Dans une communion quasi unanime (1), le monde rend hommage à Yasser Arafat.
Il le peut, surtout le monde européen car le Moyen-Orient n’en finit pas de payer l’addition des rivalités impérialistes des Occidentaux ...
Et ça remonte à loin, très loin. Cette région du monde a été le terrain de jeu des grandes puissances européennes (2).
Après l’empire de la Rome hellénistique, cette région devra, deux siècles durant, subir les assauts répétés des Croisés.
Le 29 mai 1453, les Turcs s’emparent de Constantinople et étendent rapidement leur empire sur toutes les rives de la Méditerranée musulmane (3).
Cette domination sur le Moyen-Orient va durer jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. Ironie de l’Histoire, Yasser Arafat a cessé de vivre le jour de la commémoration de cet événement.
Pendant que les Poilus se faisaient massacrer à Verdun, Douaumont, Fort de Vaux, etc., la France et le Royaume Uni se partageaient les possessions arabes de l’Empire ottoman. Ce furent les accords Sykes-Picot (16 mai 1916) qui organisaient le dépeçage d’une région allant des rives de la méditerranée à la mer Rouge, de celles de l’océan Indien à celles de la mer Caspienne. Le Tsar et l’Italie donnent leur bénédiction à ce charcutage dont découleront (à peu de choses près) les frontières actuelles des pays de la région (4).
Toujours pendant la Première guerre mondiale, Lord Balfour adresse, le 2 novembre 1917, une lettre à l’un de ses pairs, le baron Rothschild pour lui indiquer que son gouvernement est prête à créer en Palestine un "foyer national juif".
La suite, tout le monde la connaît : la vague d’antisémitisme née en France durant l’Affaire Dreyfus va connaître maints avatars à travers l’Europe pour se conclure tragiquement par la Shoah mise en œuvre par Hitler et les nazis. C’est en partie au nom de la nécessaire réparation de tous ces crimes que l’Europe va contribuer à chasser les Palestiniens de leur terre.
Dispersés pour l’essentiel dans tous les pays musulmans, les Palestiniens vont vivre l’exil et/ou les camps de la bande de Gaza.
Le mérite de Yasser Arafat aura été de livrer un inlassable combat sur tous les fronts : contre l’hégémonisme israélien d’abord, contre les tentatives de mainmise des pays arabes sur son mouvement de libération ensuite. Avec pugnacité il refusera toute capitulation, tout acte d’allégeance, toute tentative théocratique. Patiemment il va s’attacher à rassembler les lambeaux de son peuple dispersé. Il lui restituera son identité, sa culture et une place désormais incontestée sur le plan international.
C’est à l’aube de la constitution officielle d’un état palestinien que sa vie s’achève au lendemain de la Nuit du Destin et à la veille de la fin du mois de Ramadan.
Cet homme aura connu un destin extraordinaire : en une vie il aura presque réussi à remettre le monde Palestinien à l’endroit et à lui restituer un état dont il est privé depuis des siècles.
Il mérite donc bien cette appellation de “géant de l’Histoire”.

Mark Alem

(1) - Passons sur l’indécence du ministre israélien de la Justice qui s’est félicité et réjoui de la mort du Prix Nobel de la Paix.
(2) - La Turquie frappe à la porte de l’Union Européenne et, tôt ou tard, elle en fera partie.
(3) - Maroc excepté.
(4) - Le Koweït appartenait au califat de Bagdad. Il a été placé sous mandat britannique à la suite des accords Sykes-Picot et n’a été rendu indépendant que par une proclamation de l’Angleterre, en 1961. Diviser pour régner ... sur le pétrole.

Le Parti Communiste Réunionnais :

Hommage au Président Yasser Arafat

Sous la signature de son secrétaire général Élie Hoarau, le Parti Communiste Réunionnais a diffusé le communiqué suivant :
"Le Parti Communiste Réunionnais salue avec émotion la mémoire du Président Yasser Arafat.
Les combats militaire, politique et culturel qu’il a menés près d’un demi siècle durant, ont fait de Yasser Arafat l’incarnation d’un peuple - les Palestiniens - luttant pour son identité afin de reconstituer son unité et voir enfin respecté son droit à vivre dans un état aux frontières sûres et reconnues.
Par sa lutte politique courageuse et opiniâtre, par son refus de toute allégeance, Yasser Arafat a réussi à personnifier -en plus de l’âme d’un peuple- l’existence d’un État encore à naître mais ayant déjà démontré sa volonté d’être une démocratie élective.
Au moment où ce chef d’une exceptionnelle stature disparaît, le Parti Communiste Réunionnais assure le peuple Palestinien de la permanence sans faille du soutien et de la solidarité qu’il lui a toujours témoigné tant auprès des instances internationales qu’à La Réunion même.
Le Parti Communiste Réunionnais présente au peuple palestinien et à ses dirigeants ses très sincères condoléances".

