, voire entraver la force de frappe nord-américaine ?
Les grandes chaînes audio-visuelles et grands groupes médiatiques suivent pas à pas les efforts de guerre de l’administration Bush en présentant l’engagement militaire comme inéluctable, disqualifiant tout effort de paix comme un "sursis" donné au dictateur de Bagdad.

Une tragédie

L’acharnement mis à sauver la paix est à la mesure de la tragédie que représenterait pour le peuple irakien, pour ceux du Moyen-Orient et pour le monde un engagement militaire qui, bien que très inégal, serait sans merci et certainement très meurtrier.
Si le gouvernement des États-Unis parvient à imposer la mise en œuvre de ses plans, des milliers d’Irakiens déjà terrassés par douze ans d’embargo, paieront un très lourd tribut à court et moyen terme. Et c’est encore sans comparaison avec les conséquences à long terme d’un conflit engagé dans de telles conditions. Les désordres sociaux, politiques et géo-politiques ou encore économiques et culturels causés par ce conflit auront des répercussions sur les décennies à venir. Aucune partie du monde ne peut se croire à l’abri, et surtout pas notre région.

La carte des attentats

Comme on le voit depuis plusieurs mois déjà, la pression mise sur le Moyen-Orient par les visées guerrières de l’administration Bush a fait du pourtour de l’océan Indien un théâtre d’affrontements et d’opérations de premier plan.
C’est ce que permet de comprendre la carte des attentats survenus ces derniers mois, à Karachi au Pakistan (8 mai 2002, 14 morts), à Bali (12 octobre 2002, 180 morts), ou dans le port kenyan de Mombasa (28 novembre 2002, 13 tués).
Quant aux visées nord-américaines sur notre région, elles ne datent pas des conséquences des attentats contre les "twin towers" (11 septembre 2001, 2800 victimes). On peut les faire remonter aux années 60, quand les États-Unis cherchaient à remplacer leur base d’Aden par une base militaire permettant le contrôle du Moyen-Orient et du Sud-Est asiatique, débouchant notamment sur le honteux marchandage dont allait être victime la population de l’archipel des Chagos.
Il ne faudrait pas en déduire que les attentats qui ensanglantent notre région ne sont eux-mêmes que les conséquences du choc de septembre 2001. Les attentats du 7 août 1998 dans les capitales kenyane et tanzanienne (Nairobi, 500 victimes ; Dar-es-Salam, 223 morts et 4.000 blessés) ont été les premières révélations sanglantes d’une "mondialisation" des conflits moyen-orientaux et d’un déplacement du théâtre de ces conflits, comme résultat de la politique nord-américaine dans cette région du monde.

Les méthodes américaines

Les marchandages et les pressions pour le contrôle du pétrole du Moyen-Orient par les Nord-Américains avaient pris depuis quelques décennies le relais des conflits qui ont opposés les Européens entre eux, pour les mêmes raisons, depuis le début du 20ème siècle. Qu’on se rappelle les rivalités entre Allemands et Britanniques, avant même la première guerre mondiale, pour le contrôle de l’or noir de l’Empire ottoman (dont faisait partie le Nord de l’Irak actuel).
Mais les méthodes américaines sont pour beaucoup dans le dérapage de l’"impérialisme classique" vers le terrorisme d’aujourd’hui. Ils ont été les premiers, depuis les années 60 - à l’époque, avec le roi Fayçal d’Arabie Saoudite (assassiné en 1975) - à alimenter des réseaux d’intégristes musulmans, pour contrer l’Égypte de Nasser, leader du mouvement des Non-Alignés, soutenu par l’Union soviétique, première version de "l’empire du Mal". Les Américains ont plus tard contribué à former la base du réseau Al-Qaida en armant les Talibans d’Afghanistan.

L’effet "boomerang"

Cette arme du terrorisme, que l’administration Bush prétend aujourd’hui combattre jusqu’à en faire le prétexte de son agression contre l’Irak, est l’effet "boomerang" le plus spectaculaire de la politique menée par les administrations successives aux États-Unis depuis plusieurs décennies, dans leur volonté de mettre la main sur le marché mondial du pétrole. Le risque qu’elles parviennent à leurs fins est lourd de conséquences pour l’économie mondiale (voir notre article).
C’est ce qui explique la très forte mobilisation des peuples contre cette guerre, celle des Réunionnais, le 15 février force remarquable. C’est notamment ce que relevait Paul Vergès lors du meeting du 5 mars, au Port, en appelant les Réunionnais à s’unir pour faire face aux nombreux désordres que n’a pas fini de créer une situation internationale elle-même très déréglée.


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