Réunion du groupe de contact

Vers un partage des richesses de la Libye ?

1er septembre 2011

C’est aujourd’hui que se tient à Paris une réunion du « Groupe de contact » sur la Libye co-présidée par Nicolas Sarkozy et David Cameron. Outre les deux principaux instigateurs de la guerre, cette rencontre accueillera les représentants des rebelles et d’autres pays alliés à l’OTAN. Elle a lieu au lendemain de l’échec du déblocage d’une partie des avoirs du gouvernement libyen au profit des rebelles. Peu à peu, les véritables buts de guerre des dirigeants occidentaux s’étalent sur la place publique.

Selon "Le Monde"

« L’Italie craint de perdre, au profit de la France, sa place de premier fournisseur de la Libye »

D’après notre confrère, l’Italie était le premier fournisseur de la Libye avant le déclenchement de la guerre, avec 12 milliards d’euros par an. Ce pays craint de voir ce leadership lui échapper au profit des entreprises françaises et britanniques venues "dans les bagages" des militaires de l’OTAN.

Le titre de la tribune ne laisse aucun doute sur les intentions de son auteur, Enzo Bettiza, journaliste, écrivain et ancien député européen socialiste. Publiée dimanche 28 août à la « une » du quotidien “La Stampa” (propriété de Fiat), « le bluff de Sarkozy » reprend nombre d’arguments de ceux qui, en Italie, redoutent que l’après-Kadhafi se transforme en blitz économique en faveur des entreprises françaises et au détriment des entreprises italiennes implantées en Lybie depuis la fin de l’ère coloniale (1911-1942). « Ce mensonge humanitaire commence à montrer son versant colonialiste, écrit Betizza. Les fins matérielles apparaissent sous le maquillage post-gaulliste ».
Malgré les dénégations du ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, pour qui « il n’existe pas de course pour savoir qui arrivera le premier en Libye », la presse italienne multiplie les articles, ironiques ou alarmistes, pour stigmatiser « la soif de grandeur », « les intérêts économiques » et « l’arrière-plan électoraliste » qui auraient poussé M. Sarkozy à intervenir contre le guide de la révolution, entraînant à sa suite la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Entrée dans la coalition en traînant des pieds, l’Italie, qui a mis à disposition ses bases aériennes pour y faire décoller les chasseurs, redoute d’être écartée des marchés de la reconstruction. L’ambassadeur d’Italie en France se serait plaint au Quai d’Orsay de « l’absence de collégialité et de concertation », illustrée par la décision unilatérale d’organiser, à Paris, la future conférence des amis de la Libye.
À l’heure des communiqués victorieux, toutes les valses-hésitations italiennes vont-elles peser ? Rome veut croire que le traité d’amitié pour enterrer le différend colonial, signé en août 2008 entre le président du conseil, M. Berlusconi, et le colonel Kadhafi, est toujours valable alors qu’il a été « suspendu » par le Guide libyen.
Ce traité prévoyait le versement par l’Italie de 5 milliards de dollars (3,44 milliards d’euros) sur vingt-cinq ans en dédommagement de la colonisation, sous forme d’investissements dans de grandes infrastructures. Près de 180 firmes italiennes ont décroché de juteux contrats en Libye : de Finmeccanica (ferroviaire, trafic routier) à Impregilo (BTP). En 2010, l’Italie était le premier fournisseur de la Libye pour un volume d’échange avoisinant 12 milliards d’euros par an.
Alors que les responsables du Conseil National de Transition (CNT) ne cachent pas leur intention de favoriser leurs « libérateurs » dans la course aux nouveaux contrats, Rome multiplie les gestes de bonne volonté. (…)
De son côté, le président de la société pétrolière ENI, Paolo Scaroni, se déclare prêt à fournir au « nouveau gouvernement de grandes quantités de gaz et d’essence destinées à la population sans paiement immédiat des Libyens ». L’ENI devrait également assurer un soutien technique au CNT, notamment pour relancer les installations pétrolières de l’Est du pays. L’Italie importe 23% de ses besoins en pétrole et 10% en gaz de la Libye.
Depuis mardi 22 février, le gazoduc Greenstream, de Mellitah à Gela, en Sicile, est fermé. Devant le spectre d’une pénurie, la première priorité du gouvernement italien, qui craint l’arrivée de Total et de British Petroleum dans les bagages des « vainqueurs » est de la faire rouvrir.

Nicolas SarkozyLibye

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