Huguette Bello, députée de La Réunion

Yasser Arafat : Un grand résistant qui part invaincu

"Yasser Arafat n’est plus : la mort l’a emporté mais il sera parti sans avoir été vaincu. La maladie l’a terrassé mais pas les ennemis de son peuple. Il aura conduit jusqu’à la fin la lutte inlassablement menée pour la libération de la Palestine. Et ce combat sans concession pour l’indépendance du pays et la création d’un État national, il l’aura inspiré et organisé sans faillir ni composer avec les oppresseurs sur le principe de la liberté.
Yasser Arafat a fait preuve jusqu’au terme de sa vie d’un courage inflexible et communicatif dans cet engagement assumé à la tête de son peuple dans des conditions particulières, où lui a été imposée une guerre permanente d’extermination débouchant constamment sur de multiples sévices, massacres et carnages contre la population palestinienne comme ce fut notamment avec Sabra et Chatila, Djenine et les mille maisons démolies dans la bande de Gaza.
Yasser Arafat a su résister à tous les assauts lancés contre les siens par un État d’Israël bénéficiant de l’alliance déclarée et de l’appui militaire, diplomatique et financier de la surpuissance américaine.
Quoique ayant eu à combattre dans des circonstances complexes tenant aux évolutions de l’histoire, de la géopolitique, de l’équilibre du monde, Yasser Arafat s’inscrit dans la lignée des Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. Il a connu, en tant que représentant imminent de son peuple, la discrimination, l’exil, la relégation et l’enfermement dans son Robben Island de la Mouqaata.
Je rends hommage à Yasser Arafat et je salue en lui le symbole de la résistance de tout un peuple qui lui devra, le jour venu, puisque ce jour viendra inéluctablement, d’avoir contribué à sa libération de toute sa force de conviction et toute son énergie".

L’Union des Femmes Réunionnaises

"La mort de Yasser Arafat nous bouleverse"

Sous la signature de sa présidente Huguette Bello, l’Union des Femmes Réunionnaises rend hommage au président palestinien.
"Comme l’a écrit Nelson Mandela, "le président Arafat restera à jamais un symbole d’héroïsme pour tous les peuples du monde qui luttent pour la justice et la liberté".
Dans toutes les circonstances, il a incarné l’esprit de résistance : dans tous les succès comme dans toutes les difficultés, dans la bataille, dans la souffrance et, peut-être plus que tout, dans le long enfermement de Ramallah qui a usé ses forces.
Il était là l’image de la liberté dans le monde : enfermé comme elle, menacé comme elle, irréfutable et irréductible comme elle. La conscience des peuples et le jury du prix Nobel se sont accordés à trouver en Yasser Arafat un des repères dont le monde a besoin.
L’Union des Femmes Réunionnaises présente à sa veuve, à sa famille, à ses compagnons de lutte, au peuple palestinien tout entier ses condoléances attristées et l’expression de sa fraternité dans l’espérance".

L’espoir de justice et de liberté

Je m’incline avec tristesse devant la mémoire de Yasser Arafat. Pour les musulmans, son décès, en ce mois de ramadan, est un signe de bénédiction divine. Que Dieu l’accueille dans sa Miséricorde. Je salue le geste d’amitié et d’humanité de Jacques Chirac, président de la République, qui en l’accueillant sur le sol de la France lui a permis de s’éteindre dans la dignité.
Prix Nobel de la Paix en 1994, Arafat incarnait l’espoir de justice et de liberté pour le peuple palestinien et l’espérance de paix au Moyen-Orient. Cet Orient si cher au cœur des croyants, chrétiens, juifs et musulmans ! Je souhaite que la France et les pays européens prennent des initiatives pour relancer les négociations qui permettront enfin aux peuples de Palestine et d’Israël de retrouver le chemin de la réconciliation et la paix. Inch’Allah.

Idriss Issop-Banian