Les commerçants ont quitté le pays, par peur des représailles

Pénurie de nourriture et de carburant au Nord du Mali

6 février 2013

Les prix des denrées et du carburant dans le nord du Mali ont flambé à cause de l’épuisement des stocks et des vendeurs qui ont fui la zone depuis le début des opérations, selon l’ONG Oxfam. Les commerçants craignent les représailles dans le sillage de l’arrivée de l’armée française.

Les pénuries ont suivi le pillage de magasins et d’entrepôts lors des opérations, a annoncé lundi Oxfam dans un communiqué.
L’agence a également annoncé des rapports persistants de reprises d’attaques.
Elle a déclaré que plusieurs vendeurs de denrées alimentaires, en majorité des arabes ou des touaregs, ont fui la zone avec l’avancée des troupes françaises.
Ils assuraient l’essentiel de la distribution de produits alimentaires, de carburant entre autres produits dans le nord du Mali.
Oxfam a déclaré que la pénurie de produits alimentaires et de carburant a rapidement atteint les marchés et l’essentiel de la nourriture disponible a été pillé.

Risque d’exil durable

Plusieurs réfugiés arabes et touareg dans les pays voisins ont déclaré à l’agence qu’ils craignent des représailles à leur retour chez eux. 
"Si les commerçants ne reviennent pas bientôt et que les produits alimentaires demeurent limités comme c’est le cas actuellement, il est donc probable que les marchés ne seront pas suffisamment approvisionnés et que le prix va grimper – ce qui ne va pas faciliter aux chefs de famille de nourrir correctement leurs protégés", a déclaré Philippe Conraud, directeur pays d’Oxfam au Mali. 
"Ces commerçants son indispensables pour l’économie locale – et cette économie a été déjà largement affaiblie par presque une année de crise. Cette phase de la guerre est sur le point d’être achevée, mais la bataille pour l’instauration de la paix et de la stabilité ne fait que débuter. Si les populations sentent que leurs vies sont menacées et que leurs familles ne sont pas en sécurité, elles ne retourneront pas au Mali. C’est aussi simple que cela", a expliqué M. Conraud.

20% d’augmentation en un mois

La nourriture se fait déjà rare dans plusieurs marchés de la région de Gao où les communautés font face à des pénuries depuis la sécheresse de l’année dernière. 
D’après les récentes évaluations effectuées par Oxfam, les prix des denrées alimentaires ont grimpé de presque 20 pour cent depuis l’intervention militaire étrangère au Mali en janvier. 
Les voies conventionnelles qui relient le nord du Mali et le sud, le Niger et l’Algérie sont très limitées en ce moment. 

350.000 Maliens obligés de fuir les combats

Le démarrage, en janvier 2013, des opérations militaires a réduit ou freiné la présence et l’intervention des organisations humanitaires au moment où l’on constate un accroissement des besoins et une paralysie au niveau des services sociaux de base et des circuits économiques. Des centaines de milliers de personnes ont fui le nord du Mali, dont Gao, pour trouver refuge dans les pays frontaliers, au nord et aussi au sud du Mali. Les derniers chiffres des Nations Unies font état de 147 000 réfugiés maliens dans les pays voisins et de quelque 200 000 déplacés internes.
Mali

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