Au lendemain de la signature d’un partenariat avec l’Union européenne, l’annonce d’un plan d’austérité

Pour une « révolution économique » en Tunisie

4 mars 2014

Le nouveau chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa, a annoncé « des mesures urgentes » pour redresser la situation économique du pays rendue plus difficile par les troubles et l’instabilité qui ont paralysé depuis trois ans l’appareil productif, suite de la révolution qui a fait chuter l’ancien régime dictatorial. Ce qui est déjà sûr, c’est le gel des recrutements dans la fonction publique et la révision des subventions aux achats de produits de première nécessité.

Intervenant lundi soir à la télévision, un mois après l’entrée en fonction de son cabinet, M. Jomaa a appelé ses compatriotes à consentir des sacrifices, la situation étant, selon lui, "plus difficile que l’on imaginait, surtout sur le plan financier".

"Des sacrifices sont impératifs, car si on retarde l’échéance, la réalité sera plus amère", a-t-il averti, emboîtant ainsi le pas au ministre des Affaires économiques, Nidhal Ourfelli, qui avait déjà mis en garde contre le risque de voir la situation devenir "catastrophique" si ces mesures n’étaient pas mises en œuvre.

Aucun fonctionnaire supplémentaire

Sans préciser les décisions qu’il envisage de prendre, le chef du gouvernement a néanmoins annoncé qu’il n’y aura pas de recrutements dans la Fonction publique en 2014, l’Etat n’ayant pas les moyens de les financer.

Il projette, en outre, comme le réclame le Fonds monétaire international (FMI), de réviser les subventions allouées par l’Etat aux produits de base de manière à ce qu’elles n’affectent pas les catégories sociales faibles.

Ces subventions octroyées par la Caisse de compensation grèvent lourdement le budget de l’Etat.

En trois ans, elles ont augmenté de plus de 270 pc, tandis que les salaires ont enregistré une augmentation de plus de 50 pc.

En trois ans, la Tunisie a emprunté plus de 25 milliards de dinars, soit 15,8 milliards de dollars, s’est alarmé M. Jomaa.
Pour le budget de 2014, le pays a besoin de plus de 12 milliards de dinars d’emprunts, soit 7,6 milliards de dollars environ, dont seulement 7,8 milliards de dinars ont été identifiés.
"On ne sait pas encore où trouver les 4,5 milliards restants", a reconnu le chef du gouvernement.

Après la révolution politique, la révolution économique

Outre le lancement d’emprunts obligataires locaux, il compte aller chercher des financements dans les pays du Golfe, aux Etats-Unis et en France.
Pour cet ingénieur de formation, spécialisé dans l’aéronautique, la clé des problèmes actuels de la Tunisie réside dans "la réhabilitation du travail et de la discipline".
"Les trois dernières années, on n’a pas travaillé. Les emprunts n’ont pas servi à l’investissement, mais à la consommation", a-t-il déploré.
Selon lui, les Tunisiens ont réussi une révolution politique, mais ils doivent maintenant faire face à une révolution économique.


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