Égypte

Moubarak déchu, l’Égypte entre les mains de l’armée

14 février 2011, par Céline Tabou

Mohamed Hosni Moubarak a remis le pouvoir à l’armée depuis vendredi, et a entrainé une clameur nationale, notamment au Caire, à Alexandrie, au Port-Saïd, à Suez et dans bien d’autres villes égyptiennes. Une clameur de vie tellement intense qu’elle ne s’est pas éteinte pendant plusieurs heures a annoncé le correspond de “l’Humanité”.

Après dix-huit jours qui auront changé le pays, la vie reprend peu à peu. Des commerces ont ouvert dimanche 13 février, et les Égyptiens sont retournés travailler. Cependant, des milliers de personnes sont revenues sur la place Tahrir, au Caire, pour exiger de l’armée qu’elle tienne ses promesses. « Si l’armée ne remplit pas nos exigences, notre soulèvement et ces manifestations concrètes repartiront de plus belle », a annoncé Safouat Hegazi, l’un des chefs de file de la contestation, selon “Le Monde”.

Sécuriser avant le prochain gouvernement

Parmi les revendications, la levée de l’état d’urgence et la dissolution du Parlement issu des élections législatives de novembre dernier qui auraient été truquées au profit du Parti national démocrate (PND) au pouvoir. Le Conseil suprême des forces armées égyptiennes est chargé du pays depuis la démission vendredi 11 février d’Hosni Moubarak, une « transition pacifique » qui « préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un État démocratique libre ».
Pour le moment, la priorité de l’armée est la sécurité et la reprise des activités. Les militaires sécurisent les bâtiments stratégiques en l’absence de la police. Le Conseil suprême des forces armées, dirigé par le ministre de la Défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, a indiqué par voix interposée qu’il n’y aura pas de remaniement de grande ampleur dans les prochains mois. « Le gouvernement restera jusqu’à la fin du processus de transition, un nouveau gouvernement sera alors nommé sur la base de principes démocratiques », a déclaré un porte-parole du gouvernement, nommé le 31 janvier par l’ancien Président Moubarak.
Le Conseil suprême précise que l’Égypte est toujours liée aux traités régionaux et internationaux signés par le passé. « La République arabe d’Égypte restera engagée envers tous ses traités régionaux et internationaux », selon le quatrième communiqué de l’armée en 48 heures publié sur le site du “Monde“.

La police manifeste face à l’armée

Le journal “Libération” révèle que près de 400 membres de la police égyptienne ont manifesté « pour leur honneur ». Critiqués pour leur attitude envers les manifestations, ils se joignent aux manifestants et réclament des hausses de salaire et l’exécution de leur ancien ministre, Habib el-Adli, révoqué fin janvier sous la pression de la rue. La police égyptienne, accusée de brutalité et de corruption, est méprisée par la majorité de la population, contrairement à l’armée, qui est appréciée des manifestants pour la retenue dont les soldats ont fait preuve.
« L’armée est la colonne vertébrale de l’Égypte. La solution n’est pas de nous faire quitter la place. Elle doit répondre à nos demandes », a déclaré un manifestant dans un haut-parleur, a révélé “France-Soir”.
Toutefois, les activistes pro-démocrates, organisateurs des manifestations, ont demandé au Conseil suprême militaire d’accepter leur programme de réformes démocratiques, sinon ils ne quitteraient pas le camp de la place Tahrir.

Céline Tabou

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