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par le Dr Raymond Vergès

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Washington et Londres ont menti aux Nations Unies

Irak

Un faux grossier révélé par l’Agence internationale de l’énergie atomique

jeudi 27 mars 2003


Une dépêche de l’agence Reuters reproduite ci-après nous apprend l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), en charge d’inspections en désarmement en Irak, a découvert facilement que les gouvernements britanniques et américains ont fourni des ’preuves’ montées de toutes pièces pour faire croire à la communauté internationale que les dirigeants irakiens cherchaient à fabriquer une bombe atomique. Jusqu’à présent, les seules armes de destruction massive dont la présence est prouvée sur le sol irakien sont celles utilisées par les armées d’invasion.


Quelques heures et une connexion à internet ont suffi aux inspecteurs en désarmement de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour réaliser que les documents anglo-américains censés prouver la reprise du programme nucléaire irakien étaient fabriqués de toutes pièces, apprend-on lundi de source anonyme mais haut placée à l’AIEA.
Ainsi les documents qui tenaient ainsi pour acquis que l’Irak avait tenté d’acheter 500 tonnes d’uranium au Niger étaient si grossièrement falsifiés que le haut fonctionnaire français de l’AIEA qui les a consultés en est « resté bouche bée ». « Quand les experts ont commencé à les étudier avec un oeil critique, les choses ont commencé à se détricoter », dit-on de même source, en estimant que les efforts minutieux déployés à cette occasion « aurait été exercés plus utilement ailleurs ».
Les États-Unis ont accusé l’Irak l’an dernier d’avoir ressuscité son programme nucléaire sur la foi d’un rapport de la CIA affirmant que Bagdad serait en mesure de fabriquer une bombe atomique dans un délai d’un an. George W. Bush avait estimé cette hypothèse crédible et l’avait incorporée dans son discours sur l’état de l’Union, en janvier, menaçant de désarmer lui-même le régime de Saddam Hussein si les Nations Unies ne prenaient pas le problème à bras-le-corps, alors que les inspecteurs de l’ONU étaient déjà à l’œuvre sur le terrain.
Toute tentative d’acquisition d’uranium par l’Irak, si elle avait été prouvée, serait revenue à un aveu qu’il possédait des armes atomique car cela aurait été pour lui l’unique intérêt d’acquérir ce métal. À l’époque des accusations américaines, le Niger avait démenti toute fourniture d’uranium à l’Irak.

Fausse signature du président du Niger

Lorsque l’AIEA a enfin eu accès aux "preuves" brandies par les États-Unis - cela a pris des mois - le physicien nucléaire français Jacques Bautes, chef du bureau de vérification du programme nucléaire irakien, s’est rapidement rendu compte qu’elles étaient forgées de toutes pièces.
Deux documents étaient particulièrement suspects, dont une lettre du président nigérien actuel qui se référait à ses pouvoirs aux termes de la Constitution de 1965, alors que celle-ci était caduque depuis quatre ans. En outre la signature du chef de l’État avait été visiblement imitée.
Une autre lettre se référant à l’uranium, datée d’octobre 2000, était censée émaner du ministre des Affaires étrangères Alle Elhadj Habibou, qui n’occupe plus ces fonctions depuis...1989. Elle portait de surcroît l’en-tête du Conseil militaire suprême dissous en 1999.
Après avoir fait confirmer par des experts que ces documents étaient bien faux, l’AIEA a demandé aux États-Unis et à la Grande-Bretagne s’ils disposaient d’autres preuves que l’Irak avait tenté de se procurer de l’uranium. Les deux pays ont répondu par la négative.
Le directeur général de l’AIEA, l’Egyptien Mohamed ElBaradeï, a informé début mars le Conseil de sécurité que ces documents étaient des faux et que 218 inspections dans 141 sites potentiels sur une période de trois mois s’étaient révélés vaines.
Le vice-président américain Dick Cheney a répété la semaine dernière les accusations américaines sur la détermination irakienne à se doter de l’arme nucléaire, en ajoutant que ElBaradei se trompait.

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prévu hier la tenue d’une réunion urgente sur l’Irak, à l’appel des nations arabes et des pays "non-alignés" qui demandent l’arrêt des combats et le retrait immédiat des armées d’agression de l’Irak. L’ambassadeur guinéen à l’ONU Mamady Traore, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, a annoncé mardi qu’il avait reçu des lettres des deux groupes (pays arabes et non-alignés) demandant une réunion publique, qui permette aux 191 pays membres de l’ONU de se prononcer sur la guerre en Irak. La réunion devait commencer hier après-midi et pourrait se poursuivre aujourd’hui, a précisé M. Traore.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si les 22 nations arabes et celles membres du Mouvement des non-alignés, soit 115 pays, présenteraient une résolution demandant l’arrêt des combats et le retrait des armées d’invasion d’Irak. Une telle résolution serait très certainement rejetée par les États-Unis et la Grande-Bretagne qui disposent d’un droit de veto au sein du Conseil de sécurité.

