Appel aux États du Maghreb et du Moyen-Orient

Plaidoyer pour déclarer l’esclavage et la traite crimes contre l’humanité

25 août 2012

Dans un communiqué posté sur le forum du site web de “Témoignages”, la Fondation du Mémorial de la traite des noirs lance un appel à adopter en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une déclaration affirmant que l’esclavage et la traite sont des crimes contre l’humanité.

A l’occasion du 23 août Journée internationale du Souvenir de la traite des noirs décidée par l’UNESCO, la Fondation du Mémorial de la traite des noirs lance un Plaidoyer pour déclarer la Traite des Noirs et l’Esclavage Crimes contre l’Humanité en direction des États du Maghreb et des pays arabes.
Pendant quatorze siècles, l’Afrique noire a vécu une véritable chasse à l’homme qui a arraché au continent entre 15 et 17 millions d’hommes dans des caravanes par le Sahara pour le Maghreb ou par bateau vers la Péninsule arabique. Des bandes armées et des soldats venus du Maghreb fondent sur les populations de l’Afrique de l’Ouest essentiellement pour razzier, enlever et vendre des femmes, des hommes et des enfants exploités comme domestiques, artisans, mineurs, soldats dans les plantations, les mines, les palais et demeures bourgeoises du Maghreb, du Moyen et du Proche-Orient. Les marchés aux esclaves se développent jusqu’au début du 20ème siècle, véritables usines de déshumanisation, à Tombouctou, à Marrakech, au Caire, à Bagdad, à Zanzibar, jusqu’à Istanbul. (1)
A mesure que le continent noir devient le principal réservoir d’esclaves des pays arabes se développe un racisme qui justifie l’esclavage : l’infériorité de l’homme noir. C’est ainsi que préexiste et survit à cette tragédie une discrimination dont les descendants d’esclaves et les immigrés africains continuent de souffrir. De même que des formes d’esclavage moderne issues de cette histoire dans des pays comme la Mauritanie, le Maroc, l’Arabie saoudite, etc. (2)
Dans une région où la question de l’esclave et de la traite négrière demeure encore un sujet tabou, cette histoire douloureuse et créatrice est très peu interrogée par les pays africains et arabes qui peinent à rentrer ainsi dans la modernité de la mémoire et de la protection des droits de l’Homme.
La Fondation du Mémorial exige de sortir de l’ombre ses esclaves, aussi, de leur rendre justice et de combattre les formes de racisme héritées dans le Maghreb et le Moyen-Orient. Dans un esprit d’ouverture, de dialogue et de partage autour de ce patrimoine commun, mais aussi pour lutter contre l’esclavage moderne, la Fondation du Mémorial de la traite des noirs écrit aux chefs d’État du monde arabe pour leur demander de déclarer la traite des noirs crime contre l’humanité.
Après la France en 2001, le Sénégal en 2010, les États maghrébins et arabes devraient aussi s’engager résolument dans ce nécessaire devoir de mémoire par respect pour la mémoire des millions de victimes de ce commerce honteux, pour lutter contre le racisme et les discriminations héritées de cette histoire, mais aussi pour valoriser les contributions apportées par les populations africaines.

(1) “Le Génocide voilé”, Tidiane Ndiaye, Gallimard, 2008
(2) “L’Esclavage en terre d’Islam” Malek Chebel, Fayard, 2007


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Messages

  • C’est une bonne façon de poser la problématique de l’esclavage en terre d’islam,sauf qu’à mon humble avis çà va être très difficile, parce que le coran qui est pour les musulmans la parole divine d’ALLAH n’est pas du tout clair sur la question. Je vous renvoie à quelques versets que les gens pourront vérifier d’eux-même. Par exemple la sourate2 al baqara(la vache) verset221 ; sourate4 an-nisa(les femmes)verset3,verset24 et 25,verset36 (…)


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