Irak

Les peuples mobilisés pour la paix

Alors que les envahisseurs se dirigent vers les puits de pétrole

22 mars 2003

Les manifestations ne cessent de se poursuivre dans le monde entier pour protester contre la guerre menée par les dirigeants américains et leurs complices en Irak. Les peuples n’ont pas tardé à se mobiliser contre le déclenchement des hostilités en Irak. Dans un grand nombre de villes du globe, les partisans de la paix sont descendus jeudi dans les rues, brûlant des drapeaux américains et se dirigeant naturellement vers les ambassades des Etats-Unis pour manifester leur opposition à l’intervention militaire.
En Grèce, plus de 150.000 personnes ont manifesté dans les rues d’Athènes, aux cris de « Non à la guerre » et « Américains tueurs de peuple ». Plusieurs dizaines de milliers d’autres marchaient dans le reste du pays.
En Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, des milliers de Palestiniens brandissant des photos de Saddam Hussein ont manifesté contre l’attaque menée par les Etats-Unis et en faveur de Saddam Hussein.
À Sanaa, au Yémen, les forces de police ont tiré des coups de feu en l’air pour arrêter des milliers de manifestants qui essayaient de rentrer dans l’ambassade des Etats-Unis. Quelque 30.000 personnes protestaient contre la guerre devant l’ambassade, qui est fermée.
En Allemagne, où le chancelier Gerhard Schröder s’est toujours opposé au recours à la force en Irak, ils étaient au total plus de 100.000 à condamner l’action américaine. Quelque 50.000 personnes, dont certaines brûlaient des drapeaux américains, se sont massées à Berlin, alors que plusieurs milliers d’étudiants et lycéens manifestaient dans les rues de Munich, Francfort, Stuttgart et Hanovre.
En Italie, ce sont quelque 45.000 personnes qui ont défilé dans les rues de Milan, selon la police. À Rome, plusieurs centaines d’étudiants ont bloqué l’accès au parc entourant le Parlement, avant de se diriger vers les bureaux du président du Conseil, Silvio Berlusconi. Certains d’entre eux ont aussi essayé de bloquer les voies ferrées de la gare Termini, la plus importante de la capitale.
D’autres blocages de voies ont été signalées à Florence, Milan, Bologne, Gênes et Padoue.
En Suisse, plus de 40.000 jeunes ont défilé contre la position américaine. Ils étaient 10.000 à Berne, au moins 4.000 à Lausanne et près de 8.000 à Genève. Dans cette dernière ville, des incidents ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants. La police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. Plusieurs personnes ont été touchées, mais aucune n’a été sérieusement, selon des personnels d’urgence.
A Paris, des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées place de la Concorde, près de l’ambassade des Etats-Unis, pour protester contre les premiers bombardements américains en Irak.
A Londres, 5.000 personnes, pour la plupart des lycéens, scandaient en fin de journée des slogans anti-guerre pour dénoncer le soutien du Premier ministre Tony Blair à la politique de George W. Bush.
Ils étaient également plusieurs milliers dans les rues de Madrid pour une manifestation qui a donné lieu à des affrontements avec les forces de police. Dans le même temps, des étudiants ont bombardé de projectiles divers les locaux du Parti populaire de José Maria Aznar, le chef du gouvernement espagnol.
Au Caire, une manifestation rassemblant jusqu’à 5.000 personnes a dégénéré lorsque des participants ont lancé des pierres et des barres en métal et s’en sont pris à des véhicules en signe d’opposition à la politique américaine et à la position des dirigeants égyptiens.
Ils étaient aussi 15.000 à défiler dans les rues de Dacca, au Bangladesh, reprenant des slogans hostiles aux États-Unis et brûlant des drapeaux américains et britanniques.
Enfin, à Manille, aux Philippines, 12 personnes ont été blessées lorsque la police anti-émeute a dispersé 300 manifestants qui tentaient d’approcher l’ambassade américaine.
Des défilés similaires se sont tenus en Australie, au Japon, ainsi qu’au Pakistan, en Inde. Aux États-Unis, la répression a répondu aux protestations (voir encadré).