L’ambassadeur irakien à l’ONU, Mohammed Al-Douri, le président actuel du groupe des pays arabes, a évoqué la possibilité d’une telle résolution soumis au vote du Conseil.
« J’espère qu’il y aura une résolution qui condamne cette invasion, demande la fin des attaques et le retrait de tous les étrangers, et appelle au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Irak », a-t-il déclaré. « En même temps, nous savons qu’il y a le veto américain et britannique ».

Quelques marches pour la paix parmi tant d’autres dans le monde
Répression pour les pacifistes australiens

La police anti-émeute australienne à procédé à plusieurs arrestations hier lorsqu’une manifestation d’opposants à la guerre en Irak a dégénéré. D’après la police, quelque 10.000 personnes, en majorité des étudiants, avaient ainsi lancé des bouteilles, des chaises et des tables de café en direction des forces de l’ordre. Aucun détail concernant d’éventuels blessés et le nombre d’arrestations n’a été fourni dans l’immédiat. Un peu plus tôt, des centaines d’opposants à l’intervention militaire en Irak se sont rassemblés à proximité du consulat des États-Unis, brûlant des drapeaux américains et scandant « Pas de guerre ! ».
D’autres manifestations étaient prévues dans la journée dans les grandes villes du pays. La police redoute que certaines d’entre elles pourraient, elles aussi, dégénérer. Le gouvernement australien soutient ouvertement la guerre et a envoyé 2.000 soldats pour renforcer l’armée d’invasion. Depuis des mois, le Premier ministre australien refuse de tenir compte de la pression de son opinion publique.

Les Coréens s’en prennent à des symboles de la présence américaine
Des manifestants coréens s’en sont pris hier à des symboles des États-Unis en s’attaquant à l’ambassade américaine de Séoul et à un restaurant McDonald’s pour protester contre la guerre en Irak. Trente et un manifestants ont été arrêtés après les affrontements entre des policiers et des membres du groupe étudiant Hanchongryon devant l’ambassade. Une douzaine d’autres ont été arrêtés pour l’incident du restaurant de cuisine rapide où une fausse bombe a été déposée.

Selon le site Internet d’information Ohmynews, des manifestants ont débouché devant la mission américaine, très protégée, par un passage souterrain. Dix d’entre eux se sont enchaînés à l’enceinte du bâtiment et deux autres ont réussi à franchir un mur avec une banderole disant « stoppez la guerre, non à Bush ». Ils ont immédiatement été maîtrisés par des gardes. Par ailleurs, un manifestant portant un masque du président George W. Bush et un fusil M-16 en plastique a déposé une fausse bombe en bois entre les arches dorées du restaurant. « McDonald’s est un symbole des États-Unis et notre protestation dirigée contre la guerre illégale des États-Unis en Irak », a dit Kim Chu-Nee, membre du groupe écologiste Friends of the Earth.

Plus de 10.000 travailleurs tunisiens marchent pour la paix

La population tunisienne continue de manifester sa colère à l’endroit de l’agression américano-britannique contre l’Irak. Après les manifestations de samedi et lundi derniers organisés à l’initiative des partis politiques et des organisations non gouvernementales, un grand rassemblement syndical a eu lieu mardi à Tunis avec la participation de plus de 10.000 travailleurs. Brandissant des drapeaux irakiens et palestiniens et des portraits de Saddam Hussein et du défunt président égyptien Gamal Abdel Nasser, les manifestants scandaient tout au long du parcours des slogans hostiles au président américain George W. Bush, le qualifiant d’« assassin » et de « lâche » et appelant à la fermeture de l’ambassade américaine à Tunis. « L’agression américano-britannique est un crime contre l’humanité », « la guerre contre l’Irak vise le pétrole arabe », pouvait-on lire sur des banderoles. Outre la capitale, des manifestations hostiles à la guerre contre l’Irak se déroulent ces jours-ci dans la plupart des villes tunisiennes.

Pendant ce temps, les députés tunisiens ont exprimé, dans une déclaration publiée à l’issue d’une séance plénière, leur « grande préoccupation » et leur « inquiétude » devant « les développements dangereux des événements résultant de la guerre contre l’Irak ». Ils ont mis en garde contre « les retombées dangereuses » des hostilités sur la région et sur la sécurité et la paix dans le monde. Les parlementaires tunisiens ont également réaffirmé leur solidarité avec le peuple irakien, soulignant « la nécessité de respecter son droit légitime à vivre dans la sécurité et la stabilité, dans le cadre de la sauvegarde de sa souveraineté, de l’unité et de l’intégrité de son territoire ». Ils réitèrent « leur ferme réprobation du recours à la solution militaire et leur consternation pour les pertes en vies humaines et les destructions occasionnées par la guerre ». Ils appellent « toutes les parties et les forces éprises de paix dans le monde à oeuvrer pour un arrêt immédiat de la guerre. Les députés tunisien lancent également un appel pour une solution de la crise irakienne sur la base des principes de la légalité internationale ».


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