Guerre en Libye

Les décisions de Nicolas Sarkozy et de plusieurs pays de l’OTAN trahissent la résolution de l’ONU

27 avril 2011, par Céline Tabou

En allant largement au-delà du mandat conféré par la résolution 1973 votée par le Conseil de sécurité de l’ONU, le gouvernement français a entamé la guerre sans en citer le nom. Aujourd’hui, la coalition France-Italie et Grande-Bretagne a conduit la communauté internationale dans un conflit qui risque de durer.

Face à l’ampleur que prennent les combats, Nicolas Sarkozy a tenu à affirmer être optimiste sur l’issue du conflit en Libye, « optimistes parce que l’opposition libyenne fait preuve d’un grand courage et d’une grande maîtrise ». Présent à Rome lors d’une conférence de presse conjointe avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, à l’issue d’un sommet italo-français, le chef de l’état français a indiqué qu’il ne pouvait pas prévoir le temps que durerait ce conflit, « je ne lis pas dans le marc de café ».

À l’encontre de la résolution 1973 de l’ONU

Les extraits de la résolution mettent en évidence l’absence de légitimité des décisions de Nicolas Sarkozy et ses homologues italiens, Silvio Berlusconi et anglais, David Cameron. Cachés derrière l’ONU, ces chefs d’état et de gouvernement n’ont pas hésité à faire usage de la force pour imposer les intérêts qu’ils défendent.
Voici en effet ce que dit le texte voté par le Conseil de sécurité. Agissant en vertu du Chapitre VII (Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression) de la Charte des Nations Unies, les membres du Conseil de Sécurité ont décidé que « tous les États interdiront à tout aéronef enregistré en Jamahiriya arabe libyenne, appartenant à toute personne ou compagnie libyenne ou exploitée par elle, de décoller de leur territoire, de le survoler ou d’y atterrir, à moins que le vol ait été approuvé par avance par le Comité ou en cas d’atterrissage d’urgence ; que tous les États interdiront à tout aéronef de décoller de leur territoire, d’y atterrir ou de le survoler s’ils disposent d’informations autorisant raisonnablement à penser que l’aéronef en question contient des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation sont interdits par les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 (2011), telle que modifiée par la présente résolution, notamment des mercenaires armés, sauf en cas d’atterrissage d’urgence et que le gel des avoirs imposé aux paragraphes 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970 (2011) s’appliquera aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques se trouvant sur le territoire des États membres qui sont détenus ou contrôlés, directement ou indirectement, par les autorités libyennes, désignées comme telles par le Comité, ou par des personnes ou entités agissant pour son compte ou sous ses ordres, ou par des entités détenues ou contrôlées par eux et désignées comme telles par le Comité, et décide également que tous les États devront veiller à empêcher leurs nationaux ou toute personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques à la disposition des autorités libyennes, désignées comme telles par le Comité, des personnes ou entités agissant pour son compte ou sous ses ordres, ou des entités détenues ou contrôlées par eux et désignées comme telles par le Comité, ou d’en permettre l’utilisation à leur profit et demande au Comité de désigner ces autorités, personnes et entités dans un délai de 30 jours à dater de l’adoption de la présente résolution et ensuite selon qu’il y aura lieu ».
Destinée à interdire aux avions de Kadhafi d’entrer dans l’espace aérien pour bombarder les camps rebelles, la résolution n’aura pas été respectée. Quelques jours plus tard, le gouvernement français soutenu par quelques pays européens, hormis l’Allemagne et les pays de l’Union africaine, décide d’attaquer les troupes de Muammar Kadhafi et ses bastions. Autrement dit, les avions occidentaux servent d’appui aérien à un mouvement rebelle.
« La France entre en guerre » titraient les journaux, aujourd’hui, la réalité a rattrapé le gouvernement, qui a délibérément conduit l’Union Européenne à entamer des combats avec l’armée de Kadhafi, celui-là même qui était invité à l’Élysée, en 2007.

Une vision propre de la résolution internationale

Le site du ministère des Affaires étrangères stipule clairement que « la résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité impose des obligations très claires qui doivent être respectées ». Cependant, quelques jours après avoir adopté cette résolution, La France, avec les États-Unis, le Royaume-Uni et certains pays arabes ont jugé qu’un cessez-le-feu devait être mis en œuvre immédiatement. Ce qui signifie que « toutes les attaques contre les civils doivent prendre fin ».
Pour faire adopter ses intentions, la diplomatie française, encore contestée aujourd’hui, a imposé des frappes militaires en Lybie, indiquant que « Kadhafi doit mettre fin à l’avancée de ses troupes sur Benghazi et les retirer d’Adjdabiyah, Misratah et Zawiyah. L’approvisionnement en eau, électricité et gaz doit être rétabli dans toutes les zones. La population libyenne doit pouvoir recevoir l’aide humanitaire. Ceci n’est pas négociable ».
Le bombardement du bureau de Kadhafi rappelle bien toute la différence qui existe entre la résolution des Nations-Unies et l’action décidée par quelques chefs de gouvernement. Avec l’annonce de l’envoi de troupes au sol par Nicolas Sarkozy sous le nom de « conseillers militaires », la trahison ne pourra plus faire de doute, l’enlisement non plus.

Céline Tabou

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