Soupçons de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité

Les Nations Unies lancent une enquête à Gaza

25 juillet 2014, par Céline Tabou

A l’occasion d’une réunion extraordinaire du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU sur l’offensive israélienne, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a appelé à « une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par Israël à Gaza ». Cette dernière a dénoncé « les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles ».

Evoquant les destructions de maisons, les civils tués, dont des enfants, dans la bande de Gaza, Navi Pillay, a évoqué la « forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé, d’une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre ». « Tous ces morts et ces civils mutilés devraient peser très lourd sur nos consciences. Je sais qu’ils pèsent lourd sur la mienne », a-t-elle déclaré.

Israël soumis à une enquête

Cette réunion d’urgence organisée mercredi 23 juillet, à Genève, à la demande de la Palestine et des pays arabes, était destinée à « exiger le respect du droit international dans les territoires palestiniens occupés ». Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a voté en fin de journée l’ouverture d’une enquête sur l’offensive israélienne. « Respecter la vie des civils, et notamment les enfants, devrait être la première priorité. Ne pas se soumettre à ces principes peut mener à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité », a déclaré Navi Pillay.
Avec 29 voix pour, 17 abstentions (dont la France) et une contre (les États-Unis), les 47 États membres du Conseil ont adopté une résolution condamnant « les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » et demandant de placer les Palestiniens sous « protection internationale immédiate ».
Le texte recommande que la Suisse, comme Etat dépositaire des Conventions de Genève, convoque dans les plus brefs délais une conférence des Etats parties à la 4ème convention de Genève afin de décider des mesures à prendre pour que la convention soit appliquée dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est.

De nombreuses victimes

D’après les Nations Unies, près d’un tiers des victimes civiles palestiniennes du conflit sont des enfants de moins de 18 ans. En dépit de ce constat, Israël a rejeté ces accusations et accusé le Hamas de se servir de civils comme boucliers humains. Pour la haut commissaire, « une fois de plus, les principes de distinction et de précaution ne sont pas clairement respectés durant les attaques sans discernement menées contre des zones civiles par le Hamas et d’autres groupes palestiniens armés ».
Khaled Mechaal, chef en exil du Hamas, a rappelé dans la soirée de mercredi ses revendications principales que sont la levée du blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza, l’ouverture de la frontière avec l’Égypte et la libération par Israël des prisonniers. « Que l’on s’accorde sur la réalisation de nos revendications, puis on décidera de l’heure d’un cessez-le-feu », a insisté lors d’une conférence de presse à Doha.
Ce dernier a lancé un appel à la communauté internationale et aux ONG pour « venir au secours de Gaza et de ne pas attendre la fin de la guerre », en ouvrant « des points de passage pour permettre l’entrée des convois de secours » dans Gaza qui a besoin de « carburant, de vivres et d’électricité ».

Des négociations en cours

Khaled Mechaal s’est dit favorable à une « trêve humanitaire » pour « l’évacuation des blessés et l’aide apportée à la population ». D’autant qu’au 16ème jour de conflit, l’armée israélienne a poursuivi son offensive sur Gaza, qui a déjà fait plus de 650 morts Palestiniens.
Un cessez-le-feu humanitaire de quelques heures a eu lieu mercredi dans deux zones de la bande de Gaza. Cette trève a permis aux ambulanciers d’accéder aux zones pilonnées. Cependant, d’après le correspondant de France 24 à Gaza, « plusieurs survivants, des enfants, des femmes et des personnes âgées qui étaient prisonniers des décombres depuis plusieurs heures » ont été retrouvé. Cependant, les corps n’ont pas pu être récupérés, en raison de la reprise des combats.
Alliés d’Israël, les Etats-Unis par leur représentant, John Kerry, ont tenté de faire cesser les hostilités à Gaza. Arrivé sur place mercredi, il devrait rencontrer successivement le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à Jérusalem, le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie) et enfin le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au ministère de la Défense à Tel-Aviv.
Dans un discours amer, le président palestinien Mahmoud Abbas a reconnu ne pas être parvenu à une trêve lors de sa tournée au Moyen-Orient. Réunie en urgence dans la nuit de mardi à mercredi 23 juillet à Ramallah (Cisjordanie), les autorités palestiniennes ont appelé à des « manifestations populaires générales de solidarité avec Gaza et la Résistance ».

Céline Tabou

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