Conséquence de la déstabilisation du pays

Les Jihadistes conquièrent le nord de l’Irak

13 juin 2014, par Céline Tabou

Mercredi 11 juin, des rebelles jihadistes sunnites ont envahit la ville Tikrit, avançant vers la capitale Bagdad. Qualifié d’offensive fulgurante, le Conseil de sécurité s’est réuni, ce jeudi, afin d’envisager des frappes aériennes.

En 2003, des armées de l’OTAN envahissent l’Irak pour renverser le régime en place. 11 ans plus tard, des Jihadistes sont sur le point de prendre le pouvoir en Irak.

Les combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont fait face à des forces gouvernementales en déroute et un pouvoir chiite impuissant. Ces attaques ont entrainé l’exode de près d’un demi-million de personnes.

Coup sur coup

Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’EIIL, a exhorté, dans un enregistrement sonore, les rebelles à « marcher sur Bagdad », dénonçant au passage l’« incompétence » du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Cet enregistrement, traduit par le réseau américain de surveillance des sites islamistes SITE.

Ces combattants de l’EIIL, exclus du réseau Al-Qaïda, pour leur radicalité, se sont emparés mardi 10 juin, la province de Ninive et des secteurs de deux provinces proches, Kirkouk et Salaheddine, majoritairement sunnites. Selon des responsables irakiens et des témoins, cités par l’AFP, face à l’avancée des combattants jihadistes, les soldats et policiers ont montré peu de résistance. Le gouverneur de la province de Ninive, Athil al-Noujaïfi, a accusé les chefs militaires d’avoir abandonné le champ de bataille.

Le pays, riche en pétrole, a été le théâtre depuis plusieurs jours d’attaque de ce groupe, d’ailleurs, après deux heures de combats avec les forces de sécurité, « tout Tikrit (chef-lieu de Salaheddine) est aux mains des insurgés », a indiqué un responsable à l’Agence France Presse. Toutefois, les jihadistes n’ont pas réussit à prendre Baïji, où se trouve l’une des plus grandes raffineries du pays et la ville de Samarra, à une centaine de kilomètres de Bagdad, selon des témoins.

Mossoul aux mains des Jihadistes

Seconde ville du pays, Mossoul est tombée entièrement aux mains des rebelles après celle de Fallouja, en janvier. « La cité de Mossoul, chef-lieu de la province de Ninive, échappe désormais au contrôle de l’Etat et elle est aux mains des insurgés », a indiqué à l’AFP un responsable du ministère de l’Intérieur qui a requis l’anonymat.

Les combattants de l’EIIL, de confession sunnites, ont diffusé dans les hauts parleurs de la villes, qu’ils sont « venus pour libérer Mossoul et qu’ils combattront seulement ceux qui les attaqueront », a expliqué un responsable du ministère de l’Intérieur à l’agence. « Des membres de l’armée et de la police ont ôté leurs uniformes (...) et les postes de l’armée et de la police dans la ville sont maintenant vides. Les hommes armés ont libéré les détenus des prisons » de la cité, la source de l’AFP.

Ces derniers ont également pris en otages 49 Turcs au consulat de Turquie à Mossoul, parmi lesquels le consul et des membres des forces spéciales, ainsi que 31 chauffeurs de poids-lourds turcs travaillant dans la province. Aidé par des tribus hostiles au gouvernement, l’EIIL possède dans ces régions de nombreux soutiens venant des milieux sunnites, marginalisés par le pouvoir dominé par les chiites. Depuis le début de l’année 2014, l’AFP a recensé plus de 4.600 personnes tuées, selon des sources médicales et de sécurité.

Condamnation unanime

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lancé un appel à la solidarité internationale avec l’Irak. Il a exigé « la libération immédiate et sans conditions » des otages turcs. D’ailleurs, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a menacé l’EIIL des « représailles les plus sévères » en cas de maltraitance.

L’Iran chiite mais aussi les Etats-Unis ont apporté leur soutien au Premier ministre Nouri al-Maliki face au « terrorisme ». « Les Etats-Unis soutiendront les dirigeants irakiens alors qu’ils forgent l’unité nationale nécessaire pour remporter le combat contre l’EIIL », a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, dans un communiqué.

Pour sa part, le gouvernement irakien n’a pas exclut des frappes américaines sur leur sol, pour lutter contre l’EIIL, a indiqué une source proche du dossier. Plusieurs options sont envisagés par Washington, qui « se tient prêt » à venir en aide à Bagdad face à « l’agression » de l’EIIL, a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, annonçant « une augmentation de l’assistance » américaine. Malgré tout, l’envoie de troupe sur place n’est pas envisagé par la diplomatie américaine.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), « plus de 500.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur et autour de Mossoul », sur une population totale de deux millions. A 50 km de Mossoul, des milliers de personnes attendent à un barrage kurde pour obtenir un permis de séjour, afin de se rendre au Kurdistan autonome. La situation humanitaire devrait se dégradé dans les prochains jours, avec l’avancés des Jihadistes dans le nord du pays.

Céline Tabou

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