Arrestations en masse de manifestants aux États-Unis
Les associations et organisations pacifistes avaient appelé à des manifestations dans la plupart des grandes villes américaines et certaines villes moyennes.

À San Francisco, où plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés dans le centre-ville et dans l’université voisine de Berkeley, les forces de police ont procédé à des arrestations de masse. Entre 1.300 et 1.400 manifestants ont été interpellés par la police jeudi à San Francisco, du jamais vu depuis des années. « Cela fait trente ans que je suis ici et jamais je n’ai vu autant de gens arrêtés en une seule journée », a déclaré le chef de la police par intérim Alex Fagan. « Si cela se produisait dans chaque ville du pays, ce serait soit la loi martiale, soit la fin de la guerre », a déclaré un étudiant de Berkeley qui s’était enchaîné avec 16 autres sur une grande artère de San Francisco. Scandant « Arrêt aux bombardements », « Pas de guerre pour le pétrole » ou « La politique de Bush met en danger l’Amérique et en colère le monde », les manifestants s’étaient allongés et attachés les uns aux autres à des carrefours routiers afin de perturber la circulation. À Chicago (Illinois, centre-des milliers de personnes se sont rassemblées dès jeudi soir.

À Arlington), une banlieue de Washington, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une marche pacifique. À New York, quelque 400 personnes se sont retrouvées à la mi-journée à Union Square, lieu traditionnel de rassemblement dans le centre de Manhattan, pour un sit-in de protestation. Un groupe de proches des victimes des attaques du 11 septembre 2001 ont condamné ce qu’ils ont qualifié de guerre illégale et immorale. Dans l’après-midi, et toujours sous une pluie battante, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Times Square pour crier leur opposition aux opérations militaires lancées la veille. La police, présente en force, avait placé des barrières afin de contenir la foule sur les trottoirs et de ne pas entraver la circulation.

À Boston, quelque 4.000 personnes, dont de nombreux étudiants, ont défilé dans les rues de la ville. Une centaine de manifestants qui tentaient de bloquer les accès à un bâtiment fédéral ont par ailleurs été interpellés à Philadelphie.

La France refuse d’expulser les diplomates irakiens

Non à une demande de Washington

Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré hier que l’expulsion de diplomates irakiens et la fermeture de la représentation diplomatique irakienne à Paris relevait de sa seule souveraineté, après une demande américaine en ce sens.

« La France considère qu’une telle décision relève de notre seule souveraineté », a déclaré le porte-parole du ministère François Rivasseau. « Il n’y a pas de raison à l’heure actuelle de raison d’y donner suite ». Selon le porte-parole, l’ambassade des États-Unis en France avait sollicité les autorités françaises jeudi pour demander l’expulsion de diplomates irakiens et la fermeture de la section des intérêts irakiens, la représentation diplomatique irakienne en France. La France n’a plus de relations diplomatiques avec l’Irak depuis le 8 février 1991.

Les agresseurs envahissent le Sud de l’Irak
Au deuxième jour de la guerre contre le peuple irakien, l’armée américaine n’a pas encore recouvert le pays d’un tapis de bombe. Mais l’offensive terrestre a en revanche commencé dans le Sud du pays pour s’emparer au plus vite des puits de pétrole.

Les agresseurs ont subi leurs premières pertes. Un membre du 1er Corps expéditionnaire des Marines qui participait à l’offensive terrestre est devenu officiellement le premier soldat mort au combat côté américain. D’après la chaîne MSNBC, il a été atteint par des tirs irakiens alors que son unité avançait vers le champ pétrolifère de Rumeila. Auparavant, un hélicoptère des Marines s’était écrasé au Koweït, tuant huit soldats britanniques et quatre Marines. Selon les alliés, l’appareil n’a pas été atteint par des tirs ennemis.

Pour l’heure, c’est au sol que se déroulent l’essentiel des opérations. Les armées américaines et britannique ont en effet pénétré jeudi soir dans le Sud de l’Irak où des colonnes de blindés américains s’enfonçaient dans le désert vendredi. À certains endroits, l’armée irakienne les a accueillis par des tirs d’artillerie, ailleurs, les envahisseurs avaient le champ libre.


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