Après le bombardement meurtrier de Cana par l’aviation israélienne

Multiplication des appels pour la cessation immédiate des hostilités

1er août 2006

La condamnation du gouvernement d’Israël est unanime à travers le monde après la mort dimanche d’au moins 52 civils dont 30 enfants, dans le bombardement du village de Cana, dans le Sud Liban. De toutes parts, les appels fusent en faveur d’une cessation des hostilités qui, depuis le 12 juillet, ont fait 750 morts au Liban.

Javier Solana, le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne a exprimé sa "consternation", soulignant que "rien ne peut justifier" de telles pertes civiles.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a dénoncé une "agression barbare" et l’Organisation de la conférence islamique un "crime de guerre".
Le Secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan, a demandé aux 15 membres du Conseil de sécurité réunis d’urgence à New York de "condamner cet acte dans les termes les plus fermes", estimant qu’Israël exerçait son droit à l’autodéfense à "une échelle inacceptable". Il a "supplié" les États-membres de surmonter leurs divergences pour mettre fin au conflit.
Si le gouvernement d’Israël a exprimé ses "regrets" et ordonné une enquête, il a fait montre surtout d’une détermination inchangée.

Réprobation unanime

La Finlande, qui préside l’UE, s’est dite "choquée" et a appelé à "une cessation immédiate des hostilités". L’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Irlande, la Suisse, l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes, la Turquie, le Venezuela ou le Mexique ont chacun exprimé leur "consternation", leur condamnation de tels actes et appelé à un cessez-le-feu. Le Brésil, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ont décrété un deuil national de trois jours.


Les États-Unis vont-ils sortir de leur splendide isolement ?

La tuerie de Cana a encore enflammé les esprits au Proche-Orient et dans les capitales arabes. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a parlé de "crimes contre l’humanité" et a rejeté toute négociation préalable à un cessez-le-feu. En Palestine, le Hamas a appelé à une résistance totale, et le Jihad islamique a promis des attentats-suicides. Le bombardement meurtrier est intervenu le jour où Condoleeza Rice devait se rendre à Beyrouth. Devenue indésirable, la secrétaire d’État américaine a préféré, avant de rentrer à Washington lundi, revoir Ehud Olmert, sans doute pour tenter de le convaincre de la nécessité de stopper cette offensive. En effet, suite à la longueur inattendue du conflit, les États-Unis craignent une escalade et un véritable embrasement de la région à un moment où ils sont embourbés en Irak et où l’Iran souffle sur les braises. Hier, après le massacre de Cana, Condoleeza Rice a appelé à un cessez-le-feu "le plus tôt possible" alors que l’administration Bush privilégierait l’instauration au Sud-Liban d’une zone tampon contrôlée par une force de la paix internationale.
Le temps est peut-être venu pour que les États-Unis sortent de leur splendide isolement.


Colère et recueillement après la tragédie de Cana

L’indignation et la colère exprimées par les Libanais plus tôt dans la journée se sont transformées en recueillement dimanche soir à Beyrouth.
Des chants ont retenti en mémoire des victimes civiles de Cana, pilonné pendant deux heures. Parmi ces victimes, il y avait plus d’une trentaine d’enfants dont la moitié étaient handicapés. En 1996, un bombardement israélien avait déjà tué 105 civils réfugiés dans un camp de l’ONU à Cana. Dans le centre de Bruxelles, ce sont près de 5.000 personnes qui ont manifesté dimanche après-midi contre la tuerie de Cana. À Paris, sur l’esplanade du Trocadéro, les manifestants étaient environ 600. À Londres également, des centaines de personnes se sont retrouvées à Trafalgar Square. Elles ont réclamé que le Premier ministre britannique plaide en faveur d’un cessez-le-feu immédiat au Liban. Tony Blair est de plus en plus critiqué pour son alignement inconditionnel sur la politique américaine.


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