Irak

Les erreurs des puissances occupantes

Le secrétaire général de l’ONU devant le Conseil de sécurité après l’attentat de Bagdad

22 août 2003

Dans une ambiance lourde précédée d’une minute de silence, le Conseil de sécurité a adopté mercredi soir une déclaration dans laquelle il réaffirme sa détermination à aider le peuple irakien. Long d’une vingtaine de lignes, ce texte, qui n’annonce aucune mesure particulière pratique, « condamne sans équivoque l’attaque terroriste » qui a eu lieu contre le siège de l’ONU à Bagdad.
Interrogé à son arrivée au siège de l’organisation à New York sur les raisons pour lesquelles le quartier général des Nations unies dans la capitale irakienne n’était pas assez défendu, Kofi Annan a répondu : « Des erreurs ont été faites de part et d’autre ». « Nous ne voulons montrer personne du doigt », a encore dit le secrétaire général de l’ONU pressé de questions pour savoir si le niveau insuffisant de la sécurité était la conséquence d’un manque de prévision de l’armée d’occupation où le résultat d’une demande de l’ONU. En réponse à une autre question, Kofi Annan a indiqué que « la constitution d’une force multinationale (en Irak) était un sujet de discussion ». « Dans l’état actuel des choses », a-t-il cependant ajouté, « je ne vois pas de Casques bleus en Irak. Ce n’est pas une mission pour eux ».
Devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU a souligné que « la responsabilité ultime » pour rétablir la sécurité en Irak relevait des puissances occupantes. « Quand on assume une opération aussi complexe, on doit s’y préparer longtemps à l’avance, et je crois qu’il y a eu des erreurs dans ce processus et qu’on s’est basé sur des idées fausses depuis le début », a déclaré Kofi Annan. « La coalition a fait des erreurs et je crois que nous aussi en avons peut-être fait », a-t-il ajouté.
Mardi après-midi, un attentat au camion piégé a dévasté les bâtiments de l’organisation internationale à Bagdad, tuant son représentant en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, et au moins 24 autres personnes. L’explosion a également fait 86 blessés. Cet attentat est survenu quelques heures après l’annonce de la capture de l’ancien vice-président irakien, Taha Yassine Ramadan.

« Mensonges de guerre » sur l’Irak pour édifier l’opinion
Ressuscités des morts... En deux jours cette semaine, l’opinion mondiale vient d’apprendre la capture de deux hauts responsables de l’ex-dictature irakienne... donnés préalablement pour morts par les agences de désinformation sous contrôle américain.

Pour reprendre une formule de ces mêmes agences annonçant la capture d’Ali le chimique, cousin de Saddam Hussein, cinquième personnage de la dictature irakienne et responsable de crimes commis contre le peuple kurde : on a arrêté quelqu’un dont la mort avait été « un peu prématurément annoncée » lors du siège de Bassorah, dans le Sud de l’Irak...!

Avant lui, un autre criminel d’État sous Saddam Hussein, donné lui aussi pour mort, vient de "ressusciter" dans sa capture : Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président irakien, n° 20 dans la liste des 55 personnalités les plus recherchées par les Américains et dénommé « dix de carreau » dans le jeu de carte de l’armée américaine, a été arrêté cette semaine à Mossoul par des peshmergas (combattants kurdes) du Nord de l’Irak.

Ces deux exemples récents, qui sont loin d’être isolés, viennent rappeler l’opinion mondiale à la plus grande vigilance devant les mensonges de guerre et la désinformation déployés dans la guerre faite à l’Irak.

Cette même semaine, un journaliste palestinien de l’agence Reuters a été tué au travail, à Bagdad, à proximité d’une prison gardée par l’armée américaine. « Tué par des soldats américains », ont avancé certains témoins dans l’enquête qui se poursuit. Parce qu’il travaillait à une information "non formatée US" ?

Ces questions viennent rappeler tous les arguments fallacieux déployés par les Américains et les Britanniques pour justifier la guerre faite à l’Irak et aujourd’hui pour justifier le maintien d’une armée d’occupation dont la présence, de plus en plus contestée, est la cause directe ou indirecte, chaque jour, de dizaines des morts innocents qui eux, on le sait, ne "ressusciteront" pas.

Un autre mort qui ne ressuscitera pas est le scientifique anglais, David Kelly : son suicide est à l’origine de la création d’une Commission d’enquête dont les auditions vérifient chaque jour l’énormité des mensonges avancés par le premier Ministre Tony Blair pour entraîner son pays dans la guerre. Il est aujourd’hui avéré que le document décisif, produit par le gouvernement de Tony Blair pour emporter la décision d’envahir l’Irak était un faux exagérant la puissance et la rapidité de frappe « d’armes de destruction massive irakienne ». Un rapport truqué ! Des mensonges d’État proférés « au nom des valeurs du monde civilisé », paraît-il.

Le mensonge semble ne pas connaître de limite : un procédé totalitaire qui doit éveiller la vigilance de toutes les personnes libres à travers le monde.


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