Attentats et offensive militaire

Libye : Daech jette tout son poids pour la conquête des ressources pétrolières

8 janvier 2016

Acculée au Moyen-Orient où la force de frappe de la coalition occidentale menée par les Etats-Unis conjuguée avec la puissance de feu de la Russie ont eu un effet dévastateur, Daech (Etat islamique), s’est lancé dernièrement dans une offensive d’envergure sur les sites de production et d’exportation du brut libyen dans la région du Croissant pétrolier, dans l’Est du pays, pour en prendre le contrôle et anticiper l’intervention militaire étrangère qui se précise en Libye.

En plein essor, la branche libyenne de Daech a commencé à montrer les crocs en multipliant les actions violentes, en témoigne l’attentat perpétré ce jeudi à la voiture piégée contre un centre de formation des gardes-libyens à Zliten (ouest) tuant au moins 45 stagiaires et en blessant une centaine d’autres.

Une action gratuite qui s’inscrit dans la droite ligne des méthodes de Daech de cibler tous les organes de sécurité en recourant à la violence aveugle en vue de tuer le plus grand nombre de personnes, de créer la psychose et de terroriser les gens avec en filigrane le dessein d’empêcher la reconstruction de l’Etat pour perpétuer le chaos dont cette organisation terroriste tire profit.

Offensive dans le Croissant pétrolier

Lundi, Daech avait lancé une importante offensive dans la région du Croissant pétrolier abritant les plus grands gisements et sites de production et d’exportation de pétrole pour en prendre le contrôle, profitant de la faiblesse des organes sécuritaires et des institutions de l’Etat.

Daech qui n’en est pas à sa première tentative de prendre le contrôle de sites pétroliers en Libye, avait mené différentes attaques qui ont été repoussées par le dispositif des gardes des installations pétrolières malgré le manque d’équipements.

Mais pour Seif Eddine Drougui, universitaire libyen, « cette nouvelle offensive de Daech revêt une signification et un objectif particuliers », soulignant qu’elle « intervient dans un contexte singulier à la fois au niveau local qu’international ».

Evoquant la conjoncture nationale, M. Drougui a affirmé que « cette offensive armée de Daech coïncide avec l’achoppement de la mise en œuvre de l’accord politique qui peine à se matérialiser sur le terrain plus de deux semaines après sa signature au Maroc. Le Congrès et la Chambre des représentants n’ont même pas réussi à tenir des séances de vote sur l’accord, ni à adopter le gouvernement d’union, pièce maîtresse du dispositif de la nouvelle transition dans le pays ».

Une situation qui a donné de l’entrain à Daech et l’a encouragé à mener cette offensive face à l’état de division du pays et à la persistance de la crise politique en dépit de tous les efforts déployés, a-t-il déploré.

Instabilité

En effet, l’organisation de l’Etat islamique est consciente que le gouvernement d’union est un outil du dispositif sur lequel comptent les pays occidentaux en Libye dans leur guerre contre cette nébuleuse, étant donné que dès sa mise en place, le nouveau gouvernement demandera l’aide des puissances occidentales pour lutter contre le terrorisme dans le pays.

Selon lui, ce n’est pas uniquement pour cette raison que Daech s’est lancé à la conquête des sites pétroliers, affirmant que « fort de son implantation qui s’étend à toutes les régions du pays à partir de la ville de Syrte, au centre, et les villes environnantes, l’organisation de l’Etat islamique veut, en conformité avec ses ambitions, mettre la main sur les ressources pétrolières pour consolider sa puissance et diversifier ses sources de revenus en prenant le contrôle de la manne pétrolière dans la région orientale du pays ».

Rejoignant cette analyse, Brahim Hadj Fitouri, un ingénieur dans une compagnie pétrolière libyenne, a été plus nuancé en affirmant que Daech est en phase avec ses chefs historiques dans le Moyen-Orient, notamment Aboubaker al-Baghdadi, qui se trouve au Moyen-Orient mais dont les troupes sont en net recul aussi bien en Irak, leur bastion, qu’en Syrie, en témoignent les pertes de vastes régions dans ces deux pays.

Il a ajouté que « cette déconfiture de Daech est accompagnée d’une importante perte de ressources, notamment le pétrole et les autres activités de trafic en tous genres. D’où la nécessité de compenser cette perte par de nouvelles conquêtes en Libye, devenue l’Eldorado des djihadistes et autres groupes terroristes ».

Daech à 50 minutes de l’Italie

Ayant les ressources pétrolières à portée de leurs canons en Libye, les combattants de Daech ne pouvaient pas laisser cette opportunité pour faire main basse sur l’or noir libyen, selon de nombreux observateurs qui estiment que l’organisation terroriste fourbissait ses armes pour prendre le contrôle de ses richesses et attendait le moment adéquat pour passer à l’acte.

En outre, la volonté affichée par de nombreux pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, l’Italie, la Grande Bretagne et la France de chasser Daech de la Libye, de mener une action militaire, est plus claire que jamais.

La France qui a déjà conduit des vols de reconnaissance en Libye pour mesurer les forces danger de Daech, considère que cette organisation est un danger permanent, et plus tôt on s’en débarrasse, mieux ce sera.

C’est ainsi que l’échéance du printemps a été fixée comme délai pour lancer une action militaire d’envergure, le temps que le gouvernement d’union soit opérationnel.

Devant cette réalité, Daech a agi à travers cette offensive pour consolider sa position dans le pays en faisant d’une pierre deux coups, à savoir : s’emparer des ressources pétrolières et étendre son influence en faisant de nouvelles conquêtes.

Mais cette offensive ne fera que consolider la volonté des pays occidentaux d’agir rapidement contre Daech qui se trouve à 50 minutes des côtes italiennes.

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