Egypte

Une situation « très critique »

31 juillet 2013, par Céline Tabou

En visite pour la seconde fois, en une quinzaine de jours, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a rencontré le président égyptien déchu Mohamed Morsi. Cette dernière a indiqué : « Mohamed Morsi va bien » et il a « accès aux informations ».

En dépit de ses efforts de médiation, Catherine Ashton n’est pas parvenue à mettre en place un plan de sortie. Depuis son départ, mardi 30 juillet, plusieurs milliers de partisans des Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi sont déterminés, selon les agences de presse, à poursuivre « leur bras de fer avec l’armée ». Ces derniers ont défilé à plusieurs endroits du Caire pour réclamer le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays.

Une situation bloquée

La chef de la diplomatie européenne a tenu une conférence de presse après sa rencontre avec le président déchu. Cette dernière a indiqué avoir rencontré durant deux heures l’ex-chef d’Etat islamiste, qui recevait officiellement sa première visite depuis sa destitution le 3 juillet par les militaires. « Nous avons eu une discussion amicale, ouverte et directe », a-t-elle indiqué, sans pour autant divulguer le contenu de ces discussions. « Nous avons discuté en profondeur », a expliqué Catherine Ashton. La France juge la situation en Egypte « très critique », et a appelé de concert avec d’autres pays de l’UE et Washington, à la libération de Mohammed Morsi, considéré comme un « détenu politique ».

Le vice-président temporaire du pays, Mohamed ElBaradei, a réitéré ses propos, indiquant que Mohamed Morsi avait « échoué », rejetant la possibilité d’une participation de ce dernier au processus de transition. Mais, « les Frères musulmans font toujours partie du processus politique, et nous voulons qu’ils y prennent part », a-t-il indiqué. La confrérie refuse de son côté à échanger avec le nouveau pouvoir, qu’elle juge illégitime, bien que Catherine Ashton ait proposé une transition « incluant toutes les forces politiques ».

Les Frères musulmans campent sur leurs positions

Pour la chef de la diplomatie européenne, sa mission était d’aider, « pas pour imposer ». Une position critiquée par certains observateurs, d’autant plus que l’Union Européenne a indiqué vouloir « continuer à jouer un rôle de facilitateur », à travers le levier financier, pour un retour à la démocratie dans le pays. Après sa discussion avec Mohamed Morsi, la chef de la diplomatie européenne a assuré vouloir trouver « un terrain d’entente » avec l’armée et les principaux acteurs de la transition politique

Mais les représentants des formations islamistes ont décidé de rester sur leurs positions, affirmant avoir prévenu la responsable européenne, Catherine Ashton, qu’ils poursuivraient leur mobilisation jusqu’au retour de Mohamed Morsi. Pour Amr Darrag, un dirigeant du parti issu des Frères musulmans, la libération de l’ancien président et d’autres responsables des Frères musulmans doit être « un acquis » et non une négociation avec les nouvelles autorités.

Ce statu quo et les tensions entre l’armée et les pro-Morsi laissent craindre de nouvelles violences, notamment après la mort samedi 27 juillet de 81 civils et d’un policier dans des affrontements entre islamistes et forces de l’ordre, au Caire. L’Unicef se dit « profondément inquiet » par les violences qui ont touché des enfants, appelant chacun à « ne pas exploiter les enfants à des fins politiques et à les protéger ».

Céline Tabou

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