Un an après la prise de Tripoli

Tension entre l’AFN et les Frères musulmans

22 août 2012

L’intervention de l’OTAN dans la guerre civile en Libye prétextait l’installation d’une démocratie à l’occidentale pour remplacer le régime politique alors en place. Un an après la prise de la capitale Tripoli, les anciens opposants à Kadhafi se déchirent à cause du pouvoir.

Le dialogue national en Libye entre les différents courants politiques dans le pays, en particulier entre les pôles sur la scène politique libyenne, l’Alliance des forces nationales (AFN), classée comme un parti libéral, et le Parti de la justice et de la construction (PJC), aile politique du mouvement des "Frères musulmans" en Libye, a commencé à se désintégrer, face à l’escalade du langage de l’exclusion et de la marginalisation.
Ce phénomène est apparu en particulier à la suite d’une fuite d’informations selon lesquelles les Frères musulmans œuvrent à adopter une loi de bannissement politique par le Congrès national général nouvellement élu.
L’AFN avait remporté une victoire écrasante avec 39 sièges lors des premières élections multipartites en Libye depuis plus d’un demi-siècle, sur les 80 sièges attribués aux partis politiques, alors que le PJC s’est placé en deuxième position avec 17 sièges.
Ce parti s’était positionné pendant la campagne électorale comme le vainqueur incontesté dans ce qui devrait être une reproduction de ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, premier et deuxième pays des révolutions du Printemps arabe et où le Parti Ennahdha en Tunisie, d’obédience islamique et le Parti pour la justice et la construction en Egypte (l’aile politique des Frères musulmans en Egypte) ont gagné les élections.

Pas le même résultat qu’en Tunisie ou en Egypte

Les Libyens sont allés pour la première fois dans la vie de la plupart d’entre eux aux urnes le 7 juillet 2012 pour élire les 200 membres du Congrès national général (120 membres indépendants et 80 de partis politiques), qui conduira la phase de transition d’environ un an et demi.
La rédaction d’une Constitution pour ce pays situé en Afrique du Nord sera parmi les principales missions de cette assemblée.
Les Libyens ont provoqué la surprise d’abord en organisant des élections libres et transparentes dans un environnement sécurisé sans incident majeur malgré la prolifération des armes et d’autre part en donnant la majorité des voix pour l’Alliance des forces nationales, dirigée par le Dr Mahmoud Jibril et classée comme tendance libérale en allusion, selon les observateurs, à ce que la société libyenne est une société musulmane, par nature, et n’a pas autant besoin de personnes pour lui apprendre les principes fondamentaux de l’Islam et à construire les institutions constitutionnelles et un Etat civil.
La passation du pouvoir s’est déroulée le 8 août 2012 pacifiquement pour la première fois en Libye du Conseil national de transition (CNT), qui a mené la révolte contre l’ancien régime et la première phase transitoire, ainsi que l’élection du président du Congrès national général.

Risques de divisions

Cependant, l’élection du Dr Mohamed Youssef Al-Mgueryef, l’un des plus anciens symboles de l’opposition libyenne au régime de Kadhafi depuis les années 80 du siècle dernier, pose nombre de questions, d’autant que le parti du Front de salut national, qui est dirigé par Al-Mgueryef n’a gagné que 3 sièges aux élections du Congrès national général.
Face à la montée de tensions entre les pôles de la scène politique libyenne, l’AFN a publié un communiqué rapporté par les médias locaux, dans lequel il a dit qu’il a suivi « avec tristesse et chagrin intenses la campagne injuste menée contre lui par certaines forces politiques et des personnalités publiques exploitant les médias et moyens de communication, y compris publics ».
Le communiqué indique que le timing choisi pour cette campagne vise à mettre en doute le choix du peuple, dénonçant le comportement de certains symboles religieux qui se sont transformés en donneurs de leçons.
L’AFN a précisé, dans son communiqué, que cette loi de bannissement politique vise à dénier à certaines personnalités politiques leur droit constitutionnel même si cela se fait au détriment de la réconciliation nationale qui a été soulignée depuis le début de la révolution.
Le document explique cette campagne par les consultations menées par l’AFN en vue de nouer des alliances parmi les députés indépendants.
L’AFN a mis en garde contre cette déformation volontaire notamment en ce qui concerne la religion, affirmant que cela peut mener vers des dissensions aux conséquences incalculables et pouvant provoquer davantage de divisions au moment où le pays a grandement besoin d’unité.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus