5 juin 2007

Manifestation à Hébron pour les 40 ans d’occupation des territoires palestiniens

8 juin 2007

Le 5 juin 2007 marquait le quarantième anniversaire de la guerre des Six jours. En Israël, l’euphorie qui avait suivi cette victoire militaire historique a laissé progressivement la place au questionnement.

Le 5 juin 2007 marquait le quarantième anniversaire de la guerre des Six jours. En Israël, l’euphorie qui avait suivi cette victoire militaire historique a laissé progressivement la place au questionnement. Non seulement cette guerre n’a rien réglé sur le plan diplomatique, mais bien plus, les Israéliens se sont retrouvés avec une population palestinienne et arabe occupée, ce qui n’était pas forcément prévu. Et les illusions de ce que Moshé Dayan avait osé appeler une "occupation éclairée" se sont elles aussi dissipées : une occupation est une occupation, avec son cortège d’arbitraire, d’humiliations et d’oppression.
Le minuscule État d’Israël triplait la superficie du territoire qu’il contrôlait avant le début de la guerre, et l’armée israélienne était la "troisième armée du monde". Ivresse, vertige, et choc du retour au réel, quand il s’est avéré que cette "profondeur stratégique" qu’offraient ces territoires n’était, elle aussi, qu’une illusion.
Entre temps, l’entreprise de colonisation a débuté. Considérée, du temps des travaillistes, comme une réponse de type sécuritaire, qui consistait à poser sur le terrain des points de contrôle stratégique, cette colonisation, après l’arrivée de Menahem Begin au pouvoir en 1977, est devenue un "devoir national", de type messianique. Et les religieux sont entrés dans la danse.

40 ans d’occupation

C’était encore le temps où les Israéliens pensaient pouvoir faire tout ce qu’ils voulaient dans les territoires occupés. Les Palestiniens ne se révoltaient que très rarement, et de manière sporadique.
Mais là aussi, les illusions des Israéliens se sont envolées. Deux Intifadas sont passées par là, avec la constitution d’une identité nationale palestinienne forte, et la revendication d’un État souverain.
Comme l’écrit l’historien Tom Segev dans son livre récent "1967", si l’on avait dit à l’époque aux Israéliens que 40 ans plus tard, on en serait encore là, ils ne l’auraient pas cru. Et pourtant...
40 ans plus tard, il n’y a toujours pas d’État palestinien. Les structures étatiques palestiniennes nées du processus d’Oslo sont quasiment détruites et les Palestiniens s’entre-déchirent.
Le gouvernement israélien, lui, est dans un état de déliquescence jamais connu dans son histoire, et a perdu la confiance du peuple.
La paix paraît plus loin que jamais.

L’opinion publique pour la paix face à des dirigeants incapables... 40 ans, ça suffit !

Pourtant, en Palestine comme en Israël, les sociétés civiles se sont levées pour dire : Ca suffit ! Une solution existe, celle de deux Etats pour nos deux peuples, qui vivront côte à côte en bons voisins. Les Accords de Genève, résultat de nombreux mois de négociations serrées entre patriotes palestiniens et israéliens, ont prouvé que cette solution n’était pas un rêve, et qu’il était possible de trouver des accords sur tous les points qui fâchent : frontières, réfugiés, Jérusalem.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une situation paradoxale. Les opinions sont en faveur de la paix, et tout le monde sait à quoi cette paix ressemblera, mais les dirigeants, pour des raisons diverses, sont incapables de la mettre en oeuvre.

C’est dans ce contexte que se sont déroulées, et se dérouleront encore toute cette semaine, des manifestations en Israël, en Palestine, et un peu partout dans le monde, avec le même mot d’ordre : 40 ans, ça suffit ! Deux Etats pour Deux Peuples ! Le 5 juin, qui marquait le quarantième anniversaire du déclenchement de cette guerre, Shalom Arshav (La Paix Maintenant) a défié les colons de Hébron en organisant dans "leur" ville une manifestation pour le démantèlement des colonies. Malgré la contre-manifestation inévitable organisée par les colons, il n’y a pas eu de violences, sinon verbales. Le même jour, une manifestation organisée par les Combattants palestiniens pour la Paix a eu lieu à Anata, en territoire palestinien. D’autres manifestations se sont déroulées simultanément à Tel-Aviv, Rome, Paris, Londres, Washington, Canberra et Boston.
Toute cette semaine, d’autres manifestations suivront encore, à Milan, Bruxelles, Chicago, Tulkarem, Jérusalem, Cologne, Berlin, Rio de Janeiro, au Togo et très probablement dans bien d’autres endroits encore qui ne se sont pas signalés. Particulièrement symbolique sera le rassemblement de la jeunesse israélienne et palestinienne à Tantour, sur la ligne qui sépare Jérusalem de Bethléem, les 8 et 9 juin.

Le 5 juin à Paris, devant le Mur de la Paix, la manifestation organisée à l’appel de La Paix Maintenant (France) a reçu le soutien de nombreuses associations, toutes impliquées dans le combat pour la paix et la laïcité : Ni Putes Ni Soumises, SOS Racisme, le Conseil français des musulmans laïques, le Manifeste des Libertés (hommes et femmes de culture musulmane contre la misogynie, l’homophobie, l’antisémitisme et l’islam politique), l’Association des Juifs Humanistes et Laïques, l’Union des Familles Laïques, Hachomer Hatzaïr, le Cercle Bernard Lazare, le Centre MEDEM Arbeter-Ring, le Club Laïque de l’Enfance Juive et le Mouvement de la Paix. Cet événement a rassemblé plusieurs centaines de manifestants sur le Champ de Mars.
Le représentant du mouvement pacifiste a déclaré en conclusion de cette manifestation : « Cet événement, quelle qu’ait été sa modestie, s’inscrivait dans quelque chose qui nous dépasse. Ce sont Mrs Gershon Baskin et Hanna Siniora, respectivement co-directeurs israélien et palestinien de l’IPCRI, qui nous l’ont écrit pour nous remercier. Ils sont les coordinateurs de ce mouvement au niveau mondial, appelé judicieusement "Ensemble pour la Paix". Oui, hier, nous étions bien "ensemble pour la paix", avec nos camarades israéliens et palestiniens et ceux du monde entier. »

G.E.


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