Moyen-Orient

Place à la violence en Égypte

20 août 2013, par Céline Tabou

Depuis la destitution du Président Morsi le 3 juillet, la tension monte entre les pro et les anti-Morsi. La situation a dégénéré lors de l’évacuation musclée des partisans du président déchu, au Caire.

Près de 800 personnes sont décédées suite à l’évacuation par la force des pro-Morsi dans les campements au Caire, depuis mercredi 14 août. 35 membres des Frères musulmans ont été asphyxiés, après avoir tenté de s’évader en prenant en otage un policier, selon le Ministère de l’Intérieur. Des doutes persistent, car une source judiciaire a affirmé à l’agence de presse “Reuters” qu’ils seraient morts étouffés à l’arrière d’une camionnette de police surchargée.

Le bilan depuis la chute de Mohamed Morsi est porté à 73 policiers morts dans le Sinaï, selon un décompte “AFP”. De son côté, l’armée a affirmé avoir tué près de 70 « terroristes » au Sinaï au cours de la même période.

Aucune négociation

Le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Sissi, a assuré que le pouvoir « ne pliera pas devant la violence des islamistes » , lors d’un discours télévisé. Face à ces propos, l’Alliance contre le coup d’État, composée des pro-Morsi, a annulé de nombreuses manifestations pour des raisons de « sécurité ». Seul geste de concession accordé par le gouvernement intérimaire, la dissolution des « comités populaires », sorte de milices civiles mises en place par des opposants de l’ancien chef de l’État, qui se sont données pour mission de réprimer — et de tabasser — elles-mêmes les militants de l’autre camp, a expliqué l’“Agence France Presse”.

Plus d’une vingtaine de policiers sont décédés lundi 19 août, dans une attaque à la roquette dans le Sinaï. Cet attentat est le plus meurtrier contre les forces de l’ordre depuis des années en Égypte. Le Ministère de l’Intérieur avait confirmé ces chiffres et dénoncé « la poursuite des actes terroristes des groupes armés dans le Nord-Sinaï ». Selon les sources de l’“Agence France presse, des hommes armés, soupçonnés d’appartenir à la mouvance radicale islamiste, ont attaqué deux minibus de la police alors qu’ils se dirigeaient vers la ville de Rafah. Cette ville est le point de passage vers la bande de Gaza, il a été fermé par les autorités suite à l’attaque.

L’Union européenne tente la menace financièreL’Union européenne tente la menace financière

Réunis à Bruxelles, les représentants des 28 États membres ont fait le point sur la situation, ces derniers devraient « réviser leurs relations avec l’Égypte » . Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a expliqué que « des ministres prendront des décisions sans doute vers le milieu de la semaine et nous faisons donc actuellement le réexamen de nos relations avec l’Égypte. En fonction de la situation, nous verrons ce qu’il faut décider ». L’institution souhaite amener l’Égypte vers une sortie de la violence et l’orienter vers une solution politique. Les Européens se penchent sur une réduction de l’aide financière. Elle s’élève à 450 millions d’euros pour 2011-2013.

Cette enveloppe reste minime par rapport à celle des États-Unis qui s’élève à plus de 974 millions d’euros seulement en aide militaire. Cependant, le mouvement Tamarod a lancé une pétition appelant à dire « Non à l’aide étrangère » , en référence aux 1,3 milliard de dollars versé chaque année par les États-Unis à l’armée égyptienne.

Mais « avec la répression violente, je ne vois pas comment nous pouvons maintenir notre aide. Malheureusement, les militaires en Égypte ont l’impression, et surtout avec le président américain qui n’a pas remis l’aide en cause lors de son intervention, que quoi qu’ils fassent, on va les aider. Donc, je suis en faveur de la suspension de l’aide », a expliqué de son côté la sénatrice républicaine Kelly Ayotte.

Pour sa part, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, a qualifié d’éventuelles sanctions financières d’ « inacceptables ».

Céline Tabou


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