Après l’annonce du décès d’Oussama Ben Laden

Plus que jamais l’urgence d’une issue politique en Afghanistan

3 mai 2011, par Manuel Marchal

L’annonce dimanche soir de la mort d’Oussama Ben Laden par Barack Obama replace une nouvelle fois la guerre en Afghanistan au centre de l’actualité. Il est plus que jamais urgent de rechercher une issue politique à cette guerre qui n’a que trop duré. Avec la disparition de la scène du dirigeant d’Al Qaïda, c’est le but de guerre le plus symbolique qui n’existe plus, et il n’a aucun successeur.

Ce n’est pas dans une caverne ou un blockhaus aux confins de l’Afghanistan qu’Oussama Ben Laden aurait été tué, mais dans un quartier résidentiel de la grande banlieue d’Islamabad, la capitale du Pakistan. 10 ans après le début de la "croisade" lancée par George Bush, un objectif de guerre est atteint, c’est le plus symbolique.
Aux États-Unis, la nouvelle a été accueillie par des manifestations de joie. L’image d’Oussama Ben Laden y a été en effet souvent utilisée pour justifier le déclenchement d’alertes traduites par une restriction des libertés. Chacun a encore en mémoire les images de militaires montant la garde à l’entrée des gratte-ciels de Manhattan. C’est aussi cette image qui a été mise à profit pour enfermer depuis des années sans jugement des êtres humains dans les cages de Guantanamo.
C’est à 23 heures, un dimanche soir que le président des États-Unis a annoncé la nouvelle. D’après lui, voici une semaine, des soldats américains ont attaqué une villa fortifiée au Pakistan. L’assaut a fait plusieurs victimes dont le chef d’Al Qaïda. Puis les soldats ont redécollé vers leur base en emportant la dépouille d’Oussama Ben Laden. D’autres informations ont ensuite complété l’annonce du chef de l’État américain. Après avoir été identifié, le corps a ensuite été immergé en pleine mer. Voilà pour la version officielle.
Cette information vient en tout cas renforcer aux États-Unis la conviction d’aller vers un retrait des militaires engagés en Afghanistan. Au moment de recevoir le Prix Nobel de la Paix en décembre 2009, Barack Obama avait annoncé l’envoi de 30.000 soldats en Afghanistan. À cela s’ajoutait un calendrier prévoyant le début du retrait au bout de 18 mois. Les observateurs ont traduit cela par un début de désengagement à partir du mois de juillet prochain. Sachant que la guerre en Afghanistan avait notamment pour but officiel de rechercher et traduire en justice les commanditaires présumés des attaques du 11 septembre 2001, l’annonce du décès d’Oussama Ben Laden, présenté à l’opinion comme le principal responsable de ces attaques, rend donc la présence de soldats américains en Afghanistan encore plus inutile.
Se pose alors celle des soldats envoyés par le gouvernement. Le 21 avril dernier, un jeune Réunionnais avait encore été victime de ce conflit qui s’éternise depuis bientôt 10 ans.
Pour les mêmes raisons que celles invoquées par les USA, des troupes avaient été déployées en Afghanistan par les autorités de la République. Il s’agissait de mettre fin aux agissements de "terroristes internationaux" et autres fanatiques et de combattre Al Qaïda. Maintenant qu’officiellement le chef d’Al Qaïda n’existe plus, alors pourquoi Paris n’annonce-t-il pas lui aussi un désengagement d’Afghanistan ?
Dans un communiqué diffusé après la tragique disparition d’Alexandre Rivière, le Parti communiste réunionnais rappelait qu’en 2010, 10.000 personnes avaient perdu la vie à cause de la guerre en Afghanistan. Une sortie politique « est la seule solution qui pourrait éviter de nouveaux drames », écrivait le PCR. Les voix de la paix seront-elles enfin entendues ?

Manuel Marchal

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